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 - 24 avril 2024 - Sainte Marie-Euphrasie Pelletier
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Homélie

Férie

Jésus vient de subir un douloureux échec dans son village natal. Mais loin de se décourager, « passant au milieu d’eux, il allait son chemin » (Lc 4,40). Il poursuit sa route conformément à la mission que le Père lui a confiée et s’élance plus généreusement encore dans la proclamation de l’Evangile, y associant pour la première fois ceux qu’il avait appelés pour « être avec lui » (Mc 3,14). Ce comportement du Seigneur nous renvoie à nouveau à la logique déconcertante du Royaume : Jésus sait que de toute souffrance est riche d’une fécondité nouvelle ; que l’épreuve est le creuset dans lequel les œuvres de Dieu sont purifiées et mûries. Aussi ne laisse-t-il pas se perdre d’aussi précieuses grâces : c’est au moment où les pharisiens ont décidé sa mort (Mc 3,6) qu’il fonde l’Eglise (3, 7-19), et le refus qu’il vient d’essuyer de la part des siens, est le moment qu’il choisit pour lancer les Douze dans la grande aventure de l’évangélisation.
La péricope que nous venons d’entendre est la charte de l’Eglise missionnaire. L’envoi des apôtres s’enracine dans le compagnonnage privilégié avec le Maître ; aussi la mission doit-elle avant tout refléter la vie avec lui. Par sa pauvreté à l’image de celle de Jésus, le missionnaire doit rappeler à temps et à contretemps que nous n’avons rien de plus précieux que le Christ. Qu’il est misérable celui qui perd l’unique richesse en s’attachant aux trésors éphémères de cette terre ! L’apôtre doit adopter un style de vie qui exprime clairement qu’il n’a emporté « qu’un seul pain dans sa barque » (Mc 8,14), le Pain vivant descendu du ciel, celui qu’il a pour mission de partager avec ceux qui l’accueillent.
Comme Abraham, Moïse et tous les prophètes, nous avons à témoigner, au cœur de ce monde qui se vante de sa suffisance, d’une vie qui a tout misé sur la fidélité d’un Autre en qui nous avons mis notre foi. C’est en ce sens que la pauvreté prend une dimension et une valeur toute particulière : elle est sacrement – signe efficace – de la confiance en Dieu : « Cherchez d’abord le Royaume de Dieu, et le reste vous sera donné en plus » (Lc 12,31). Mais une telle attitude demande un long travail de conversion ; car nous sommes bien plus imprégnés de la mentalité ambiante que nous ne le pensons. Seul l’Esprit peut nous révéler nos attachements secrets, qui sont autant de contre-témoignages, ou du moins d’occasions manquées pour témoigner de la liberté de celui qui a pour seule richesse le bâton de la Croix. On comprend que dans sa lettre apostolique post-synodale « Pastores gregis », le Saint Père ait rappelé à nos évêques l’exigence d’un style de vie pauvre, afin de donner l’exemple au troupeau dont ils ont la charge. Notre témoignage, certes, est spirituel, mais il ne sera crédible que s’il est confirmé par des signes concrets de libération humaine ; et la libération de l’asservissement aux biens de la terre n’est pas le moindre. Sur ce chemin, les saints demeurent nos modèles : le rayonnement d’un saint François et la fécondité de son apostolat ne sont pas sans rapport avec l’amour qu’il portait à « Dame Pauvreté ». Plus près de nous, mère Teresa est un exemple éloquent de la manière dont « la foi peut déplacer des montagnes » (cf. Mc 11,23) sans rien concéder à l’esprit du monde. Il est frappant de constater que ni saint François, ni mère Teresa n’ont marqué par leur réflexion théologique. Ce n’est pas par ce qu’ils ont « dit » du Christ qu’ils ont touché les hommes de leur temps ; mais par ce qu’ils en ont « montré » dans leur vie concrète.
Puisse chacun de nous trouver les chemins d’un authentique témoignage de la Seigneurie du Christ, en révélant son œuvre de libération et de salut dans nos vies.


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