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 - 16 avril 2024 - Saint Benoît-Joseph Labre
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Homélie

Férie du Temps Pascal

Devant le désarroi de ses apôtres, Notre-Seigneur les invite à se ressaisir. Face à la mort imminente, devant laquelle tout homme est démuni, seule l’espérance d’une intervention divine permet de dépasser l’angoisse qui nous saisit spontanément. Aussi lorsque Jésus établit un parallèle entre « croire en Dieu » et « croire en lui », c’est déjà le sens salvifique du drame qui se prépare qu’il annonce. Le Dieu auquel croit Israël est en effet le Dieu sauveur de son peuple, celui qui lui a manifesté sa bienveillance en le libérant du pouvoir de Pharaon roi d’Égypte. Par le parallélisme qu’il établit, Jésus invite ses proches à lui faire confiance et à le suivre sur le « chemin » qu’il ouvre devant eux, en prenant modèle sur les descendants de Jacob qui traversèrent la Mer Rouge à la suite de Moïse. Seule la foi en l’Envoyé du Père, qui va traverser pour nous les grandes eaux de la mort, permet d’accéder au rivage de la vie éternelle.
De même que chaque tribu s’est vu attribuer par Moïse une part d’héritage en Terre promise, ainsi tous ceux qui auront fait confiance au Christ « pourront trouver leur demeure » dans la Jérusalem céleste où il nous attend. Ce dernier verbe doit être interprété au sens étymologique : ad-tendere : tendre vers ; Notre-Seigneur ne demeure pas passif après sa victoire pascale : son désir ardent de nous voir le rejoindre le presse à « revenir nous prendre avec lui ».
Il ne saurait être question d’une nouvelle incarnation du Verbe : il s’agit plutôt de la venue de l’Esprit Saint, chargé de nous introduire dans la vérité toute entière (cf. Jn 16,13) en nous donnant part à la vie du Fils unique, et en nous aidant à progresser sur le chemin sur lequel il nous précède - chemin de la purification du péché dans les grandes eaux de la mort à nous-mêmes, afin de pouvoir adorer le Père « en esprit et vérité » (cf. Jn 4,23).
Jésus en effet est venu pour « rendre témoignage à la vérité » (Jn 18,37) ; non pas d’une manière conceptuelle : pour nous « il s’est consacré lui-même afin que nous soyons, nous aussi, consacrés par la vérité » (Jn 17,19). Sur l’autel de la croix, il s’est laissé consumer par l’Amour divin qui brûlait en son cœur ; il a offert notre humanité qu’il récapitulait en lui, « en sacrifice saint capable de plaire à Dieu. Et cette adoration véritable » du Fils unique (cf. Rm 12,1) nous a valu de pouvoir recevoir l’Esprit, chargé de nous enseigner le chemin de l’Amour qui donne accès à la Vie.
Voilà pourquoi « personne ne va vers le Père sans passer par le Christ » ; nous retrouvons l’image de la « porte des brebis », à laquelle Jésus s’identifie par deux fois au chapitre X du quatrième évangile (Jn 10,7.9). Le Bon Berger s’efface « dans » la porte à laquelle il s’identifie, soulignant ainsi son total désintéressement : il est exclusivement serviteur de la liberté de ses brebis qu’il veut sauver des voleurs meurtriers, en ouvrant une brèche dans leur bergerie carcérale. Le Vrai Pasteur poussera même la solidarité jusqu’à se faire Agneau, afin que les brebis puissent « passer par lui » - car on ne peut s’identifier qu’au ressemblant.
Traverser une porte représente aussi un passage symbolisant une naissance. C’est bien ce que Jésus suggérait à la brebis d’Israël nommée Nicodème : « En vérité, en vérité, je te le dis, à moins de naître d’en haut, nul ne peut voir le Royaume de Dieu » (Jn 3,3). Croire c’est oser « passer par le Christ », c’est-à-dire par le porche royal de son Cœur transpercé, qui ouvre sur le monde nouveau où règne la vraie liberté et la vie en plénitude.
L’image suggère une dimension initiatique : croire implique de renoncer à la maîtrise de la vie ancienne, afin d’avoir accès à une vie nouvelle par l’union transformante avec le Christ ; de manière à pouvoir dire avec Saint Paul : « Je vis, mais ce n’est plus moi qui vis, mais Christ qui vit en moi » (Ga 2,20).
Jésus nous propose de vivre cette « initiation » dans chaque Eucharistie : « revenant nous prendre avec lui », il se donne à nous en « viatique » afin que par notre communion, nous trouvions en lui la force de poursuivre notre route sur le vrai chemin de la vie.

« Dieu à qui nous devons le salut et la liberté, écoute le cri de notre prière : puisque tu nous as rachetés par le sang de ton Fils, fais que nous puissions vivre de toi et trouver en toi le bonheur éternel, par Jésus, le Christ, notre Seigneur » (Or. d’ouv.).


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