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 - 16 avril 2024 - Saint Benoît-Joseph Labre
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Homélie

Notre Dame de Lourdes

Le ton de la péricope de ce jour contraste singulièrement avec le sommaire précédent, qui nous présentait Jésus passant en faisant le bien, se livrant aux foules comme le Pain livré pour que le monde ait la vie. L’évangéliste ne nous avait pas rapporté l’enseignement que Notre-Seigneur avait longuement prodigué à ceux qui l’avaient rejoint sur les bords du lac, et qui étaient « comme des brebis sans berger » (Mc 9,36). Mais cette fois, nous avons droit au discours qu’il tient à ceux qui précisément auraient dû être les bergers de ce troupeau, mais qui ont failli en raison de leur religiosité stérile.
Les rites préfiguratifs de « la tradition des anciens » n’ont jamais purifié, guéri ni sauvé personne. Etonnante hypocrisie d’accuser Jésus de manger sans s’être purifié les mains, alors que celles-ci ne font que guérir, bénir, réconforter ! Certes ce sont les disciples qui sont directement mis en cause, mais il est clair que c’est le Maître qui est visé. Deux univers religieux s’affrontent : l’ancien, avec ses multiples prescriptions rituelles et légales - destinées à garder une distance avec les non juifs ; et le monde nouveau instauré par Jésus, venu réconcilier tous les enfants de Dieu en une seule famille : « C’est lui, le Christ, qui est notre paix : des deux, Israël et les païens, il a fait un seul peuple ; par sa chair crucifiée, il a fait tomber ce qui les séparait, le mur de la haine, en supprimant les prescriptions juridiques de la loi de Moïse. Il voulait ainsi rassembler les uns et les autres en faisant la paix, et créer en lui un seul Homme nouveau. Les uns comme les autres, réunis en un seul corps, il voulait les réconcilier avec Dieu par la croix : en sa personne il a tué la haine » (Ep 2,14-16).
Refusant de reconnaître en Jésus le Messie venu accomplir les prescriptions rituelles préfiguratives, les scribes et les pharisiens restent dans leur logique dualiste du pur et de l’impur, du sacré et du profane. Dès lors que ce prétendu Rabbi ne respecte pas ces distinctions traditionnelles, il est forcément impur et ne peut être qu’un usurpateur qui trompe les foules.
Malgré la forme interrogative, l’intervention des pharisiens n’est pas vraiment une question mais une accusation explicite et grave de désobéissance à la tradition. Aussi Jésus argumente-t-il sa répartie en s’appuyant sur ce qui devrait être la source de la tradition, à savoir les Ecritures : « Le Seigneur dit : ce peuple m’honore des lèvres, mais son cœur est loin de moi. Il est inutile le culte qu’ils me rendent ; les doctrines qu’ils enseignent ne sont que des préceptes humains. Vous laissez de côté le commandement de Dieu pour vous attacher à la tradition des hommes » (Is 29, 13). Notre-Seigneur illustre et accentue sa critique par un exemple concret : il conteste que l’on puisse consacrer à Dieu des biens destinés à subvenir aux besoins de ses parents. Comment pourrait-on honorer Dieu en désobéissant à sa volonté, explicitement formulée dans la Loi de Moïse (Dt 5, 16) ? La matière de la transgression est dans ce cas bien plus importante que ce qui est reproché aux disciples, puisqu’il ne s’agit pas d’une observance traditionnelle mais d’un précepte de la Torah ! Si encore il s’agissait d’un cas exceptionnel ; mais « vous faites beaucoup de choses du même genre », ajoute douloureusement Notre-Seigneur à l’adresse de ses contradicteurs.
La conclusion s’impose : « Vous annulez la parole de Dieu par la tradition que vous transmettez ». La progression est significative : « Vous laissez de côté le commandement de Dieu… Vous rejetez bel et bien le commandement de Dieu… Vous annulez la parole de Dieu » que vous êtes sensés annoncer et interpréter afin que le peuple puisse en vivre. La raison de la trahison de ce ministère est également explicitée de plus en plus clairement : « … pour vous attacher à la tradition des hommes ; … pour observer votre tradition ; … la tradition que vous transmettez ». L’hypocrisie se double d’orgueil : les scribes et les pharisiens ont subtilement pris la place de Dieu en donnant plus de poids à leur tradition qu’à la Parole de celui qu’ils prétendent servir. Telle est l’accusation portée par Jésus contre les mauvais bergers, qui laissent le troupeau se disperser dans le désert des prescriptions stériles qui ne nourrissent pas l’âme.

« Seigneur ouvre mes yeux sur ma duplicité, sur mes compromissions avec l’esprit d’hypocrisie et d’orgueil. Ne permets pas que je tombe dans le piège d’une religiosité sans âme, qui se réduirait à l’observance d’un ensemble de prescriptions par lesquelles je prétendrais me justifier devant toi. Ne permets pas que de l’une ou l’autre manière j’“annule ta Parole” pour obéir à des préceptes humains qui flattent mon orgueil. Donne-moi de revenir vers toi de tout mon cœur et de t’honorer par toute ma vie et pas seulement de mes lèvres. Envoie sur moi ton Esprit Saint : qu’il arrache mes masques d’hypocrisie et me renouvelle dans la foi, l’espérance et la charité, pour que je puisse “pratiquer la justice, aimer la miséricorde et marcher humblement avec toi ” (Mi 6, 8) sur le chemin de la vie ».


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