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 - 24 avril 2024 - Sainte Marie-Euphrasie Pelletier
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Homélie

Férie

Parlant à des gens sans grande culture, Jésus se plait à utiliser des comparaisons prises dans la vie quotidienne, et plus particulièrement dans la nature : la vigne que le vigneron émonde, le figuier que l’agriculteur entoure de fumier, l’épis de blé en compétition avec l’ivraie, les oiseaux du ciel que le Père nourrit, l’amandier annonçant le printemps, le vent du Sud prédisant la pluie, etc. Sous des apparences très simples, les comparaisons employées par Notre-Seigneur ont cependant une puissance évocatrice toute particulière : elles nous atteignent bien plus profondément que l’intellect et touchent notre cœur. Aussi sommes-nous invités à laisser ces versets labourer notre terre intérieure jusqu’à ce que la Parole y porte son fruit, c’est-à-dire qu’elle nous délivre une clé de lecture et de discernement pour notre vie quotidienne.
L’enjeu de la péricope est en effet d’actualité : comment nous situer face aux multiples propositions qui nous sont faites, toutes plus prometteuses les unes que les autres, et émanant bien sûr de personnes on ne peut plus recommandables et édifiantes ? Comment discerner la vérité du mensonge ? Jésus nous invite non seulement à la prudence, mais à la « méfiance » envers les faux prophètes. Il nous propose un critère de discernement somme toute très simple : juger l’arbre à ses fruits. La sentence est archi-connue, mais il n’est pas pour autant acquis que nous la mettions en pratique ! Peut-être précisément parce que nous rationalisons les propos de Notre-Seigneur au lieu de nous laisser vraiment instruire par les comparaisons qu’il nous propose.
Il faut en effet du temps - parfois beaucoup de temps - avant qu’un arbre porte son fruit. De même : le raisin ne mûrit pas en quinze jours, ni la figue en un mois. Le travail de discernement implique un réel combat contre la précipitation : il n’est pas facile de renoncer à trouver une réponse immédiate à nos interrogations. N’est-il pas vrai que nous aimerions avoir des solutions claires, précises, rapides à tous nos problèmes ? Sans doute en partie pour échapper à l’angoisse de nos incertitudes ; mais plus profondément : notre impatience ne trahit-elle pas aussi le secret désir d’une omniscience et d’une omnipuissance quasi divines, qui permettraient de faire l’économie du temps d’attente, de maturation, de croissance ?
Le discernement du bien et du mal ne nous appartient pas : il est don de Dieu et telle était bien l’intention du Créateur dès les origines. Aujourd’hui comme hier, l’Antique Serpent nous pousse tout au contraire à la précipitation et à nous ériger nous-mêmes en instance de discernement : « Vous serez comme des dieux, connaissant le bien et le mal » (Gn 3, 3). La suite ne nous est que trop bien connue : « la femme vit que l’arbre était bon à manger » (Gn 3, 6). Sans attendre d’en vérifier les fruits, elle se compromet avec le Serpent, entraînant son époux dans sa chute. « Leurs yeux à tous deux s’ouvrirent et ils surent qu’ils étaient nus » (Gn 3, 7), c’est-à-dire dépouillés de la grâce originelle dans laquelle ils avaient été créés et qu’ils venaient de perdre par leur imprudence.
« Méfiez-vous des faux prophètes qui viennent à vous déguisés en brebis, mais au-dedans ce sont des loups voraces ». Ne nous précipitons pas dans des voies dites nouvelles : prenons le temps d’en vérifier les fruits dans la durée. D’ailleurs, quelle nouveauté pouvons-nous encore attendre après la révélation de la Bonne Nouvelle de notre réconciliation avec Dieu le Père en son Fils Jésus Christ ? Maintenant que l’accès nous est à nouveau ouvert à l’Arbre de vie, ne nous laissons plus séduire par le Prince du mensonge. « Dieu seul est bon » (Mc 10,18) et seul l’Arbre de la Croix qu’il a lui-même planté sur notre terre, porte du bon fruit. Quant à l’arbre du Mauvais, il ne porte que les fruits détestables de l’auto-exaltation et auto-divinisation de l’homme : c’est du bois de cet arbre que sont alimentées les flammes de l’enfer !

« Seigneur donne-nous d’avoir assez d’humilité pour renoncer à toute volonté de maîtrise et d’autonomie, qui se trahissent toujours par la précipitation. Apprends-nous à entrer résolument dans l’attitude du disciple, qui tend l’oreille et se laisse instruire, n’agissant que lorsque son Seigneur a parlé à travers les événements - qui ont besoin de temps pour mûrir. »


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