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 - 28 mars 2024 - Saint Gontran
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Homélie

Férie

Jéricho, ultime étape avant le terme du voyage qui mène Jésus à Jérusalem. Une foule nombreuse l’accompagne, lui ouvre le chemin, le presse de toute part. Sans doute sont-ils nombreux à rêver de lendemains heureux. Jésus incarne les espoirs de ceux qui attendent le départ de l’envahisseur romain, de ceux qui voudraient voir restaurée la royauté, de ceux enfin qui veulent que ça change.

Sur le bord de cette route, Jésus va opérer un miracle, le dernier dans l’évangile de Luc. Un aveugle sera le bénéficiaire. Un pauvre. Un exclu. Un de ceux qui sont comptés pour rien et laissés sur le bord des chemins de la société. Il dépend des autres pour tout, absolument tout, même pour sa rencontre avec Jésus. Il ne voit rien venir, il ne sait pas que Jésus est là, il entend seulement la foule qui s’avance et s’agite.

Cette foule, au départ, réagit bien. Elle renseigne cet aveugle qui n’a rien, même pas un nom. Mais ce relais ne sera pas longtemps coopérant. Preuve sans doute que ce n’est pas Jésus que la foule mettait en avant mais elle-même, elle qui l’entoure, elle qui l’accompagne, elle qui rêve de partager bientôt son pouvoir. Aussi il n’est pas question pour elle de laisser du terrain, elle marque sa possession.

L’aveugle, lui, n’a rien à perdre. Il crie avec force. Il a compris que le Messie est là : « Fils de David ! ». C’est le Sauveur qu’il interpelle. Il l’a vu avec les yeux de la foi. Il sait qu’il sera entendu de celui que rien n’arrête, pas même la mort, quand il s’agit d’aller chercher ses frères en détresse. La foule ne sera pas un obstacle longtemps.

En effet, Jésus donne un ordre, elle s’écarte. La rencontre a lieu. « Que veux-tu que je fasse pour toi ? – Seigneur, que je voie ! ». Voilà un récit presque ironique... Le seul qui a vu ce qu’il y avait à voir demande le don de la vue. Mais peut être demande-t-il autre chose, lui qui a reconnu le Messie veut maintenant voir sa gloire se manifester. Aussi suit-il Jésus vers Jérusalem, vers le lieu de sa Passion.

Cette guérison a ceci de singulier qu’elle ne se limite pas à une rencontre, à un miracle favorisant celui qui se soumet à l’audace de la foi. Car lorsque cet homme se met à voir et à rendre gloire à Dieu, « tout le peuple, voyant cela, adressa ses louanges à Dieu ». La foule aussi a vu. Elle aussi a cru. A présent, elle ne gère plus son parcours en compagnie de Jésus, elle glorifie le Seigneur. Saint Luc ne l’appelle plus la foule, mais « le peuple », le peuple de Dieu. Cette transformation n’est peut être pas le moindre effet de ce miracle.

Cet évangile est donc plein d’espérance pour nous tous qui formons la foule de ceux qui suivent le Christ quotidiennement, bien décidés à l’accompagner jusqu’au terme de son voyage. Il est un appel à nous dessaisir de notre rôle de relais entre le Seigneur et les hommes, car nous risquerions de faire obstacle à la grâce. Mais cet évangile est aussi un rappel de l’importance de cette mission d’annoncer le passage du Christ parmi les hommes : « Jésus ordonna qu’on le lui amène ». Jésus veut que nous l’annoncions, Jésus ordonne que nous lui amenions tous nos frères humains, en commençant par les plus pauvres. C’est par cette mission d’évangélisation au quotidien qu’il nous rend à tous notre dignité, qu’il nous constitue en peuple de Dieu, qu’il fait de nous les membres de son Corps, participants de sa gloire.


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