Homélie
Férie de l’Avent
« En ces jours-là », cest-à-dire aujourdhui, dans laujourdhui dune foi vivante qui accueille le mystère de grâce de lIncarnation, pour le laisser transformer nos pauvres vies.
« Voici mon bien-aimé qui vient ! » (1ère lect.) : il est venu il y a deux mille ans à Bethléem, il viendra dans sa gloire au jour de son bon-vouloir ; il vient aujourdhui et mappelle : « Lève-toi, mon amie, viens ma toute-belle ! » (Ibid.). Car « le plan du Seigneur demeure pour toujours, les projets de son cur subsistent dâge en âge » (Ps 32) : rien ne peut arrêter lamour conquérant de lÉpoux de nos âmes qui ne se lasse pas de nous appeler.
Pour venir jusquà nous, le Verbe de Dieu a pris chair de la Vierge Marie : il a reçu delle son corps, son visage, sa voix, son regard : tout ce qui nous permet de le rencontrer, de le reconnaître comme lun de nous, de nous intéresser à lui, de laimer et de le suivre : « Marie se mit en route rapidement ». « LEsprit Saint est tombé sur Marie et la puissance du Très-Haut la prise sous son ombre » (Lc 1,35) ; elle a été saisie par la « fougue de lEsprit » (Jean-Paul II) et sest laissée entraîner par lui dans son élan vers les hommes pour leur apporter le salut. Elle ne tient plus en place, la Vierge dIsraël qui porte le Messie. Sa vie est désormais inséparable de celle de son divin Fils dont elle est éternellement « lhumble servante » : il lui revient de le porter aux hommes afin de réveiller en eux le désir de vie divine qui sommeille en eux comme une braise sous la cendre du péché : « Quand Élisabeth entendit la salutation de Marie, lenfant tressaillit en elle ». Marie est la lampe qui porte en elle la lumière et en est toute illuminée. Elle nest pas posée sous le boisseau, mais sur létagère doù elle éclaire toute la maison de lÉglise. Bien plus : elle est lEtoile du matin qui annonce le jour et nous éclaire de la lumière quelle reçoit de son Fils. Comme létoile qui guidait les Mages, elle nous guide par le juste chemin jusquau lieu où il nous attend. Elle brille dans notre nuit pour habituer nos yeux aveugles à la lumière et nous permettre de le reconnaître : « Comment ai-je ce bonheur que la mère de mon Seigneur vienne jusquà moi ? »
Quil est dommage que nous ayons figé les Mystères conduisant à la représentation dun dieu immobile, à limage des idoles ! Alors que notre Dieu est toujours en marche vers les hommes ses enfants ; et Marie - comme tous ceux qui se sont laissés saisir par lEsprit - sest mise au service de ce grand dessein de rédemption. Sa voix est déjà celle de son Fils, ses paroles préparent celles du Verbe, sa simple salutation éveille le Précurseur à son ministère, alors quil est encore enfoui dans le sein de sa mère ; et celle-ci exulte dans lEsprit : « Tu es bénie entre toutes les femmes, et le fruit de tes entrailles est béni ».
Tout au long de cette année anniversaire des apparitions de Lourdes, des millions de croyants répéteront ce cri dallégresse en réponse à la salutation que prononce la Vierge en entrant dans la maison de leur cur : « Tu es bénie entre toutes les femmes, et Jésus, le fruit de tes entrailles est béni ! » Certes, cest le pèlerin qui se déplace et se rend à Lourdes, mais il ne saurait le faire si Marie ne sétait pas « mise en route rapidement » vers lui pour linviter à cette démarche. Dieu a toujours linitiative ; il envoie ses messagers pour inviter aux noces de son Fils dans la maison familiale de lÉglise. Mais que serait un repas de famille sans la mère ? Et qui mieux quelle peut convaincre ses enfants, même les plus récalcitrants, de répondre à lappel de Dieu ? « Heureuse toi qui as cru à laccomplissement des paroles qui te furent dites de la part du Seigneur » : tu nous communiques ta foi par ta seule présence ; lorsque tu parais lenfant de vie divine déposé en nous au jour de notre baptême « tressaille dallégresse ». Comment la foi pourrait-elle être triste alors quelle est participation à la Vie divine dans la communion de lamour trinitaire : « Lève-toi mon amie, ma toute-belle ! Ma colombe, blottie dans le rocher. Montre-moi ton visage, fais-moi entendre ta voix : car ta voix est douce et ton visage est beau » (1ère lect.).
« Je vous salue, Marie, pleine de grâce, le Seigneur est avec vous. Vous êtes bénie entre toutes les femmes, et Jésus, le fruit de vos entrailles, est béni. Sainte Marie, mère de Dieu, priez pour nous, pauvres pécheurs, maintenant et à lheure de notre mort. »