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 - 28 mars 2024 - Saint Gontran
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Homélie

Férie

« Celui qui ne porte pas sa croix pour marcher derrière moi ne peut pas être mon disciple ». Nous connaissons bien cette exigence évangélique ; elle nous dérange toujours. Il nous faut renoncer à tout ce qui est légitime, notre famille comme notre vie. Dès lors, nous nous imaginons confusément qu’il faudrait certainement tout abandonner, ne plus voir les nôtres, rechercher la mort, à l’exemple de sainte Thérèse d’Avila qui, lorsqu’elle était encore enfant, partait avec son petit frère à la recherche des Maures qui feraient d’eux des martyrs... Or, sachant que ce n’est guère réaliste, nous concluons amèrement que porter notre croix ne sera sans doute pas mourir mais en tous cas souffrir gratuitement. En somme, nous commençons plus ou moins consciemment à regretter l’invitation au banquet qui nous a été faite hier. Nous pourrions même, si nous ne nous surveillions pas, regretter que les messagers du maître de maison ne nous aient pas laissés aux carrefours du monde où nous traînions notre pauvreté et nos infirmités.

Pourtant cette sentence de Jésus, très exigeante il est vrai, ne nous est pas livrée telle quelle. Jésus l’illustre par deux courtes paraboles qui nous permettent d’en pénétrer le sens.

Elles commencent toutes les deux par une question de sagesse : « qui ne commence pas par s’asseoir ? ». Telle est la première demande de Jésus à qui veut le suivre : s’asseoir. S’asseoir pour compter ses forces et pour évaluer ses biens, s’asseoir pour mesurer sa capacité à poser des fondations suffisamment robustes.

Jésus poursuit ensuite : « de même, celui qui ne renonce pas à tout ». S’asseoir et compter est donc équivalent à renoncer à tout. Voilà un paradoxe intéressant, il induit que les deux actions ont la même valeur : d’un côté, on ne se lance pas dans des travaux sans compter ses ressources ; de l’autre, on ne se met pas à la suite de Jésus sans renoncer à tout. Ainsi, Jésus ne nous demande-t-il pas, comme un dieu sadique, de tuer en nous l’amour filial ou conjugal, mais de peser si l’amour du Christ est prioritaire sur lui.

C’est alors seulement, après s’être assis et avoir évalué nos forces, c’est-à-dire nos faiblesses, que nous pouvons prétendre porter notre croix. Une fois que nous avons constaté que cela nous est impossible. Car celui qui prétendrait la porter par ses propres forces ne le pourrait pas, il serait écrasé, broyé par le fardeau. Là est notre chance. Là est le moment du choix. Voyant que nous n’avons pas la force, il nous faut envoyer un émissaire à Jésus pour le prévenir du danger imminent et conclure une alliance : « Seigneur, envoie moi ton Esprit, donne moi la force qui t’anime, car pour rien au monde je ne veux être séparé de toi ».

L’amour pour Jésus apparaît alors non seulement comme préférentiel, mais comme exclusif. Il faut accepter de tout perdre pour suivre Jésus jusqu’à partager sa victoire, jusqu’à vivre de sa résurrection. Ressusciter implique de mourir, de tout perdre, mais la résurrection n’est pas une amélioration de la vie, elle est une vie nouvelle dans laquelle on entre par la mort. Mourir à soi pour aimer avec l’amour même de Dieu. Subordonner tout amour dans nos vies pour qu’il devienne amour du Christ. Finalement, porter sa croix est simplement accepter que mes chemins deviennent ceux de Dieu, c’est seulement accueillir l’amour de Dieu en germe de vie éternelle.

Seigneur Jésus, donne-nous ton Esprit de Vie. Qu’il nous enseigne à renoncer à tout, à tout accueillir de toi, sans nous attacher ni à ce que nous avons reçu, ni à ce que nous nous sommes donné, ni même à ce qu’on attend de Dieu. Accueillir la grâce de n’être jamais séparés de toi, tout simplement, à chaque instant.


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