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 - 28 mars 2024 - Saint Gontran
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Homélie

Saint Marc

La conclusion du second Évangile frappe par son style direct, incisif. Sans doute y trouvons-nous la synthèse des enseignements et des directives que le Seigneur ressuscité a donnés à ses apôtres avant d’être « enlevé au ciel » et intronisé « à la droite de Dieu ».
La mission est on ne peut plus universelle : le champ de l’apôtre s’étend « à toute la création » - ce qui implique que non seulement les hommes, mais les animaux, les plantes et même le monde inorganique sont destinataires de la « bonne nouvelle ». Saint Marc est incontestablement l’évangéliste qui souligne avec le plus d’insistance la dimension cosmique de la mission d’évangélisation. Pourtant la sentence suivante tombe comme un couperet : « Celui qui croira et sera baptisé sera sauvé ; celui qui refusera de croire sera condamné ». Une telle affirmation ne trahit-elle pas un refus de prise en compte du pluralisme religieux, et dès lors ne reflète-t-elle pas une intolérance inacceptable ?
Pour répondre à cette objection fort actuelle, il nous faut considérer plus attentivement en quoi consiste cette « bonne nouvelle » dont l’accueil conditionne le salut. Or, selon les termes mêmes du Pape Jean-Paul II dans son exhortation apostolique post-synodale « Réconciliation et pénitence », « le mystère central de l’économie du salut » n’est autre que la réconciliation (n° 7). Dès lors, comment la bonne nouvelle du salut, c’est-à-dire de la réconciliation des hommes avec Dieu et entre eux, pourrait-elle accentuer les divisions entre les hommes en excluant ceux qui refusent d’adhérer au message des envoyés ?
L’Eglise ne peut être au cœur du monde « le sacrement, c’est-à-dire à la fois le signe et le moyen de l’union intime avec Dieu et de l’unité de tout le genre humain » (CONCILE VATICAN II, Constitution dogmatique sur l’Église : Lumen Gentium, I, 1), que dans la mesure où elle est elle-même réconciliée avec Dieu et avec les hommes. D’abord avec ceux qui lui sont unis par la foi, mais aussi avec tous les enfants du Père vers lesquels elle est envoyée au nom du Fils unique, afin de leur partager sa vie dans l’Esprit. Bien plus : c’est le Christ lui-même qui opère en elle et par elle le ministère de réconciliation, lorsque l’Église célèbre ce mystère.
Il est clair dès lors, que la seconde partie du verset que nous commentons - la possibilité de la damnation - ne présente pas une alternative menaçante à la bonne nouvelle du salut, mais veut seulement - selon un procédé littéraire classique - souligner la grâce inouïe qui nous est offerte en Jésus-Christ, moyennant la foi.
Nous retrouvons le même contraste et la même finalité dans le verset de l’envoi en mission du quatrième Évangile : « Tout homme à qui vous remettrez ses péchés, ils lui seront remis ; tout homme à qui vous maintiendrez ses péchés, ils lui seront maintenus » (Jn 20,23). Qui sommes-nous pour « maintenir les péchés » de nos frères ? Il est évident que le second membre de ce verset souligne notre responsabilité et nous exhorte ainsi, par contraste, à mettre en œuvre avec d’autant plus de zèle le précepte de la miséricorde. De même dans le verset de la finale de l’Évangile selon saint Marc, la perspective de la condamnation de ceux qui refuseraient de croire est annoncée pour souligner l’urgence de l’annonce de la bonne nouvelle de la réconciliation, gratuitement offerte à toute la création.
Pour être convaincante, une telle annonce doit procéder de chrétiens qui témoignent d’une vie réconciliée. La paix offerte par le Christ ressuscité (Jn 20,21) est le fruit de la réconciliation universelle qu’il nous a obtenue par son sacrifice rédempteur : en lui l’amour a parlé plus fort que la haine, la vie a vaincu la mort, ciel et terre sont réconciliés ; la création entière peut entrer dans le shalom du 7ème jour, le Yom Kippour éternel, le Jour de la grande réconciliation.
Tout comme la paix, la joie de Pâques, la joie chrétienne, procède du don de la réconciliation. Comme la paix, elle est un autre nom de l’Esprit, que le Seigneur « élevé au ciel et assis à la droite de Dieu » a répandu sur le monde pour qu’il l’embrase de la vive flamme de son amour.

« Seigneur, augmente en nous la foi, pour que nous puissions nous laisser réconcilier pleinement avec toi, avec nos frères et avec la création tout entière. Que nos cœurs pacifiés rayonnent de la joie de l’Esprit. Nous pourrons alors témoigner nous aussi de la bonne nouvelle de la réconciliation, et découvrir, émerveillés et pleins de reconnaissance, que « tu travailles avec nous » et en nous au grand rassemblement des enfants de Dieu dispersés (Jn 11,52). »


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