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 - 28 mars 2024 - Saint Gontran
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Homélie

28e dimanche du Temps Ordinaire

La première lecture et l’Évangile présentent des similitudes. Dans les deux lectures, des hommes sont guéris de la lèpre et la relation entre celui qui guérit et le malade est assez semblable. Ainsi, le prophète Élisée ne sort pas au devant du général Syrien Naaman qui vient le solliciter, mais il lui parle de loin ; de même Jésus répond de loin aux lépreux qui sont venus le prier ; une fois guéri, Naaman et le dixième lépreux de l’Évangile retournent sur leur pas en rendant grâce à Dieu qui les sauve.

Mais ce que nous retiendrons surtout est la manière dont la première lecture prépare à recevoir l’Évangile. Naaman nous enseigne en effet qu’obtenir la guérison de Dieu exige l’humilité. Naaman était arrivé imaginant de grandes incantations et s’attendant à des prescriptions spectaculaires. Mais Élisée ne lui a demandé qu’un geste simple : se plonger sept fois dans le Jourdain. La guérison que Dieu donne ne touche que les cœurs humbles, c’est-à-dire les cœurs de ceux qui acceptent de faire la vérité dans leur vie. Naaman a dû découvrir qu’il n’était pas seulement le général de l’armée syrienne mais un homme aimé de Dieu. En outre, la guérison que Dieu donne est gratuite. Il n’y a pas de cadeau à présenter pour dédommager le prophète. On n’achète pas la grâce de Dieu. Notre participation, et ce n’est pas rien, consiste à laisser sa grâce porter tout le fruit de vie que le Seigneur désire pour nous.

Ainsi abordons-nous l’Évangile. Il raconte comment dix lépreux vivaient ensemble, communauté de souffrance veillant avec impatience la venue du Sauveur. Or, le voici qui apparaît à l’entrée du village. Les lépreux s’avancent à sa rencontre mais ils s’arrêtent à la distance que leur impureté impose de respecter et crient vers Jésus. Ils ne se prosternent pas devant lui, la face contre terre, comme on a déjà vu d’autres lépreux le faire dans l’évangile, ils ne font pas non plus de longs discours expliquant leurs années de malheur. Ils appellent simplement Jésus « maître », comme le font les disciples. Ils ne sont pas loin de le regarder comme Dieu. Ainsi, c’est davantage par leur prière que par leur présence qu’ils se rapprochent de Jésus.

« Jésus, maître, prends pitié de nous ! », s’exclament-ils. Ils ne lui demandent rien d’autre que sa pitié, ils veulent être regardés par Jésus et pris en pitié. Cette attitude manifeste une foi digne d’éloges. Ils ont une telle confiance en Jésus qu’ils n’exigent rien. Ils ne demandent pas à être guéris ou à être purifiés. Ils désirent seulement être regardés par leur Seigneur. Jésus entend leur cri et se situe lui aussi sur le plan de la foi. Lui qui a embrassé un lépreux, lui qui a touché les oreilles et la langue d’un sourd-muet, lui qui a pris par la main la jeune fille endormie dans la mort et la belle-mère de Pierre emportée par la fièvre, il ne franchit pas la distance que les dix lépreux marquent. Il ne pose aucun geste, ne leur donne aucune prescription, il n’ordonne pas non plus à la lèpre de les quitter. Il invite seulement ces hommes à aller se montrer aux prêtres.

« En cours de route ». Saint Luc n’en raconte pas davantage. L’évangéliste ne dit pas comment ils se sont quittés, si les lépreux sont partis en hâte. Ils ont obéi, simplement. Grande est leur foi. Se présenter aux prêtres est en effet, selon la Loi de Moïse, constater la réalité de la guérison. Guérison qui n’a été ni demandée ni promise. Tout s’est dit dans l’échange d’un regard de confiance et de foi, dans l’espérance de la miséricorde.

Et les hommes n’ont pas été déçus. Ils ont été purifiés en cours de route.

« L’un d’eux, voyant qu’il était guéri, revint sur ses pas en glorifiant Dieu à pleine voix ». Il reconnaît l’intervention de Dieu et lui rend grâce. Il semble désobéir à Jésus puisqu’il ne va pas au temple. Ne jugeons pas trop vite, et disons qu’il ajourne la reconnaissance officielle et réglementaire de sa guérison pour venir glorifier Dieu et enfin se prosterner aux pieds de son sauveur. La barrière qui l’en avait empêché a disparu, enlevée par Dieu lui-même. En outre, l’homme obéit plus radicalement à la demande de Jésus, puisqu’il reconnaît en lui le Grand-Prêtre dont l’offrande purifie l’humanité entière, il voit en Jésus le Temple non fait de mains d’hommes qui manifeste réellement la présence de Dieu parmi les siens. En posant le geste d’adoration qu’aucun des dix compères n’a su poser au début du récit, cet homme est donc le seul qui ait accompli jusqu’à son terme le chemin de foi où Jésus invitait les dix compagnons de misère.

Ce n’est qu’à cet instant où son action de grâce devient adoration, que nous apprenons que cet homme est un samaritain, un étranger. Nous apprenons ainsi que rien ne peut nous empêcher d’être agréable à Dieu, ni notre condition, ni même la maladie. Jésus s’étonne même de ce que les fils de la promesse n’ont pas su rendre gloire à Dieu et reconnaître son irruption dans leur vie. Seul cet étranger manifeste une autre foi que celle des neuf autres, la foi qui permet d’accéder au salut. Pourtant tous ont été guéris. Cela veut dire que la guérison que donne Jésus ne permet pas d’obtenir le salut si elle ne débouche pas vers une authentique action de grâce. Une guérison reçue du Seigneur est vaine si elle n’ouvre pas à une relation nouvelle avec Jésus. Jésus, en effet, ne nous guérit que pour nous permettre d’être pleinement en relation avec lui, car c’est cette relation que la lèpre de notre péché a rompue, c’est cette relation que Jésus est venu restaurer. Jésus a posé un regard de miséricorde sur l’humanité et a décidé de la réconcilier avec son Père des cieux.

En lisant en Église cette page d’Évangile, nous découvrons combien nous sommes concernés par la purification des dix lépreux. Elle ne raconte pas une anecdote du passé, elle explique que la purification du cœur de la lèpre du péché et de la sclérose de la peur, est offerte par Jésus à tout homme qui accepte de se mettre en route dans l’espérance. Le chemin de la guérison est le chemin d’une promesse faite par Dieu de nous attirer à lui et de nous permettre de nous rapprocher de lui dans un acte d’adoration et d’action de grâce. En ce sens, la guérison est toujours en avant de nous sous la forme d’une invitation de Jésus à reconnaître sa présence dans nos vies et à l’accueillir pleinement. Finalement, la guérison est une consécration à Dieu. En revenant vers Jésus, le dixième lépreux est devenu son disciple.

Seigneur Jésus, prends pitié de nous ! Nous nous présentons à toi comme des disciples qui ont faim et soif de mieux te servir, faim et soif de savoir te louer en vérité, en toute humilité. Donne-nous de savoir nous tourner vers toi et de savourer le don que tu nous fais dans l’eucharistie. Elle reproduit et actualise l’œuvre de ton salut. Elle est le sacrement de la guérison dont nous avons besoin. Merci pour ce don de ton amour.


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