Férie de Noël

Au cœur du temps de Noël, Jean-Baptiste continue auprès de nous sa mission d’éducateur : il est celui qui doit nous révéler que Jésus est le Messie, celui qui doit annoncer que le Messie que le monde attendait est Dieu en personne. Mais s’il réalise sa mission, c’est non seulement qu’il la tient de Dieu le Père mais que Jésus-Christ le lui permet : « Comme Jean Baptiste voyait Jésus venir vers lui ». Il ne peut y avoir d’incertitude : Jésus ne vient pas rejoindre Jean-Baptiste au bord du Jourdain pour confesser ses péchés car « il n’y a pas de péché en lui » (1ère lect.), mais pour lui donner l’occasion de délivrer sa prophétie.

L’exclamation de Jean-Baptiste, « voici l’Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde » représente le cœur de sa vocation, le sommet de sa mission et le sujet de notre plus grande joie. Car c’est à nous que le prophète désigne le Messie. Saint Jean, dans la première lecture, s’exclamait comme en écho de cette déclaration : « voyez comme il est grand, l’amour dont le Père nous a comblés ». Les deux prophéties se correspondent avec une rare proximité.

Toutes les deux sont des appels à la foi : dans le vocabulaire johannique, ce qui a trait au verbe « voir » est relatif à la foi. « Voyez comme il est grand » désigne donc à la fois une réalité qui nous est révélée et nous invite à y adhérer par la foi : « Croyez que l’amour dont le Père nous a comblé est grand ». Car il nous envoyé son Fils, son unique, pour notre rédemption. Cet amour infini a un visage, celui de Jésus-Christ. De la même manière, Jean-Baptiste s’exclame-t-il : croyez que celui-ci est le Messie, l’Agneau que Dieu donne pour notre rédemption.

Ce qui est beau dans l’amour du Père, c’est la manière dont il fait justice. La justice de Dieu s’exprime par son amour. À nous qui étions égarés, il donne de devenir ses enfants. C’est une réalité. Cette réalité est un don de Dieu, un des fruits de son amour qui est si grand. Un don qui est à la fois présent et en devenir, car ce que nous sommes ne paraît pas encore clairement. La contemplation et la louange de ce trésor nous donne la connaissance intime de Dieu, car c’est dans l’amour que l’on accède à la vraie connaissance. Qui fait le choix des ténèbres ne peut pas connaître Dieu, celui qui demeure dans son péché ignore la grandeur de l’amour de Dieu.

Aussi la voix du prophète retentit jusqu’à nous : « voici l’Agneau de Dieu qui vient enlever le péché du monde ». Il vient pour nous rendre la vue, pour donner d’accéder la vraie connaissance de Dieu, pour que nous puissions accueillir le don qu’il nous fait de devenir ses enfants. Celui qui vient vers Jean-Baptiste est celui qui vient sceller la Nouvelle Alliance.

La lente pédagogie de Dieu envers son peuple touche à son terme. De génération en génération, il lui a appris la miséricorde, il lui a enseigné qu’elle est préférable au sacrifice. Dieu qui a promis à Abraham de pourvoir à l’Agneau se rend solidaire de son peuple jusque dans son péché. Jésus se rend solidaire de ses frères les hommes jusqu’à se plonger dans les eaux du Jourdain, jusqu’à être enseveli dans leur mort. Voici l’Agneau de Dieu, voici l’Agneau que Dieu donne pour l’expiation de nos péchés, voici Dieu qui se fait l’Agneau de la réconciliation.

Voyez comme il est grand l’amour du Fils ! Par amour pour le Père, il va jusqu’à l’extrême du témoignage et donne sa vie en rançon pour la multitude. Voyez comme il est grand l’amour du Saint-Esprit, dont la force est tout remise à la disposition du Fils. Voyez comme il est grand l’amour du Père dont la voix désigne son Fils et ouvre le Ciel. Lui seul pouvait attester que Jésus est son Fils. Voici qu’il ouvre pour nous les portes du salut. Grâce à l’offrande du Fils dans l’Esprit, Dieu se fait proche et fait de nous ses enfants.

Seigneur Jésus, qu’il est grand l’amour dont tu nous aimes ! Merci d’avoir traversé les eaux de notre mort pour y faire jaillir ta vie. Merci pour les prophètes que tu nous donnes de rencontrer, qui nous révèlent par-delà la banalité de nos vies, la grandeur de l’amour du Père qui s’y dévoile et fait de nous ses fils jour après jour. Rends-nous capables de toujours fonder sur toi notre espérance, que nous goûtions à jamais la connaissance de toi qu’elle nous obtient.