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 - 16 avril 2024 - Saint Benoît-Joseph Labre
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Homélie

Annonciation du Seigneur

Matin, midi et soir, trois fois par jour, l’Angélus sonne – ou sonnait – dans nous campagnes pour célébrer le mystère de l’Incarnation. L’Ave Maria, la salutation de l’Ange, scande ainsi le début, le milieu et la fin de nos journées. Aussi, la péricope que la liturgie nous propose en cette solennité de l’Annonciation, est-elle parmi les plus connues de l’Évangile. Dieu attendait cette rencontre depuis le jour où l’humanité s’est éloignée de lui par le péché, mettant en péril son dessein d’amour. Voilà qu’enfin s’élève des profondeurs de la terre, un « oui » capable d’attirer sa bienveillance ; sans plus attendre, il vient, il accourt : le Verbe se fait chair, Dieu s’unit à sa créature et se compromet pour toujours avec elle. L’amour a trouvé où habiter ; les noces de Dieu avec l’humanité peuvent commencer ; une alliance plus forte que la mort sera bientôt scellée (Ct 8, 6).
L’ange est l’acteur principal de la scène : c’est lui qui par son entrée et sa sortie délimite la péricope. Symbole de la communication avec le monde d’en haut, il est « par essence » porteur d’une révélation de la part de Dieu. L’annonce à Marie est « message » plutôt que vision : alors que l’ange apparaît - se fait voir - à Zacharie, et que celui-ci voit (Lc 1,11-12), rien de tel n’est dit pour Marie : aucune notation visuelle, pas même le mot apparaître. Ce sont des paroles entendues qui la troublent, non la vue de quelque personnage mystérieux. Tout est centré ici sur l’action intérieure de Dieu, qui vient demander à cette jeune fille de Nazareth de l’accueillir chez elle.
L’Ange salue Marie et sa salutation est déjà message : « Réjouis-toi ! ». L’invitation trahit la joie qui règne dans le cœur de Dieu - joie que partage le ciel tout entier, et dans laquelle Marie est invitée à entrer. Comment l’Épouse pourrait-elle être triste lorsque l’Époux exulte ?
« Comblée de grâce » : Marie est à ce point comblée de la grâce divine, qu’elle n’a pas d’autre nom : elle est la comblée de grâce. L’Ange s’adresse à Marie seule, et lui confie une mission qui appartient normalement au père : la nomination du fils. En tenant ainsi l’époux à l’écart, Dieu signifie que la paternité de l’enfant - c’est-à-dire son origine, sa nature, son identité - relèvent exclusivement de lui. C’est pourquoi l’Ange précise : « Il sera grand et appelé Fils du Très Haut. Le Seigneur lui donnera le trône de David son père ; il règnera pour toujours sur la famille de Jacob, et son règne n’aura pas de fin ». Voilà le véritable Salomon, annoncé dans la prophétie de Nathan à David : « C’est lui qui construira une maison pour mon Nom et j’affermirai pour toujours son trône royal. Je serai pour lui un père et il sera pour moi un fils (2 Sam 7, 13-14) ».
L’interrogation de Marie en réponse à la parole de l’Ange n’est pas une objection ni un doute ; en disant « Comment cela se fera-t-il puisque je ne connais point d’homme ? », elle n’émet pas une réserve, mais demande un surcroît d’information sur les modalités de ce miracle. Elle ne saurait remettre en question son état de virginité : elle l’a choisi sur l’invitation de Dieu lui-même, qui ne saurait se contredire ; aussi est-ce tout à fait légitimement que, sans mettre en doute la puissance de Dieu, elle s’enquiert de la mise en œuvre de ce projet. « L’ange lui répondit : “L’Esprit Saint viendra sur toi, et la puissance du Très-Haut te prendra sous son ombre ; c’est pourquoi l’être saint qui naîtra sera appelé Fils de Dieu” ».
En créant l’univers, Dieu préparait un lieu distinct de lui, où il se construirait une demeure pour y habiter. En donnant la Loi aux Hébreux, il se constituait un peuple au sein duquel il pourrait édifier cette maison. L’heure est maintenant venue pour Dieu d’achever son œuvre et d’entrer enfin dans sa demeure. Le même Esprit qui planait sur la création primordiale, qui couvrait de sa nuée le mont Sinaï et reposait sur la Tente de la réunion, cet Esprit peut maintenant prendre sous son ombre la Vierge très Sainte, véritable Arche d’Alliance et Temple du Dieu Très-Haut.
« Marie dit alors : “Je suis la servante du Seigneur ; qu’il m’advienne selon ta parole !” »
Marie se déclare disposée à accueillir la Parole de Dieu pour se mettre inconditionnellement à son service. C’est par le choix de cet état de « servante » que Marie participe à l’œuvre du salut de celui qui sera le Serviteur de Dieu par excellence. Le « me voici » de Marie répond au « me voici » de Dieu lui-même, le véritable serviteur de l’homme : « En entrant dans le monde, le Christ dit : “Tu n’as voulu ni sacrifice ni oblation ; mais tu m’as façonné un corps. Tu n’as agréé ni holocaustes ni sacrifices pour les péchés. Alors j’ai dit : Voici, je viens, car c’est de moi qu’il est question dans le rouleau du livre, pour faire, ô Dieu, ta volonté” (He 10,5-7) ». La force d’âme des saints - de tous les saints sans exception - réside dans cette focalisation de tout leur être sur la réalisation de la volonté divine. L’élan surnaturel qui les anime, les arrache à la dispersion de la multiplicité des désirs, et les unifie dans la recherche de l’unique nécessaire, en qui ils trouvent la joie et la paix que Dieu réserve à ceux qui ont mis en lui seul leur espérance.
« Et l’ange la quitta » : le Messager se retire, car désormais la Parole commence sa course victorieuse, entraînant irrésistiblement à sa suite tous ceux qui reconnaissent à son passage, le parfum du Bel Amour.

« Dieu a donné son Fils, fruit unique de son cœur, qui était son égal et qu’il aimait comme lui-même : il l’a donné à Marie, et, du sein de Marie, il en fait son Fils, non pas quelqu’un d’autre, mais le même en personne, de sorte qu’il est par sa nature le même Fils unique de Dieu et de Marie. Toute la création est l’œuvre de Dieu, et Dieu est né de Marie ! Dieu a tout créé, et Marie a enfanté Dieu ! Dieu qui a tout formé, s’est formé lui-même du sein de Marie, et ainsi il a refait tout ce qu’il avait fait. Lui qui a pu tout faire de rien, n’a pas voulu refaire sans Marie sa création détruite. Dieu est donc le Père de toutes les choses créées, et Marie la mère de toutes les choses recréées. Dieu est le Père de la création universelle, et Marie la mère de la rédemption universelle. Car Dieu a engendré celui par qui tout a été fait, et Marie a enfanté celui par qui tout a été sauvé. Dieu a engendré celui sans qui absolument rien n’existe, et Marie a enfanté celui sans qui absolument rien n’est bon. Oui, le Seigneur est vraiment avec toi : il t’a fait un don tel que la nature entière t’est grandement redevable, à toi, en même temps qu’à lui » (Saint Anselme).


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