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 - 16 avril 2024 - Saint Benoît-Joseph Labre
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Homélie

4e dimanche de Pâques

La journée des vocations est mise en cette année C sous le signe – sous la houlette – du « Bon Pasteur ». L’image est riche et évoque des résonances bucoliques, mais qui ne sont pas toujours en accord avec les conditions de vie concrètes des bergers à l’époque du Christ. Le troupeau en effet était exposé aux lions, aux loups, voire aux ours ; et si le « mercenaire » avait plutôt tendance à s’enfuir devant les dangers (cf. Jn 10,12), le « Berger » digne de ce nom, était amené à exposer sa vie pour assurer la protection de son troupeau contre les prédateurs en tous genres. De leur côté, les brebis avaient tout intérêt à demeurer proches du Pasteur, attentives au moindre son de sa voix, qui les prévenait des périls éventuels.
L’image du troupeau rassemblé autour du Bon Berger dans la docilité à ses commandements, est une image traditionnelle de l’Église, que l’on trouve déjà représentée dans les catacombes ; elle est de nos jours quelque peu tombée en désuétude - voire même franchement rejetée par la culture individualiste contemporaine. La soumission à un Pasteur ne confirme-t-elle pas l’hétéronomie de la Révélation, qui en nous imposant son joug, nous prive de notre liberté ?
Pourtant Jésus est clair : seules les brebis qui écoutent sa voix et accueillent sa Parole dans un cœur disponible et aimant, entrent dans son intimité – « je les connais » ; seules celles qui le suivent docilement en mettant en œuvre ce qu’elles ont entendu, échappent aux dangers qui les menacent ; elles « ne périront pas » dans « la grande épreuve », mais après avoir « lavé leurs vêtements dans le sang de l’Agneau, elles se tiendront devant le trône de Dieu, le servant jour et nuit dans son temple » (2nd lect.) - ce qui signifie qu’elles vivront de sa propre vie : « l’Agneau qui se tient au milieu du trône sera leur Pasteur pour les conduire vers les eaux de la source de vie » (Ibid.).
A nous de choisir : la pseudo-liberté d’une autonomie qui n’est bien souvent qu’un prétexte pour céder aux désirs du vieil homme, conduisant à la mort spirituelle ; ou bien la véritable liberté acquise au prix des efforts patiemment consentis, avec l’aide de la grâce, sur le chemin de la vérité et de la vie, à la suite du « Bon Pasteur ».
Un tel discernement suppose que nous ayons pris conscience de notre aliénation spirituelle et de notre impuissance à entrer dans la vie par nos propres forces. Cette humble reconnaissance n’est certes pas facile : dès les premiers temps du christianisme, la radicalité du message n’a pas manqué de choquer, comme nous pouvons en avoir un écho dans la 1ère lecture. Aujourd’hui comme hier, la proclamation du Christ comme Seigneur et Sauveur universels suscite des réactions scandalisées et soulève des accusations de fanatisme et d’intolérance.
Pourtant, seul celui qui a vaincu le Mauvais, peut nous libérer du mal ; seul celui qui s’est relevé d’entre les morts, a le pouvoir de nous en arracher pour nous donner part à sa vie filiale. De même qu’il vit par le Père auquel il est parfaitement uni dans l’Esprit, ainsi Notre-Seigneur veut communiquer ce même Esprit de vie à ceux qui s’unissent à lui par une foi vivante et un amour sincère. Comment pourrions-nous « périr » dès lors que nous vivons de la vie de Dieu même ? Or c’est par la foi – vertu infuse – que nous sommes unis au Christ en un seul Corps, et en lui unis au Père dans un même amour.
Croire, c’est reposer dans la main du Père, qui n’est autre que celle de son Fils ; y reposer en sécurité, car « personne ne peut rien arracher de la main de Dieu ». A condition bien sûr qu’au milieu « de la grande épreuve », nous y demeurions fidèlement blottis. Cette « épreuve » - au singulier et qualifiée de « grande » - est la tentation d’apostasie, qui consiste à renier l’unique Berger, à lui tourner le dos ; parce qu’il nous fait honte, parce que nous nous sommes laissés séduire par de pseudo-Maîtres, ou tout simplement parce que nous avons laissé refroidir voire s’éteindre la flamme de l’amour qui nous unissait à lui. La tentation est à ce point redoutable, que chaque jour nous supplions le Père : « Ne nous laisse pas succomber à la tentation » (d’apostasie), « mais délivre-nous du Malin » qui veut nous y entrainer. Saint Pierre nous met lui aussi en garde contre les manœuvres sournoises de l’ennemi qui s’attaque au cœur de notre vie spirituelle, c’est-à-dire à notre foi : « Soyez sobres, soyez vigilants : votre adversaire, le démon, comme un lion qui rugit, va et vient, à la recherche de sa proie. Résistez-lui avec la force de la foi » (1 P 5,8-9). Saint Jean Chrysologue interprète dans le même sens la parole énigmatique de Jésus : « Soyez adroits comme les serpents » (Mt 10,16). Il y entend une invitation à consentir - à l’image du serpent - à tout perdre, sauf notre tête, c’est-à-dire notre foi.
De ce qui précède il apparait que le terme de « vocation chrétienne » - au sens premier et général - doit être compris comme l’appel à adhérer par la foi à la personne du Christ, et à travers lui au Père, dans un abandon confiant de tout notre être au Dieu qui nous libère de l’aliénation du péché par « le Sang de l’Agneau », et qui nous donne part à sa propre vie dans l’Esprit. Notre réponse à cet appel consiste à consentir à l’action de la grâce : « L’œuvre de Dieu c’est que vous croyiez en celui qu’il a envoyé » (Jn 6,29). L’Esprit seul en effet peut nous introduire dans la foi, nous y garder et nous y faire grandir - dans la mesure de notre désir et de notre collaboration avec son action dans nos vies.
C’est ensuite dans le cœur à cœur établi avec le Christ dans la foi, que chacun peut entendre son appel personnel - sa « vocation particulière » - et trouver la force d’y répondre généreusement, dans la certitude que « le Dieu qui nous appelle est fidèle : lui-même accomplira tout ce qu’il nous demande » (cf. 1 Th 5,24).

« Seigneur Jésus nous voulons reconnaitre pleinement ta seigneurie et “te servir jour et nuit dans le temple” de notre cœur (2nd lect.). Oui, “tu nous as faits et nous sommes à toi, nous ton peuple, ton troupeau ; éternel est ton amour, ta fidélité demeure d’âge en âge” (Ps 99). Que “ton salut parvienne jusqu’aux extrémités de la terre” (1ère lect.), alors tous les hommes “viendront à toi avec des chants de joie, et te serviront dans l’allégresse” (cf. Ps 99). »


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