Homélie
Férie du Temps Pascal
« En vérité, en vérité, je te le dis, à moins de naître d’eau et d’Esprit, nul ne peut entrer dans le Royaume de Dieu ». Leau et lEsprit sont les deux principes de notre renaissance. Tous les deux sont nécessaires pour nous engendrer à la vie nouvelle. Plongés avec le Christ dans les grandes eaux purificatrices de sa mort, nous sommes appelés à ressusciter avec lui dans le souffle de l’Esprit. Cest précisément ce qui sest accompli pour nous au moment de notre baptême, baptême deau et dEsprit.
Désormais nous sommes « nés du souffle de lEsprit » et « ce qui est né de lEsprit est Esprit » (Cf. Jn 3,6). Nous participons de la vie même de Dieu. Mais cette entrée dans la vie de Dieu nest en aucun le résultat defforts humains que nous aurions pu poser en ce sens. Comme le dit Jésus à Nicodème, elle consiste à naître de Dieu. Autrement dit, elle est pur don de Dieu : « Cest dans ta lumière que nous verrons la lumière » (Ps 35, 10).
Lentrée dans la vie divine consiste purement et simplement à naître de Dieu : « A ceux qui lont reçu, à ceux qui croient en son nom, il a donné le pouvoir de devenir enfants de Dieu. Ceux-là ne sont pas nés du sang, ni dun vouloir de chair, ni dun vouloir dhomme, mais de Dieu » (Cf. Jn 1,12-13).
Dieu seul peut par pure gratuité donner la vie nouvelle qui est participation à sa vie divine. Ce nest pas nous qui nous élevons vers Lui mais cest Lui qui descend jusquà nous pour nous élever à Lui. Le Fils de Dieu, le Verbe de Dieu, sest fait chair, il na pas craint de prendre sur lui notre condition humaine jusque dans ce quelle porte de conséquences liées au péché, il a même consentit jusquà étreindre notre mort, pour y déverser sa vie. Ressuscité, il est monté vers le Père. Par lui, avec lui et en lui, il nous a introduits au sein de la Trinité parce que tout en montant vers le Père il ne sest pas éloigné de nous. Cela, il a pu le réaliser en raison de lunité qui existe entre lui, qui est notre tête, et nous qui depuis le jour de notre baptême sommes devenus membres de son corps. Il nous redonnait ainsi accès à la maison du Père » et nous restaurait dans notre filiation divine.
Naître den haut signifie accueillir ce mystère dans la foi : « A ceux qui lont reçu, à ceux qui croient en son nom, il a donné le pouvoir de devenir enfants de Dieu. » Le salut est bien un don de Dieu mais pour déployer en nous son efficacité il demande à être reçu dans un acte de foi. Croire que cette grâce inouïe, Dieu nous la accordée en son Fils Jésus-Christ, qui nous rétablit dans lAlliance et nous offre de participer à sa filiation divine : « De même que le serpent de bronze fut élevé par Moïse dans le désert, ainsi faut-il que le Fils de lhomme soit élevé, afin que tout homme qui croit obtienne par lui la vie éternelle ».
Mais cette nouvelle naissance, opérée par la foi et le baptême, demeure une exigence et un appel. Nous avons toujours à attendre de Dieu le don de la nouvelle naissance qui ne peut être que luvre de lEsprit de Dieu. « Voici que je fais toutes choses nouvelles », proclame la voix de Dieu siégeant sur son trône de gloire (Cf. Ap 21,5). Nous avons sans cesse à nous laisser façonner et transformer par lEsprit que souffle sur nous Jésus, le Fils de lhomme élevé sur la Croix. Dans le don de lEsprit, Jésus se révèle Parole éternelle damour et de bénédiction que le Père prononce sur chacun dentre nous. Cette Parole a retenti pour la première fois lors de notre baptême : « Voici mon fils, ma fille, bien aimé(e)e, en qui jai mis tout mon amour ». Cette Parole, depuis ce jour, ne cesse de résonner en nous et sur nous. Naître den haut, consiste à croire en cette Parole divine et à la laisser illuminer, purifier, transformer notre vie.
« Merci Seigneur pour le don de la filiation adoptive que tu nous a fait le jour de notre baptême. Fais-nous la grâce de laccueillir chaque jour davantage dans la foi pour renaître par ton Esprit toujours plus à ton image et à ta ressemblance. »