Catholic.net International English Espanol Deutsh Italiano Slovensko
 - 24 avril 2024 - Sainte Marie-Euphrasie Pelletier
Navigation: Homélie

 

Homélie

Férie

La fin tragique du Précurseur nous a laissé pressentir qu’il n’est pas de tout repos de se mettre au service du Seigneur dans un monde où l’homme s’est laissé dominer par les passions. Saint Marc en effet construit son récit de manière à suggérer le rapprochement entre le meurtre du Baptiste et le procès inique qui se trame contre le Seigneur. Comme le disciple n’est pas plus grand que son Maître, il peut s’attendre au pire. Cet avertissement a tout à fait sa place dans la section que nous lisons, consacrée précisément à la formation des disciples.
Dans le passage que nous méditons aujourd’hui, ceux-ci reviennent de leur première mission. On comprend qu’ils aient hâte de partager leur expérience, et l’évangéliste précise qu’ils le font de manière exhaustive : ils « rapportent tout ce qu’ils ont fait et enseigné ». A première vue, la réponse de Jésus semble témoigner d’une compassion bienveillante : il invite ses compagnons à prendre « un peu de repos » après une mission éreintante. La petite incise précisant « qu’on n’avait même pas le temps de manger » semble confirmer cette interprétation.
Cette explication est-elle vraiment suffisante ? Certes un temps de recul s’imposait, mais peut-être pas pour la raison alléguée. L’insistance de Jésus sur la recherche d’un « endroit désert », et la précision que « les arrivants et les partants étaient nombreux » suggère une situation quelque peu confuse, qui ne correspond pas à l’attente du Seigneur. Tout se passe comme si la prédication des disciples avait été couronnée de succès puisque les foules s’assemblent ; mais celles-ci se comportent de manière totalement désordonnée : elles vont et viennent sans trop savoir que chercher ni où le trouver. Cette impression se confirme avec la suite du récit : la fébrilité se transmet comme un feu de paille : « les gens le virent s’éloigner, et beaucoup le reconnurent. Alors, à pied, de toutes les villes, ils coururent là-bas et arrivèrent avant eux ». Voyant cette « grande foule », Jésus semble oublier les disciples et l’invitation qu’il leur avait adressée ; à moins qu’il soit en train de mettre en œuvre le programme auquel il pensait : « re-posez-vous », c’est-à-dire « posez-vous à nouveau dans l’essentiel. Vous avez sans aucun doute enseigné bien des choses à ces hommes et à ces femmes ; vous avez accompli des miracles et des prodiges qui les ont fascinés, mais vous ne les avez pas rassemblés en mon Nom. Voyez : ils sont “comme des brebis sans berger” ».
La prédication n’est pas la transmission d’une doctrine, aussi sublime soit-elle, mais l’annonce de la présence au milieu de nous du Seigneur, de l’Envoyé de Dieu venu offrir aux hommes le salut. Les œuvres n’ont pas pour but d’accréditer ceux qui les accomplissent, mais de manifester que « les temps sont accomplis, que le règne de Dieu est tout proche » (Mc 1,15). Tout l’effort du disciple consiste à orienter son interlocuteur vers Celui qu’il annonce. Sa parole et son action se résument en quelques mots, ceux-là même par lesquels Jésus initiait sa prédication : « Convertissez-vous et croyez à la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ, le Fils de Dieu » ( Mc 1,15.1), venu dans le monde pour « rassembler les enfants de Dieu dispersés » (Jn 11,52) et les introduire dans la Maison du Père. La suite du récit - qui ne nous sera pas proposée dans la liturgie de lundi - confirme cette interprétation : après avoir « longuement instruit » la foule, Notre-Seigneur va inviter les disciples à reprendre leur ministère. Il leur revient de faire asseoir la foule par groupe - de manière ordonnée cette fois ; non plus dans un lieu désert, mais « sur l’herbe verte » (Mc 6,39). Puis de rassembler le peu que tous peuvent mettre en commun, pour l’apporter au Maître dans un élan de confiance. Enfin de distribuer à chacun le pain sur lequel Jésus a prononcé la bénédiction. Ce n’est qu’ainsi que leur ministère sera vraiment fécond et que « tous pourront manger à leur faim » (Mc 6,42).

« Seigneur quel pauvres disciples nous sommes ! Les rares fois où nous osons parler de toi, nous édulcorons ta parole, nous “l’adaptons à la mentalité contemporaine” ; en fait nous cherchons à plaire, nous rassemblons autour de nous, au lieu de renvoyer vers toi. Donne-nous de nous convertir, et de trouver notre joie à nous effacer ; apprends-nous à “diminuer pour que toi tu grandisses” (cf. Jn 3,30), car il n’est pas d’autre Berger que toi ; toi qui rassemble ton troupeau par ta Parole et le nourrit de ton Corps et de ton Sang. »


Accueil | Version Mobile | Faire un don | Contact | Qui sommes nous ? | Plan du site | Information légales