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 - 16 avril 2024 - Saint Benoît-Joseph Labre
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Homélie

Férie de Carême

« Celui d’entre vous qui est sans péché, qu’il soit le premier à lui jeter la pierre » : Jésus rappelle implicitement aux accusateurs de la femme adultère, que s’ils se servent de la Loi pour condamner leur prochain, ils sont tenus à se mettre d’abord eux-mêmes dans le champ d’application de cette même Loi. Or le péché est une réalité universelle qui nous affecte tous - à l’exception de Marie en raison de sa mission particulière, et en vertu d’un privilège qui découle de la Croix victorieuse de son Fils. Si tous nous sommes coupables devant Dieu, qui d’entre nous pourrait prétendre « jeter la pierre » à son frère ? Comme les « scribes et pharisiens » sont assez lucides et vrais pour ne pas prétendre être sans péché, « ils se retirent l’un après l’autre, en commençant par les plus âgés ». Mais si tout le monde s’en va, qu’en est-il alors de la justice légale ?
Certes, la Loi doit être observée puisqu’elle émane de Dieu lui-même ; et toute transgression doit être dénoncée et punie. Pour ce faire, la responsabilité du coupable doit être évaluée, afin de le juger et de le condamner selon la justice. Mais dans l’application de la peine, l’espace du pardon doit être laissé ouvert : telle est la leçon de notre récit. C’est bien pourquoi l’Eglise récuse le recours à la peine capitale, qui se limite à une stricte application de la sanction, excluant a priori tout espoir d’un amendement ou d’une sincère conversion de la part du coupable, qui auraient pu ouvrir la voie à la miséricorde. L’absolutisation de la justice conduit inévitablement à faire de la Loi une idole sanguinaire qui oblige ses adorateurs à tuer au nom de Dieu. Par son intervention, Jésus brise précisément ce cercle de violence constitué au nom de la Loi, et redonne à celle-ci sa vraie mission : avertir les égarés de la mort spirituelle qui les menace afin de les ramener sur le droit chemin : « va et désormais ne pèche plus ».
« C’est la miséricorde que je désire et non les sacrifices. Car je suis venu appeler non pas les justes, mais les pécheurs (Mt 9,13) ». La justice surabondante du Royaume s’accomplit dans le pardon qui libère le pécheur de son passé, le restaure dans sa dignité et lui permet de reprendre sa place au sein de la communauté. En l’appelant « femme » - un nom réservé à la Vierge Marie dans le 4ème évangile - Jésus rend cette personne à elle-même. Lui signifiant ainsi qu’elle a du prix à ses yeux, Jésus prolonge l’œuvre rédemptrice qu’il a commencée en la sauvant de la violence physique, et la libère également de l’étau de ses culpabilités intérieures qui l’empêchaient de se relever. Enfin le Seigneur parachève son œuvre en lui signifiant que son péché est pardonné, c’est-à-dire qu’elle est libérée également au niveau spirituel.
C’est en nous arrachant à nos œuvres de mort, que la miséricorde divine nous rend à la vie ; la vie physique en nous sauvant de la sentence méritée ; la vie psychique en nous arrachant à nos culpabilités morbides ; la vie spirituelle en nous réconciliant avec Dieu. Car le Fils de Dieu a tout assumé de notre humanité afin de la sauver dans son intégralité. Telle est la vérité de l’œuvre rédemptrice, vérité qui conditionne l’exercice de la justice. Le thème abordé par Benoît XVI dans le document pour la Journée de la paix du 1er janvier 2006 - « La paix dans la vérité » - exprime précisément la conviction nous ne pourrons bâtir une paix durable qu’en nous laissant illuminer par « la splendeur de la vérité » telle que nous la révèle le Christ. « En tant que résultat d’un ordre fixé et voulu par l’amour de Dieu, la paix possède sa vérité intrinsèque et invincible », qui culmine précisément dans la victoire de Pâque sur tout mal et sur la mort qui en découle. « En effet, Jésus s’est défini comme la Vérité en personne ; c’est lui qui révèle la pleine vérité de l’homme et de l’histoire. C’est par la force de sa grâce qu’il est possible d’être dans la vérité et de vivre de la vérité, parce que lui seul est totalement sincère et fidèle. Jésus est la vérité qui nous donne la paix » en nous donnant son pardon sans mesure.

« Seigneur puissions-nous garder toujours devant nos yeux ta Croix glorieuse, qui nous sauve à chaque instant du péché et de la mort. Et puissions-nous nous souvenir sans cesse de ta miséricorde inépuisable à notre égard, afin de pouvoir la partager à notre tour comme tu nous y invites à temps et à contretemps. Nous pourrons alors être au milieu de nos frères, les témoins de ta justice, les artisans de ta paix et les semeurs de l’espérance évangélique ; tant il est vrai que seule la miséricorde peut sauver notre monde de la barbarie. »


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