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 - 24 avril 2024 - Sainte Marie-Euphrasie Pelletier
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Homélie

Férie

La symbolique royale est centrale dans la parabole des mines (les pièces d’or) que nous rapporte l’évangile de ce jour. Elle est en fait une réponse de Jésus à ses auditeurs qui pensaient « voir le royaume de Dieu se manifester à l’instant même. »

Pour celui qui la lit de près, cette parabole dévoile les différents moments de l’eschatologie chrétienne. Tout d’abord, le temps de l’investiture royale ou messianique : un noble personnage est investit roi, tout comme Jésus sera investi roi après être monté et s’être assis à la droite du Père lors de son ascension. Puis, vient le temps intermédiaire, entre l’ascension et la parousie, temps de l’absence du roi, du messie. Enfin, il y a le moment du retour du roi (avec le jugement qui l’accompagne) qui nous renvoie à la venue glorieuse du Seigneur à la fin des temps pour inaugurer définitivement le Royaume de Dieu. A ce moment là, un jugement sera aussi prononcé, un jugement de salut sur ceux à qui le Seigneur a confié dons et talents à faire fructifier durant son absence.
Cette parabole de Jésus oriente donc notre attention sur le temps qui s’étend entre son ascension au ciel et son retour dans la gloire, temps où l’homme a à s’investir pour recevoir au jour du jugement la couronne du salut.

Le récit évangélique nous rapporte aussi que, durant l’absence du roi, ses ennemis ne se ménagent pas pour œuvrer au non avènement de son royaume. Nous lisons en effet que ses concitoyens qui le détestaient envoyèrent derrière lui une délégation chargée de dire : « Nous ne voulons pas qu’il règne sur nous ».
Ainsi, pour ceux qui veulent participer à l’avènement du royaume de Dieu et hâter sa venue, les tentations ne manquent pas pour les décourager et les détourner de cette finalité. Mais saint Luc nous assure que tout cela n’empêchera pourtant pas le Seigneur de revenir dans la splendeur de sa dignité royale.

C’est alors qu’il demandera à ses serviteurs des comptes sur la gestion des biens qu’il leur avait confiés. La récompense d’un fidèle service ne sera pas un gain supplémentaire mais la participation à la propre souveraineté du Seigneur, entendons sa propre sainteté, sa propre vie divine. A celui qui revient avec dix pièces d’or, le roi déclare en effet : « Très bien, bon serviteur ! Puisque tu as été fidèle en si peu de chose, reçois l’autorité sur dix villes ». Quant à celui qui en rapporte cinq, il lui dit : « Toi, tu seras gouverneur de cinq villes ».
Mais qu’en est-il de celui qui n’en rapporte aucune ? Le roi le traite de « serviteur mauvais » et lui enlève la pièce qu’il lui avait confiée pour la donner à celui qui en a dix. Pourquoi une telle sévérité ? Comment ce roi, a fortiori lorsqu’on pense qu’il représente dans notre parabole le Seigneur Jésus lui-même, peut-il être aussi intransigeant et si peu miséricordieux ? Une phrase de ce roi est ici capitale : « Je vais te juger d’après tes propres paroles ». Autrement dit, ce troisième serviteur s’est déjà jugé lui-même et la sentence du roi ne fait que manifester ce jugement au grand jour.

Si nous nous reportons au jugement final lors du retour du Seigneur, cela signifie que c’est nous-mêmes qui nous jugerons. D’après quoi ? D’après nos actes d’ici-bas qui eux-mêmes auront été dépendants de la manière dont nous nous serons situés par rapport à Dieu. Voilà l’enseignement fondamental de cette parabole. Le « serviteur mauvais » n’a pas fait fructifier le bien confié par le roi parce qu’il s’est enfermé dans une attitude de défiance et de peur vis-à-vis de lui. Nous retrouvons ici le propre de ce que le péché originel a semé dans le cœur d’Adam : la défiance et la peur de Dieu. Voilà le venin que le péché dépose dans le cœur de l’homme, venin qui le paralyse dans son action en le repliant sur lui-même, sur ce qu’il possède et en l’empêchant d’entrer dans la dynamique du don seule capable de faire fructifier en lui les talents reçus de Dieu.

Mais il nous faut encore aller plus loin. Si nous lisons bien la parabole, nous constatons que, contrairement à ce que s’imaginait le « serviteur mauvais », le roi ne reprend ni le bénéfice, ni même l’argent qu’il a confié à ses serviteurs. Il leur avait seulement demandé de faire fructifier son bien pendant son voyage. Nulle part il n’est écrit que s’était pour le reprendre ensuite avec ce qu’il aurait rapporté.
Nous comprenons alors que le « serviteur mauvais » de la parabole n’a pas du tout perçu la gratuité des dons du roi. Comment pourrait-il alors reconnaître l’absolu de cette gratuité dans le don de sa miséricorde ! En fait, le roi ne peut faire miséricorde à ce serviteur parce qu’il est incapable de la reconnaître en lui. Nous voyons alors combien effectivement ses propres paroles vis-à-vis du roi le jugent.

« Seigneur, viens nous guérir des fausses images que nous avons de toi et qui nous maintiennent loin de toi dans une attitude de peur et de défiance. Donne-nous la grâce de te découvrir comme ce Dieu « lent à la colère, plein d’amour et de vérité ». Que nous sachions te reconnaître comme ce Dieu qui se donne tout entier à ses enfants, tout particulièrement lorsqu’il leur fait miséricorde. »


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