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 - 28 mars 2024 - Saint Gontran
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Homélie

Férie

Le peuple d’Israël, après avoir fait l’expérience d’un Dieu qui le sauve va découvrir que ce Dieu est aussi celui qui le nourrit dans le désert et veille sur lui par sa providence. A la traversée de la mer Rouge succèdera bientôt l’épisode de la manne dans le désert.
C’est cet arrière fond théologique qui fait que la tradition évangélique associe la marche de Jésus sur les eaux au récit de la multiplication des pains. Celui qui nourrit son peuple dans « le désert » est le même qui le fait sortir d’Égypte, l’arrachant à l’esclavage de Pharaon. Celui qui donne en nourriture le Pain de vie (Cf. Jean 6) et le même qui triomphe de l’empire des eaux de la mort et de l’esclavage du péché.

Ce sera précisément le péché du peuple hébreu au désert que de séparer ces deux visages de Dieu : oublier que le Dieu qui le nourrit est d’abord et avant tout le Dieu qui le sauve. Tellement obnubilé par « ce qu’il a dans son assiette », recentré sur lui-même, le peuple récrimine contre Dieu, contre sa providence, et oublie le don le plus précieux qu’il a reçu de lui : la liberté et le salut. Il entretient la nostalgie de l’Égypte, de ses poissons, concombres, melons et autres oignons (Cf. 1ère lecture) jusqu’à en oublier qu’il y était retenu esclave. Le don de la manne par lequel Dieu s’était engagé envers lui et qui appelait de sa part une réponse de foi semble mis en échec (Cf. 1ère lecture).

Les signes des dons de Dieu posent toujours la question de la foi à ceux qui les reçoivent car seule la foi leur permettra d’y discerner la présence divine efficace et agissante. Voilà pourquoi à l’épisode de la multiplication des pains succède celui de la marche sur les eaux. Au signe du Pain de vie fait suite celui de l’appel à la foi qui seule permet de remonter du don au Donateur qui sauve.
Pour effectuer ce passage les disciples seront « obligés » de monter sur la barque sans Jésus pour passer sur l’autre rive. C’est dans « la nuit » de la foi qu’ils s’engageront pour ressortir à l’aube, vainqueurs de la tempête des doutes et des peurs après qu’ils aient reconnu en Jésus le Dieu qui les sauve.

Car c’est bien ainsi que Jésus va se manifester à eux, annonçant la victoire de sa résurrection sur les eaux de la mort et du péché, comme le suggèrent maintes allusions du texte de Matthieu. Vers « la fin de la nuit », après que les disciples ont lutté contre la mer déchaînée et le vent de tempête, s’ouvre comme une aube pascale. Jésus « vint », nous dit l’évangéliste, utilisant le même verbe que pour les apparitions du Ressuscité, et marche en vainqueur sur la mer. Après être monté auprès du Père, sur la montagne, le Fils revient victorieux, ressuscité. Comme au matin de Pâques, les apôtres sont « bouleversés » et croient voir un « fantôme ». Dans son récit d’apparition du Ressuscité, après l’épisode des pèlerins d’Emmaüs, saint Luc nous dit que les apôtres furent aussi saisis de frayeur et de crainte en voyant le Ressuscité « car ils pensaient voir un esprit » (Cf. Lc 24,37). Et Jésus de leur répondre par ces mots : « Pourquoi ce trouble, et pourquoi des doutes montent-ils en votre cœur ? Voyez mes mains et mes pieds, c’est bien moi ». « Egô eimi », comme dans notre épisode de la marche sur les eaux où Jésus s’adresse ainsi aux apôtres : « Confiance, c’est moi (egô eimi), n’ayez pas peur ! »

Ce « egô eimi », en rappelant les paroles par lesquelles Dieu s’est révélé à Moïse dans le buisson ardent, offre un fondement à la foi de Pierre, à son audace à aller sur les eaux à la rencontre du Maître. Mais Pierre doute… Non pas sur l’identité humaine de Jésus, mais sur le mystère divin qui s’y trouve.
C’est seulement lorsque Jésus lui saisit la main que Pierre découvre que Jésus est le Dieu qui sauve et que c’est bien ce salut divin qu’il s’agissait de discerner derrière le signe de la multiplication des pains bien plus que le prodige miraculeux d’un quelconque thaumaturge. Voilà la rectification qu’est venu opérer la marche sur la mer en dévoilant ce qui demeurait caché sur la montagne. Ainsi, le Dieu qui nous nourrit par sa Providence, est le Dieu qui sauve.

Cela s’applique tout particulièrement au sacrement de l’Eucharistie, Pain de vie éternelle et sacrement du salut. Voilà pourquoi : « Seigneur Jésus, fait nous la grâce de savoir te reconnaître à chaque Eucharistie derrière les espèces du pain et du vin consacré, derrière le voile de la discrétion qu’impose l’amour. Que ta présence lumineuse vienne y déchirer les nuits de nos doutes et défier les eaux tumultueuses des tentations qui menacent notre vie intérieure. Et si ces dernières se révélaient trop fortes pour nous, que l’Eucharistie que nous célébrons soit pour nous l’occasion de crier vers toi notre besoin d’être sauvé et de saisir la main que tu nous tends. Alors, oui, nous confesserons que ‘Vraiment tu es le Fils de Dieu !’ »


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