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 - 21 avril 2024 - Saint Anselme de Cantorbéry
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Homélie

Férie

La première lecture de la liturgie de ce jour est tirée du livre du Siracide. Cet ouvrage composé à Jérusalem aux alentour de 180 avant notre ère, est ainsi nommé du nom de son auteur : Jésus fils de Sira - en hébreu : Jésus Ben Sira - qui signe lui-même son œuvre (Si 50, 27 ; 51, 30).
Les sentences de sagesse qu’il propose n’ont rien perdu de leur à propos, et ont même un parfum d’Évangile. Ben Sira nous invite à l’intériorité, à une obéissance non pas servile, mais fondée sur un profond attachement au Dieu de la promesse : « C’est présenter de multiples offrandes que d’observer la Loi ; c’est offrir un sacrifice de communion que de s’attacher aux commandements. C’est apporter une offrande de fleur de farine que de se montrer reconnaissant ». Dieu n’a guère besoin que nous lui offrions des animaux en sacrifice : « Si j’ai faim, irai-je te le dire ? Le monde et sa richesse m’appartiennent », précise le Seigneur dans le psaume de ce jour : « Offre à Dieu le sacrifice d’action de grâce, accomplis tes vœux envers le Très-Haut. Qui offre le sacrifice d’action de grâce, celui-là me rend gloire » (Ps 49). Or ce sacrifice d’action de grâce, c’est l’offrande de lèvres qui confessent son Nom (cf. He 13,15) et l’holocauste d’une vie qui se déroule en sa présence, sous son regard.
Celui qui aime ainsi son Dieu, aimera aussi ceux pour qui le Seigneur est plein de compassion et de sollicitude : la veuve, l’orphelin, l’émigré, le pauvre : « c’est présenter un sacrifice de louange que de faire l’aumône » nous dit encore Ben Sira. Non pas une aumône avare, mais généreuse, à la mesure de la générosité de Dieu envers nous : « rends gloire au Seigneur sans être regardant : ne réduis pas les prémices du travail de tes mains. Consacre de bon cœur à Dieu le dixième de ce que tu gagnes. Donne au Très-Haut selon ce qu’il te donne, sans être regardant, selon tes ressources. Car le Seigneur est celui qui paye de retour ». Inutile « d’essayer d’influencer Dieu par des présents : il ne les acceptera pas ». Ce qui fait la qualité de notre offrande, c’est l’amour qui l’anime, c’est-à-dire la gratuité du don que nous lui faisons. Aussi, « chaque fois que tu fais un don, montre un visage joyeux » enseigne le Sage ; Saint Paul écrira en écho : « Dieu aime celui qui donne avec joie » (2 Co 9, 7).
Spontanément nous demandons probablement comme Pierre : « Qu’y aura-t-il en retour pour ceux qui donnent généreusement ? » - sans nous rendre compte que nous trahissons par le fait même le peu de gratuité de notre démarche ! La réponse de Jésus est à vrai dire assez mystérieuse. Dans l’énumération de la liste des renoncements - « une maison, des frères, des sœurs, une mère, un père, des enfants ou une terre » - les personnes qui nous sont chères sont encadrées par des objets ; ceux-ci désignent probablement le contexte de nos relations avec ces personnes : la terre et la maison familiales. Auquel cas Jésus veut énumérer ce que nous avons de plus cher. Si nous lui offrons tout cela dans la gratuité de l’amour, c’est-à-dire si nous nous efforçons de vivre ces relations dans la vérité de sa Parole et dans la lumière de son Esprit, alors Dieu lui-même nous accueillera dans la grande famille de ses enfants (cf. Ep 2,19). Voilà pourquoi dans l’énumération de ce qui nous sera offert, ne figure plus le père, car nous n’en auront pas d’autre que celui des cieux. Remarquons au passage qu’entre le Siracide et l’Évangile, la générosité de Dieu s’est démultipliée : « le Seigneur te payera de retour sept fois plus que tu n’auras donné » nous promet le premier, alors que Jésus annonce le centuple !
Quant aux persécutions, elles sont sans doute inévitables dès lors que nous cherchons à vivre en union avec Jésus dans la logique du Royaume : « Le serviteur n’est pas plus grand que son maître : si l’on m’a persécuté, on vous persécutera vous aussi » (Jn 15,20). Cependant, que cette perspective ne nous décourage pas : « il n’y a pas de commune mesure entre les souffrances du temps présent et la gloire que Dieu va bientôt révéler en nous » (Rm 8,18), lorsqu’il nous aura donné part, « dans le monde à venir, à la vie éternelle ».

« Seigneur, ne permets pas que nous nous laissions entraîner par l’inertie de notre nature blessée par le péché, qui nous pousse inexorablement à l’égoïsme. Donne-nous de réagir vigoureusement contre la tendance narcissique de notre culture individualiste, et apprends-nous à partager généreusement ce que nous avons et ce que nous sommes avec ceux que tu mets sur notre route. Nous serons alors vraiment tes enfants, et nous connaitrons enfin la joie et la paix de l’Esprit que nul ne pourra nous ravir. »


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