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 - 24 avril 2024 - Sainte Marie-Euphrasie Pelletier
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Homélie

Férie

L’homme qui s’approche de Jésus est un chef. Il a l’habitude de commander et de gérer les situations difficiles ; il sait garder la tête sur les épaules dans les moments critiques et dire clairement ce qu’il convient de faire. Quand il arrive malheur à sa petite fille, il n’agit pas autrement : il va trouver Jésus, il lui annonce son diagnostic de la situation, « Ma fille est morte », il dit ensuite ce qu’il convient de faire en quelques mots précis auxquels on doit obéir, « viens lui imposer la main », alors la situation s’arrangera comme il l’a prévu, « elle vivra ».

Il parle avec une telle assurance, il a tellement l’habitude d’être suivi, qu’il ne vient à l’esprit de personne, pas même à nous, de mettre en doute ses paroles. Elles ne sont pourtant attestées par personne, saint Matthieu lui-même reste muet sur la question. Le seul à s’exprimer est Jésus, qui dit : « La jeune fille n’est pas morte, elle dort ».

Ceux qui l’entendent se moquent de lui. Il nous est facile de sourire de ces personnes. En effet, nous-mêmes pourrions n’entendre dans ces paroles du Seigneur qu’une annonce de sa victoire sur la mort qu’il sait acquise ; ainsi, cette certitude le conduirait à employer la métaphore du sommeil pour voiler pudiquement la réalité détestable – et temporaire – de la mort d’une enfant.

Mais, quoiqu’il en soit de l’état de cette enfant, pourquoi Jésus se tromperait-il ? N’est-il pas capable, plus que tout autre, de discerner la réalité profonde de ce que nous vivons ? Pourquoi voudrions-nous que son adversaire de ce jour soit la mort, par opposition à la vie, quand Jésus lui-même explique son intervention comme le réveil d’un sommeil ? Tous ses gestes le montrent, il se conduit avec la fillette comme n’importe qui le ferait avec quelqu’un qui dort. Ce qui est important de retenir de cet évangile est donc que Jésus est celui qui nous réveille …

Or nous montrer que Jésus peut réveiller quelqu’un sans même prononcer un mot, est nous montrer également qu’il y a dans l’homme une capacité d’écoute qui ne s’endort jamais, une aptitude au réveil que le Bon-Dieu a placée en nous pour nous permettre de participer activement à l’appel qui rétablit notre dignité.

Cet appel du Seigneur est d’abord une rencontre consentie, une présence acceptée et recherchée. En présence de Jésus, qu’on le laisse nous rejoindre au cœur de nos ténèbres ou qu’on le cherche désespérément, notre être profond s’éveille et s’épanouit. Quand Jésus lui prend la main, la jeune fille se lève et devient femme. Quand Jésus se laisse toucher, l’hémorragique, qu’il appelle « ma fille », retrouve une féminité accomplie. Toutes deux se trouvent debout, libres, épanouies, pour avoir accueilli dans sa densité la simple présence du Seigneur. De l’une on disait qu’elle était morte, parce qu’elle était paralysée par les ténèbres ; de l’autre on disait qu’elle était perdue parce qu’aucun remède n’existait contre son impureté. Autrement dit, ce que nous appelons des incapacités à vivre trahissent que nous nous sommes trop éloignés de Dieu. Pour Jésus rien n’est jamais ni perdu ni mort, il peut tout sauver, pour peu qu’on lui permette de se faire proche.

Frères et sœurs, Jésus va maintenant se faire proche de nous au point de se rendre présent sur l’autel. Que par sa parole que nous venons de partager nos cœurs s’éveillent à cette présence qui renouvelle toute chose, que le sommeil profond où nous plongent nos habitudes, nos préjugés, nos peurs, se dissipe au lever du soleil de nos âmes. Le voici qui s’approche celui qui nous rend notre dignité de fils et de filles de Dieu. Accueillons-le ! Il vient nous réveiller, il vient nous relever, il vient nous ressusciter.


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