Homélie
7e dimanche de Pâques
« Nous croyons que le Sauveur des hommes est auprès de toi dans la gloire ; fais-nous croire quil est encore avec nous jusquà la fin des temps, comme il nous la promis ». La collecte de lEucharistie de ce dimanche nous donne le sens du temps liturgique dans lequel nous nous trouvons. Dans lattente de la venue glorieuse de notre Seigneur, monté auprès de son Père, lEglise ne demeure pas seule, abandonnée. Chacun de ses membres sait quil peut compter sur la présence du Ressuscité en lui et à ses côtés grâce à laction de son Esprit.
Dans lévangile de ce jour, la prière de Jésus adressée à son Père pour lunité de ses disciples est un appel à lEsprit Saint. Cest lui qui nous établit dans la communion du Père et du Fils puisquil est lui-même cet amour communionnel entre le Père et le Fils : « Je ne prie pas seulement pour ceux qui sont là, dit Jésus à son Père, mais encore pour ceux qui accueilleront leur parole et croiront en moi. Que tous, ils soient un, comme toi, Père, tu es en moi, et moi en toi. Qu’ils soient un en nous, eux aussi... »
Dans notre péricope évangélique, saint Jean nutilise à aucun moment le vocable « Esprit-Saint » mais il nen demeure pas moins que cest bien celui-ci qui est désigné lorsque Jésus parle de « la gloire » que le Père lui a donnée et quà son tour il donne aux hommes afin quils soient un comme lui et le Père sont un. « Ceux que tu mas donnés, je veux que là où je suis, eux aussi soient avec moi, et quils contemplent ma gloire », cest-à-dire quils y participent eux aussi.
Jésus nous a donné part à la gloire qui est sienne en tant que Fils unique, pour que nous entrions avec lui dans cette communion avec le Père dans lEsprit qui constitue le dynamisme même de la vie divine. Chaque croyant, membre de lEglise-épouse, est ainsi appelé à être intégré dans cette relation damour qui unit le Père et le Fils, par le lien particulier qui lunit à Jésus dans lEsprit : « L’Esprit et l’Épouse disent : Viens ! Celui qui entend, qu’il dise aussi : Viens ! Celui qui a soif, qu’il approche. Celui qui le désire, qu’il boive l’eau de la vie, gratuitement » (Cf. 2ème lecture).
Toute unité durable entre les hommes ne pourra se faire que dans le Fils, dans l’union avec lui par la vertu de l’Esprit Saint, amour subsistant du Père et du Fils, qui les rassemble dans l’unité. Le souci premier de lEglise doit donc être de demeurer sous lonction de lEsprit qui lunit au Christ, car « hors de lui nous ne pouvons rien faire » (Jn 15,5).
Notre communion, notre unité, est avant tout un don à recevoir de Dieu, un don qui trouve ses racines au cur même de la Trinité. Mais Dieu nagit pas sans nous. Et cest ici, dans cette prière à la veille de sa passion que Jésus nous révèle la manière la plus éloquente de dépasser et de surmonter les facteurs de divisions en nous et entre nous : le don total de nous-mêmes au nom de lEvangile. Cest ce que fit saint Etienne à la suite du Seigneur (Cf. 1ère lecture). A ce titre, les parallèles mis en relief par saint Luc dans son récit entre le martyre dEtienne et la mort de Jésus sur la Croix sont saisissants.
Ne disons pas trop vite cela nest pas pour nous. Car avant daller jusquau martyre, il y a déjà de nombreuses manières de donner sa vie pour Jésus. Durant ce temps de préparation à la Pentecôte, nous pouvons demander à lEsprit Saint de nous éclairer sur ces mille et une façons de nous engager à la suite du Christ sur le chemin du don de nous-mêmes. Il en va de notre identité de chrétien. Il en va de lauthenticité du témoignage de lEglise. Il en va du salut de tous les hommes : « Comme toi, Père, tu es en moi et moi en toi, queux aussi soient en nous, afin que le monde croie que tu mas envoyé » (Cf. Evangile, v. 21).
« Seigneur, nos divisions intérieures et extérieures nous accablent et nous désolent. Pardon de contredire si souvent ta volonté de rassembler tes enfants de toutes leurs dispersions. Seigneur, envoie sur nous ton Esprit. Quil nous rende participant de ta gloire. Transformés et illuminés nous pourrons porter au monde ce témoignage de paix et dunité dont il a tant besoin. »