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 - 28 mars 2024 - Saint Gontran
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Homélie

Férie

Les termes de « justice » et « juste » apparaissent neuf fois dans les neuf versets de l’extrait de la lettre aux Romains qui nous est proposé aujourd’hui en première lecture. Arrêtons-nous donc un instant sur « la justice de Dieu », notion centrale de l’histoire du salut. Spontanément, nous aurions tendance à dire « qu’en Dieu il y a lieu de considérer la justice en vertu de laquelle il punit les pécheurs, et la miséricorde en vertu de laquelle il les délivre » (saint Thomas d’Aquin, Somme Théologique, IIa-IIae, q. 19, a. 1, ad. 2). Ce n’est évidemment pas en ce sens que saint Paul utilise ce vocable, puisqu’il affirme que « Dieu a manifesté sa justice qui nous sauve ». La justice de Dieu apparait - au contraire du langage courant - comme une justice de salut : Dieu est juste, non en tant qu’il condamne les pécheurs, mais en tant qu’en son Fils Jésus Christ, il les délivre gratuitement de l’esclavage du péché, et triomphe pour eux de la mort qui en est la conséquence.
Nous sommes décidément très loin de notre évaluation humaine de la justice. Pour la morale philosophique, la justice dite commutative règle les rapports du donner et du recevoir entre sujets égaux ; la justice distributive consiste à donner à chacun ce qui lui est dû ; dans ces deux cas, on donne par devoir, pour respecter les règles et les conventions sociales. Mais Jésus déclare solennellement dans le discours sur la Montagne, qu’une telle justice ne donne pas accès au Royaume (Mt 5,20). Par contre il propose à ses disciples l’exemple de la justice qu’il met en œuvre, et qui consiste à se solidariser avec les coupables que nous sommes, au point de prendre sur lui le poids du châtiment que nous avons mérité, afin de nous justifier devant Dieu son Père.
Certes cette surabondance de la miséricorde est propre au Rédempteur et par le fait même inimitable ; mais il n’en est pas moins urgent d’élargir notre conception de la justice. Dans sa récente Lettre encyclique Caritas in veritate, Benoît XVI souligne qu’outre les biens de justice qui naissent d’un devoir, il nous faut prendre en considération les biens de gratuité, qui naissent du seul fait que l’autre m’oblige, par sa seule présence et en raison de sa dignité, à pourvoir à ses besoins essentiels. « Ce sont des biens qui naissent de la reconnaissance que je suis lié à l’autre qui, dans un certain sens, est une partie constitutive de mon être ».
Somme toute, pour le disciple du Christ, la justice n’est autre que la charité.


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