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 - 12 mai 2025 - Sainte Epiphane
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Homélie

Sainte Famille

Il est des dimanches où la Parole de Dieu nous semble sinon plus directe au moins plus accessible. Avant même qu’on ait besoin d’entendre une homélie ou de méditer dans la prière la Parole reçue, il est probable que chacun d’entre nous ait déjà retenu une phrase qui lui semble plus importante que d’autres. Ainsi, certains de ces messieurs auront été frappés par la sagesse de l’apôtre qui exhorte « femmes, soyez soumises à vos maris », tandis que d’autres retiendront plus facilement « et vous les hommes, (…) ne soyez pas désagréables » avec vos femmes. Comme saint Paul n’oublie pas les enfants, le repas dominical promet d’être animé.

S’il est incontestable que la Parole de Dieu parle à chacun d’une façon originale ; il est tout aussi certain que nous avons tous à la lire entièrement avec application. Commençons donc par le début, écoutons ce que nous enseigne Ben Sirac le Sage.

Les conseils qu’il donne ont pour but de fortifier les familles. Ils sont fondés sur la miséricorde : honorer son père pour obtenir le pardon de ses propres fautes, être miséricordieux envers son père pour obtenir le relèvement de son propre péché. Or le pardon des péchés nous vient de Dieu. Pour l’obtenir, il faut donc avoir appris à être fils. Autrement dit, pour être fils de Dieu et recevoir de lui la grâce de la réconciliation, il faut l’avoir appris au sein de la cellule familiale. La justesse de notre relation à Dieu est liée à la justesse de notre relation à nos parents. Et il en va des pères comme des fils. Le Sage dit en effet : « le Seigneur glorifie le père dans ses enfants ». L’orientation fondamentale de toute relation familiale et l’objet de toute éducation est donc en Dieu. Si Dieu renforce l’autorité de la mère sur ses fils, celle-ci trouve sa joie dans l’obéissance de ses fils au Seigneur.

Dans la deuxième lecture, saint Paul approfondit cette approche : il convient, particulièrement entre membres d’une même famille, de se supporter les uns les autres. « Se supporter » dans tous les sens du terme ; c’est-à-dire faire preuve « d’humilité, de douceur, de patience » envers autrui et apporter son soutien actif dans l’exercice concret de la miséricorde, « supportez-vous mutuellement et pardonnez si vous avez des reproches à vous faire ». Ces considérations sont assez proches de celles formulées par Ben Sirac, mais deux arguments nouveaux amplifient la perspective : Dieu en personne est le modèle des relations familiales (« agissez comme le Seigneur : il vous a pardonnés, faites de même ») et l’exercice du pardon est le fondement nécessaire à une relation d’amour authentique (« par-dessus tout cela qu’il y ait l’amour »). Enfin, l’action de grâce et la louange se portent en garants de l’ouverture du cœur qui permet de vivre cet appel à l’unité dans la charité. Nous sommes soumis les uns aux autres comme les membres d’un même corps sont dépendants. Nous formons le corps du Christ.

Ainsi abordons-nous l’évangile, qui nous place au cœur d’un nouvel épisode de la vie de la Sainte Famille, celui que l’on appelle « la fuite en Égypte ». Comme d’habitude, il témoigne que la vie de la Sainte Famille n’a pas été de tout repos. Mais ce récit tranche avec les lectures. Les relations entre les membres de cette famille ne semblent pas mises à l’honneur. Marie et Jésus n’y sont même pas nommés, l’évangéliste les appelle « l’enfant et sa mère », et ils semblent vraiment passifs. Quant à Joseph, comme la semaine dernière, il a des songes, trois, auxquels il obéit sans discuter. En quoi cela peut-il être exemplaire pour nous ?

D’abord Marie et Joseph ont fondé une famille sur le don de Dieu ; là est l’enseignement le plus précieux. Quand on reçoit un don de la part de Dieu, il ne faut pas le mettre en doute mais se donner à lui afin de se donner soi-même à travers lui. Ainsi Marie et Joseph se donnent à Jésus, totalement et gratuitement, c’est-à-dire sans calcul, par pur amour. En cela leur paternité nous rejoint. Et, particulièrement, leurs relations sont fondées sur ce don total de soi au service du projet de Dieu sur l’autre, qu’il a donné à aimer. Ce service est accompli dans la confiance en Dieu et dans une obéissance parfaite, silencieuse et sans retard.

Ainsi, la focalisation de l’évangile sur le chef de la Sainte Famille nous révèle comment l’amour le plus pur, le don de Dieu, l’enfant Jésus, est enfoui dans l’obéissance silencieuse de Joseph et protégé par elle. En effet, l’Ennemi, par la main d’Hérode, cherche le Messie pour l’éliminer. Or, le massacre des saints Innocents nous montre que l’enfant divin est demeuré invisible à ses yeux. La fuite en Égypte nous montre comment saint Joseph a sauvé le sauveur du monde parce qu’il a renoncé à tout, même à sa maison, même à son travail, pour réaliser la volonté de Dieu.

Ensuite, la Sainte Famille nous apprend que le péché, qui est entré dans le monde à cause des égarements d’une famille (Adam, Ève, Caïn et Abel constituaient bien une famille), se trouve vaincu par la grâce faite à une famille. La fête familiale de Noël nous redit en effet le mystère de la miséricorde descendant dans la mort héréditaire de l’homme pour y faire jaillir la vie divine. En Jésus, qui accomplit en toutes choses de sa vie les prophéties de l’Ancien Testament, nous contemplons l’humanité nouvelle que Dieu nous donne afin de nous rétablir à son image. Voici celui qui est sauvé de la mort en Égypte, voici le nouveau Moïse, qui vient à nous par une famille dont tout le monde s’accordait sur l’importance mais dont personne n’a pu déceler la présence, tant son humilité était grande.

Ainsi, fêter la Sainte Famille est évidemment une façon de refaire le choix de nous mettre à son école. Pour cela, les préceptes bibliques des lectures de ce jour nous font méditer comment nous avons à vivre la charité dans la miséricorde. En outre, l’effacement et l’obéissance de saint Joseph dans l’évangile, nous disent combien une vie de famille accomplie est une mise à disposition de soi pour la réalisation du projet de Dieu sur ceux qui nous sont confiés. Mais en toutes ces choses, le Christ est notre modèle, lui qui a donné sa vie pour nous obtenir la réconciliation avec notre Père des Cieux, lui qui est venus nous rassembler pour que nous formions la famille des enfants de Dieu.

Notre responsabilité dépasse donc les frontières du strict noyau familial. Les relations qui unissent Jésus, Marie et Joseph, les dispositions de leurs cœurs, doivent être imitées pour toute relation humaine car notre Père des Cieux aime chacun de ses enfants et ne veut en perdre aucun. Qu’en renouvelant notre façon de nous aimer et de servir le projet de Dieu dans la vie de nos proches, nous donnions au monde le témoignage de l’amour véritable, celui qui invite chaque homme à redécouvrir sa dignité en Jésus-Christ, sa qualité de fils de Dieu.


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