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 - 24 avril 2024 - Sainte Marie-Euphrasie Pelletier
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Homélie

Saint Matthias

Cette exhortation de Jésus nous révèle comment l’amour du Père se déverse sur nous par le Cœur de son Fils, en torrents de grâce, de lumière, de paix et de joie.
« Comme le Père m’a aimé, moi aussi je vous ai aimés » : Jésus ne garde rien de l’amour divin qui l’engendre à chaque instant. De même que le Père lui communique en plénitude toute sa substance, le Fils à son tour se livre à chacun de nous dans une kénose d’amour, qui se manifeste pleinement sur la croix.
« Demeurez dans mon amour » : l’amour du Père et du Fils repose sur nous comme un dais, sous lequel nous sommes invités à établir notre demeure ; bien plus : de même qu’un poisson doit demeurer dans l’eau pour vivre, ainsi nous devons rester immergés dans la miséricorde divine si nous ne voulons pas périr spirituellement.
Mais comment demeurer sous l’onction de l’Esprit alors qu’elle n’est pas sensiblement perceptible ? Jésus nous donne à nouveau l’exemple de son propre comportement : c’est en gardant fidèlement les commandements de son Père qu’il demeure dans son amour. Il nous suffit de faire de même. Ces commandements en effet nous sont connus. Jésus les a transmis intégralement à ses disciples - qu’il ne considère plus comme des serviteurs mais comme ses amis : « Tout ce que j’ai appris de mon Père, je vous l’ai fait connaître ». Désormais le chemin de l’amour véritable - celui qui conduit à la vie - est balisé par la Parole de Jésus, notre Maître et notre ami, notre Seigneur et notre frère. A son école nous découvrons ainsi que l’amour « vrai », l’amour d’amitié tel qu’il vient de le définir, est étroitement lié à la vérité.
Le terme « amour d’amitié » était déjà connu des philosophes grecs : nous le trouvons sous la plume d’Aristote. La proximité des termes ne doit cependant pas prêter à confusion : il y a infiniment plus dans l’amour d’amitié tel que l’entend Jésus, que dans ce que le Stagyrite définissait par ce vocable. Pour Aristote, l’amour d’amitié consiste à chercher le bien de l’autre plutôt que le sien propre. Pour Jésus, « il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis » (Jn 15,13). Une désappropriation aussi radicale est largement hors de portée d’une simple générosité naturelle. Seul l’Esprit peut nous entraîner à l’héroïsme de la vertu qui consiste, à l’exemple de Jésus, à nous dessaisir de notre propre vie, et à la livrer non seulement pour nos amis, mais aussi pour nos ennemis, tout en invoquant sur eux le pardon de Dieu : « Père, pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font » (Lc 23,34). Ce que Jésus présente comme amour d’amitié, définit en fait l’agape, l’amour de charité, ce terme désignant la vertu surnaturelle que Dieu seul peut infuser en nos cœurs, nous donnant par le fait même la force d’aimer « en Esprit et vérité » (Jn 4,23).
Chemin faisant, nous découvrons que Notre-Seigneur veut nous entraîner sur le chemin du Bel Amour par une double exigence de vérité, portant sur nos deux facultés spirituelles. L’intelligence est invitée à prendre comme guide la Parole de vérité, tandis que la volonté est invitée à se soumettre à l’Esprit de vérité, qui seul peut lui donner la force de réaliser ce que la Parole exige pour que l’amour soit « vrai ». C’est à ce prix seulement que notre liberté peut être libérée des multiples aliénations qui la dispersent et l’éparpillent dans des désirs éphémères et futiles. La seule liberté, digne des fils de Dieu que nous sommes, la liberté véritable, consiste dans la capacité de discerner le Bien et de l’accomplir - ou du moins de nous rapprocher de lui de manière concrète.
Le discernement se fait à la lumière de la Parole, la mise en œuvre dans la force de l’Esprit. Telle est la vraie liberté, tel est le témoignage des saints, c’est-à-dire des vrais disciples du Christ, de ceux que Jésus « a choisis et établis afin qu’ils donnent du fruit, et que leur fruit demeure ». Ce fruit n’est autre que l’amour de charité, qui sera toujours le témoignage le plus convaincant rendu à la Bonne Nouvelle.

« Seigneur aide-nous à nous souvenir que nous ne cheminons pas seuls sur ce chemin de la vérité et de la vie : tu marches avec nous comme avec les disciples d’Emmaüs ; pour nous aussi tu interprètes les Ecritures et tu romps le pain afin de nous nourrir de ta propre substance. Jour après jour, “tu t’adresses au cœur désirant de l’homme qui se sent pèlerin et assoiffé, au cœur qui aspire ardemment à la source de la vie, au cœur quêtant la vérité” (Benoît XVI, Sacramentum Caritatis, 2). Accorde-nous, Seigneur, de pouvoir reconnaître dans “le sacrement de l’Eucharistie, la vérité de l’amour, qui est l’essence même de Dieu” (Ibid.), afin que, nourris du Pain des forts, nous puissions nous aimer les uns les autres comme tu nous as aimés. »


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