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 - 16 avril 2024 - Saint Benoît-Joseph Labre
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Homélie

Férie

Jésus nous invite à vivre notre vie ici-bas comme un temps d’attente. Non pas une attente passive, puisqu’il nous exhorte à « rester en tenue de service » et de veiller à ce que nos lampes demeurent allumées.
Les lampes renvoient à la parabole des vierges sages et des vierges insensées (Mt 25,1-13). Dans les deux passages il s’agit d’attendre un Maître revenant de noces. En commentant la parabole des dix vierges, nous avions suggéré que l’huile nécessaire pour entretenir la flamme, symbolisait le désir, qui ne doit se nourrir que de la mémoire du Maître. Car l’huile des marchands, c’est-à-dire les désirs du monde, ne donne pas accès à la salle des noces : « Amen je vous le dis : je ne vous connais pas ! » (Mt 25,12)
L’invitation à « rester en tenue de service » renvoie à la parabole des talents (Mt 25,14-30) : là aussi il est question d’un Maître qui doit revenir, mais cette fois ce n’est pas tant l’attitude intérieure, que l’activité concrète qui est soulignée. Le bon serviteur est celui qui poursuit son travail comme si le Maître était toujours présent : il accomplit fidèlement la tâche qu’il lui a confiée, cherchant à faire fructifier son bien. Il est prêt à chaque instant à l’accueillir, puisqu’il demeure dans sa volonté.
Saint Luc a fondu en une seule les deux paraboles que l’on retrouve distinctes chez Saint Mathieu. Il suggère ainsi que Jésus nous invite à associer étroitement les deux attitudes : entretenir le désir de son retour par la méditation des Écritures et la prière qui tournent le regard de notre cœur vers celui qui vient ; et travailler avec ardeur à sa vigne pour qu’elle porte tout le fruit qu’il est en droit d’en attendre.
Les œuvres que nous sommes sensés accomplir ne sont pas forcément extraordinaires ; il s’agit plutôt d’actions qui révèlent leur origine par le dynamisme intérieur qui les habite : la charité confère aux gestes les plus simples un parfum caractéristique, celui de la gratuité. Toutes les œuvres du vieil homme, même celles qui témoignent de notre affection envers nos proches, sont plus ou moins intéressées : soit nous attendons en retour la réciprocité ou la reconnaissance ; soit, plus subtilement, nous nous recherchons dans la joie du don. Seule la charité surnaturelle est totalement gratuite parce que parfaitement désintéressée. C’est aussi pourquoi elle libère celui qui l’exerce, comme ceux qui en sont bénéficiaires.
Analysant nos motivations intérieures, Saint Augustin distingue trois étapes dans la croissance vers l’amour de charité : nous commençons par désirer être aimés : « amare amari » ; puis nous recherchons la jouissance du sentiment d’aimer : « amare amare » ; ce n’est que par le travail patient de la grâce, qu’au terme du chemin nous arrivons à aimer dans la simplicité du pur don de soi désintéressé : « amare » tout court.
Paradoxalement, ce n’est que lorsque nous aurons atteint ce décentrement de nous-mêmes dans le service gratuit de la charité fraternelle, que nous découvrirons la vraie liberté, et surtout : que nous serons disponibles pour accueillir le don de Dieu. Car aussi longtemps que nous voulons nous accaparer les choses et les personnes, nous demeurons imperméables à l’amour. Seul celui qui ose s’avancer sur le chemin du service désintéressé, parvient à vraiment se laisser aimer. Ou plutôt : il nous faut consentir à faire les premiers pas hésitants sur le chemin de la charité, pour voir venir à nous celui qui n’est qu’amour et dont le rayonnement est source de vie. C’est dans la mesure où nous nous laissons conduire par l’Esprit, qui nous apprend à servir dans la gratuité de l’amour, que nous découvrons le vrai visage du Christ : serviteur des serviteurs, qui « prenant la tenue de service, nous fait passer à table et nous sert chacun à notre tour ».

« Seigneur, je m’imagine être capable d’aimer, et je ne me rends pas compte que c’est moi que je recherche et que c’est encore moi que je sers en servant l’autre. Fais tomber les écailles de mes yeux, afin que je reconnaisse mon impuissance et que je crie de toute mes forces vers toi, qui seul peut me sauver. “Là où le péché s’est multiplié, la grâce n’a-t-elle pas surabondé” ? (1ère lect.) Oriente ma vie vers toi, Seigneur, donne-moi de désirer ardemment ton retour, de sanctifier ton Nom en toutes circonstances, et de finaliser mon agir sur la venue de ton Règne. Lors de ta venue, je pourrai alors t’entendre me dire : “Heureux serviteur qui est resté en tenue de service et qui a gardé sa lampe allumée : entre dans la joie de ton Maître”. »


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