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 - 28 mars 2024 - Saint Gontran
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Homélie

Férie

« Seigneur, n’y aura-t-il que peu de gens à être sauvés ? » Du temps de Jésus, la question faisait l’objet d’un débat à l’intérieur même du groupe des pharisiens. Jésus ne répond pas directement à la question qui porte sur le nombre des sauvés ; par contre il précise que « beaucoup » chercheront à entrer dans le Royaume sans y parvenir. Autrement dit : au lieu de perdre votre temps à discuter de manière stérile sur le nombre des élus, hâtez-vous plutôt de vous convertir, sans quoi vous pourriez bien faire partie du nombre de ceux qui restent dehors ! Pour bien se faire comprendre, Notre-Seigneur illustre son propos par une parabole.
Le Royaume de Dieu est comparé à une salle de banquet un peu originale : apparemment il n’y manque pas de place ; seulement la porte d’accès est particulièrement étroite, si bien que la foule se bouscule au portillon. Ce n’est qu’au prix d’un réel effort que les convives accèderont au festin bien mérité.
Les catégories mises en œuvre sont spatiales - dedans/dehors - et temporelles - premiers/derniers, sous-entendu : arrivés sur les lieux. La salle n’est pas indéfiniment accessible : à un moment imprévisible, le Maître de maison se lèvera pour fermer la porte, et il donnera le signal du début des festivités. Il sera dès lors trop tard pour accéder dans l’espace intérieur et participer au banquet.
On pourrait croire que les habitants de la ville sont privilégiés : étant sur place, ils ont moins de trajet à parcourir que les étrangers venant de loin. Or il n’en est rien : ceux qui tambourinent la porte en réclamant qu’elle leur soit ouverte, sont apparemment des proches du Maître, puisqu’ils prétendent avoir partagé son repas et bénéficié de ses enseignements. Par contre à l’intérieur on dénombre des hôtes venant « de l’orient et de l’occident, du nord et du midi » : arrivés en dernier, ils se retrouvent aux premières places, aux côtés des patriarches et des prophètes, qui étaient déjà dans la maison depuis un certain temps. Tout semble indiquer que les proches, en raison même de leur proximité, n’ont pas cru bon de « s’efforcer d’entrer par la porte étroite ». Comptant sur les privilèges liés au statut de concitoyens du Maître, ils ont cru leur préséance assurée et ont laissé passer les étrangers, se réservant d’entrer dignement après la cohue.
La réaction du Maître de maison surprend : par deux fois il déclare ne pas savoir « d’où » sont ceux qui l’interpellent derrière la porte. Ils ont beau argumenter d’une proximité géographique, la réponse semble insuffisante, puisqu’elle ne fait pas changer le Maître d’attitude. La seconde fois, celui-ci précise cependant le motif de leur mise à l’écart : « Éloignez-vous de moi, vous qui faites le mal ». Ceux qui restent dehors viennent donc d’un lieu où le mal est commis ; ce qui laisse supposer que tous ceux qui sont à l’intérieur, viennent d’un lieu où seul le bien a droit de citée. Si nous nous souvenons que « personne n’est bon sinon Dieu seul » (Lc 18,19), il apparaît que les convives sont exclusivement ceux qui ont accueillis le message de grâce de Jésus, et sont devenus par la foi, « participants de la vie divine » (2 P 1,4). « Personne en effet, à moins de naître de l’eau et de l’Esprit, ne peut entrer dans le royaume de Dieu. Ce qui est né de la chair n’est que chair ; ce qui est né de l’Esprit est Esprit » (Jn 3,5-6).
Pendant qu’il était au milieu d’eux, Jésus - car c’est bien de lui qu’il s’agit - n’a cessé d’avertir les chefs religieux d’Israël de l’urgence de la conversion - le passage par la « porte étroite » - mais ils n’ont pas voulu entendre la portée de ses paroles. Nous aussi, jour après jour, le Seigneur nous invite à nous arracher à la dispersion dans l’extériorité pour nous recentrer sur l’essentiel : « Vous êtes ressuscités avec le Christ, insiste Saint Paul. Recherchez donc les réalités d’en haut : c’est là qu’est le Christ, assis à la droite de Dieu. Tendez vers les réalités d’en haut, et non pas vers celles de la terre. Quand paraîtra le Christ, votre vie, alors vous aussi, vous paraîtrez avec lui en pleine gloire » (Col 3,1-4). Pour le redire dans les termes de la parabole de ce jour : quand le Christ Jésus reviendra - ou quand nous paraîtrons devant lui au terme de notre vie - seuls ceux parmi nous qui auront eu à cœur d’entretenir la flamme d’une « foi agissante par la charité » (Ga 5,6), seront admis en sa présence et jouiront de son intimité.
Il n’y aura pas de préséance qui vaille : ni pour les juifs, ni pour les chrétiens ; il ne servira à rien d’argumenter que nous avons écouté assidument la Parole et participé fidèlement à l’Eucharistie : si ces pratiques ne nous ont pas conduits à une conversion de vie qui témoigne que nous sommes nés d’en haut - de la grâce divine - le Seigneur nous dira à nous aussi : « Je ne sais pas d’où vous êtes. Éloignez-vous de moi, vous qui faites le mal ».
Puissions-nous prendre au sérieux ces paroles et discerner les temps où nous sommes. Le Maître de la maison s’est levé d’entre les morts et nous invite à le suivre : osons emprunter le passage étroit de sa Passion - c’est-à-dire de la mort à nous-mêmes et aux séductions de ce monde - pour participer à la gloire de sa Résurrection, et accéder au banquet des noces de l’Agneau.

« Seigneur, “nous le savons, quand les hommes aiment Dieu, lui-même fait tout contribuer à leur bien, puisqu’ils sont appelés selon le dessein de son amour” (1ère lect.). Mais comment être sûr que je t’aime vraiment ? Ce n’est pas ma pauvre affectivité blessée et narcissique qui est digne de toi ! Je t’en supplie, Seigneur : envoie sur moi ton Esprit de charité ; qu’il vienne au secours de ma faiblesse, car je ne sais ni aimer, ni prier comme il faut (cf. 1ère lect.). Prenant alors appui sur ton amour, mon cœur connaîtra la joie de ton salut, et je pourrai te chanter pour le bien que tu m’as fait (cf. Ps 12). »


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