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 - 24 avril 2024 - Sainte Marie-Euphrasie Pelletier
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Homélie

Férie

« Heureux celui qui participera au repas dans le royaume de Dieu ! » : on aurait aimé entendre les propos de Jésus sur le Royaume qui arrachent ce cri d’émerveillement à un de ses auditeurs !
Pourtant la réponse du Seigneur résonne comme une sérieuse mise en garde, car cet interlocuteur juif – tout comme l’auditeur chrétien que je suis - fait partie des premiers invités à ce « grand dîner ». Il ne suffit pas de s’émerveiller devant les conditions du repas messianique ; il faut surtout veiller à ne pas repousser l’invitation lorsqu’elle se présente.
Nous espérons tous jouir un jour du bonheur du ciel, mais… après avoir fait le tour des joies terrestres, et épuisé toutes les possibilités que nous offre notre humanité ! Les occupations présentées comme excuses pour ne pas avoir à répondre à l’invitation, n’ont rien d’extravagant ou de peccamineux : il s’agit d’activités normales de la vie. Pourtant, la parabole dénonce qu’elles peuvent constituer un dangereux obstacle à la participation au Royaume.
Les invités n’ont pas été surpris à l’improviste : ils avaient été avertis, et lorsque selon la coutume le serviteur vient leur signifier le début des festivités, il auraient dû accourir sans tarder. La désinvolture avec laquelle ils repoussent l’invitation qui leur est faite, est une forme subtile de mépris envers celui qui leur fait l’honneur de les convier.
On comprend la colère de cet homme, qui ne décommande pas pour autant son repas : puisque les invités étaient indignes, d’autres profiteront de ce qui leur était destiné. Non seulement « les pauvres, estropiés, aveugles et boiteux » - bref : les déshérités de la vie, les exclus de la convivialité sociale - sont « invités », mais ils sont « amenés » par le serviteur jusqu’à la salle des fêtes. On imagine sans peine que ceux qui n’ont rien à perdre, se font moins prier et répondent avec bien plus d’empressement à cette invitation inespérée !
Profitant de l’effet de surprise de ce dénouement inattendu, Jésus interprète lui-même la parabole en s’identifiant à un des personnages : « Je vous le dis, aucun de ces hommes qui avaient été invités ne profitera de mon dîner ». C’est donc lui le Maître de maison qui convoque en vain les invités de la première heure - entendons Israël. Mais l’endurcissement du peuple de la première Alliance, qui n’a pas voulu reconnaître le temps où Dieu le visitait, son refus obstiné d’entrer dans le Royaume promis, va en ouvrir les portes à tous les exclus, c’est-à-dire à tous les païens qui se convertiront à l’Evangile.
Cette parabole vaut pour les Juifs du temps de Jésus, mais aussi pour nous chrétiens d’aujourd’hui. Qui d’entre nous n’a pas un jour ou l’autre refusé une sollicitation de l’Esprit sous prétexte que nous étions trop occupés, trahissant ainsi que nous nous sommes bel et bien appropriés les activités que le Seigneur nous a confiées ? La première invitation nous est parvenue, et nous y avons répondu le jour de notre baptême ; mais nous tenons-nous prêts à chaque instant pour la convocation définitive ? Sommes-nous disposer à tout quitter pour répondre à l’appel du Seigneur quand il viendra ?
« Attends le Seigneur Israël, nous exhorte le Psalmiste maintenant et à jamais ». Et il nous indique le chemin pour garder notre cœur dans cette attitude de paisible vigilance : « Je n’ai pas le cœur fier ni le regard ambitieux ; je ne poursuis ni grands desseins ni merveilles qui me dépassent. Non, mais je tiens mon âme égale et silencieuse ; mon âme est en moi comme un enfant, comme un petit enfant contre sa mère ». L’humilité ne consiste pas à prétendre que nous ne sommes bons à rien ; mais plutôt à accomplir ce que le Seigneur attend de nous dans la reconnaissance pour la confiance qu’il nous témoigne, et dans la simplicité d’un cœur tout tourné vers lui et prêt à lui répondre au moindre appel. « Vers toi j’ai les yeux levés, vers toi qui es au ciel. Comme les yeux de la servante vers la main de sa maîtresse, nos yeux, levés vers le Seigneur notre Dieu, attendent sa pitié » (Ps 123[122]).

« Seigneur, de quoi nous rassasierons-nous au repas dans ton Royaume, sinon de la l’Esprit de charité que tu nous donneras en surabondance ? Apprends-nous à vivre dès à présent dans la communion fraternelle, plus soucieux du bien commun que du nôtre ; alors nous ne serons ni surpris, ni dérangés par ton appel, qui ne fera que confirmer l’orientation que nous aurons donnée à notre vie, sous la conduite de ta grâce. Plutôt que de “contrister l’Esprit” (cf. Ep 4,30), accorde-nous de “le laisser jaillir” (cf. Rm 12,11) pour ton service et celui de nos frères. »


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