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 - 16 avril 2024 - Saint Benoît-Joseph Labre
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Homélie

Férie

Cette péricope se divise en trois parties, clairement délimitées : la première nous décrit brièvement la guérison du lépreux ; la seconde nous fait entendre les recommandations que Jésus lui adresse avant de le renvoyer chez lui ; la troisième nous raconte le comportement de cet homme et les conséquences pour le ministère de Notre-Seigneur.
Saint Marc ne nous précise pas d’où vient ce lépreux, ni comment il est parvenu à s’approcher de Jésus malgré toutes les règles en vigueur pour tenir à distance les malheureux atteints de cette terrible maladie. Cette imprécision délibérée met d’autant plus en valeur la rencontre entre les deux acteurs de la scène, sur laquelle se concentre toute notre attention.
L’attitude de cet homme gravement malade, est empreinte d’un profond respect envers le Rabbi de Nazareth, dont il s’approche avec une crainte religieuse, puisqu’il « tombe à ses genoux » et le supplie de lui accorder sa guérison - il sait pourtant fort bien que Dieu seul peut purifier de la lèpre. Notre-Seigneur est bouleversé devant le triste état du corps de cet homme prosterné devant lui. Mû par la compassion, et en dépit de toutes les prescriptions légales qui interdisaient tout contact avec les lépreux sous peine de contracter leur impureté rituelle, Jésus étend la main en signe de proximité ; il le touche afin de lui manifester sa solidarité ; et le purifie de sa terrible maladie. En même temps il interprète son geste par une parole : « Tu as dit vrai : j’ai le pouvoir de te purifier ; et ce pouvoir je le mets à ton service. Afin que tu saches que “les temps sont accomplis et que le règne de Dieu est tout proche” (Mc 1,15) : “je le veux, sois purifié” ».
L’intimité de ce dialogue tranche avec la fermeté de l’avertissement que Notre-Seigneur adresse « aussitôt » à cet homme qu’il vient de délivrer de sa lèpre. Comme s’il voulait endiguer le débordement de sa joie, il l’avertit sévèrement : « Attention, tu n’as pas reçu tout ce que Dieu veut t’offrir ; tu n’es pas au bout de ton cheminement de guérison. Ne t’éparpille pas mais poursuis ta route. Tu étais un mort-vivant, exclu de la société des hommes et du Temple de Dieu. Je t’ai purifié de ta lèpre pour que tu sois convaincu de la bienveillance de Dieu envers toi : rends-lui gloire comme il convient en “offrant pour cette purification ce que Moïse prescrit dans la Loi”. Entre dans l’Alliance, et ton âme aussi revivra. Alors seulement tu seras non seulement purifié, mais guéri. “Laisse-toi réconcilier avec Dieu” (2 Co 5, 20) : cette guérison spirituelle, bien plus que ta purification corporelle, sera pour les gens un témoignage. Eux aussi pourront alors “se convertir et croire à la Bonne Nouvelle” (Mc 1,15) ».
Hélas il ne semble pas que l’homme guéri ait compris les propos de Jésus. Emporté par son enthousiasme, il se met « à proclamer et à répandre » non pas « la Bonne Nouvelle de Jésus Christ, le Fils de Dieu » (Mc 1,1), mais « la nouvelle » - le « scoop » - de Jésus le thaumaturge aux pouvoirs extraordinaires. Cet homme a certes été purifié de la lèpre de son corps, mais il n’a pas accueilli la guérison de son âme, rongée par la lèpre du péché. Il s’est arrêté au signe extérieur, et n’a pas su l’interpréter comme une invitation à entrer dans l’amitié de celui qui, en prenant autorité sur la lèpre, manifestait pourtant clairement qu’il venait de Dieu.
La désobéissance de cet homme détourne le geste de miséricorde de sa finalité : il ne révèle plus rien ; ou plutôt la révélation du mystère caché au creux de l’événement est étouffée par un flot de paroles sur l’intervention spectaculaire d’un mage guérisseur que la foule essaye à tout prix d’approcher, « de sorte qu’il n’était plus possible à Jésus d’entrer librement dans une ville ». Lui qui est venu apporter la proximité de Dieu son Père au milieu de la cité des hommes, est « obligé d’éviter les lieux habités ».
Apparemment l’épisode se solde par un échec ; pourtant, il décrit exactement la mission du Sauveur : prendre sur lui la lèpre de notre péché, porter sur ses épaules le poids de la croix que nous avons méritée, être jeté hors de la ville pour être crucifié avec les exclus, afin que nous puissions entrer dans la Cité sainte et dans le Temple de la Jérusalem céleste, dont Notre-Seigneur nous ouvre les portes par sa mort-résurrection.
C’est pourquoi Jésus continue courageusement sa course solitaire : il sait que ce n’est qu’à la lumière de Pâque que les hommes le reconnaîtront. Pour le moment, il lui faut d’abord s’enfoncer dans la nuit de l’incompréhension, bientôt de l’opposition et finalement de la mort, pour que son jour puisse se lever, et qu’à la lumière de sa Pâque, nous puissions enfin croire en la Bonne Nouvelle de l’action victorieuse de l’amour de Dieu sur toutes nos déchéances.

« Seigneur, Père Saint, nous aussi nous sommes fébrilement en quête de tout ce qui peut améliorer nos conditions de vie sur terre, et nous demeurons hélas indifférents aux biens éternels. Comme le lépreux, nous recevons avec joie tes bénédictions temporelles, mais sans les interpréter comme des appels insistants à la conversion, et des invitations pressantes à lever nos yeux vers les bénédictions éternelles, dont tu nous combles en ton Fils Jésus Christ. Réveille-nous de nos torpeurs ; donne-nous d’accueillir ton Esprit, afin que nous ne soyons plus des vivants voués à la mort, mais que morts à ce monde, nous vivions dès à présent de ta vie qui ne s’éteint pas. Notre guérison sera alors pour les gens un témoignage de la Bonne Nouvelle : “le Royaume de Dieu est tout proche” en Jésus le Christ, notre Seigneur. »


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