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 - 24 avril 2024 - Sainte Marie-Euphrasie Pelletier
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Homélie

Sainte Bernadette Soubirous

Ce passage qui souligne l’inintelligence des disciples devant le miracle de la multiplication des pains – situation à laquelle nous avons déjà plusieurs fois fait allusion - est la clé de lecture de l’ensemble de cette section de l’Evangile, appelée précisément : « section des pains ».
Jésus vient de refuser aux pharisiens de leur « donner un signe » qui vienne du ciel ; et pour cause : si nourrir quatre mille hommes avec « sept pains et quelques petits poissons » ne suffit pas pour accréditer sa parole, que faudra-t-il faire ?
Pourtant il n’y a pas que les pharisiens qui soient aveugles : la péricope de ce jour nous montre que les disciples eux-mêmes sont atteints de la redoutable maladie du scepticisme, que Jésus compare à du « levain ». Dans la tradition rabbinique celui-ci n’est guère apprécié ; il désigne une maladie contagieuse de l’âme contre laquelle il faut à tout prix se prémunir (1 Co 5, 6-8 ; Ga 5,9). Notre-Seigneur attribue curieusement ce « levain » aux frères ennemis : les pharisiens et Hérode. La seule chose qu’ils aient en commun et qui va effectivement les amener à collaborer, est leur refus d’accueillir les paroles et les œuvres de Jésus comme « preuve » de sa messianité. Mais en quoi cette attitude concerne-t-elle les disciples ?
En y regardant de plus près, nous constatons que ceux-ci « discutent entre eux sur le manque de pain », exactement comme les pharisiens « discutaient avec Jésus » (Mc 8,17) sur la question du « signe ». Le verbe « discuter » suggère une activité rationnelle qui refuse d’écouter l’intuition du cœur, alors que celui-ci est dans la Bible le lieu du discernement. Seule l’ouverture bienveillante du cœur au mystère de la Personne de Notre-Seigneur peut donner accès à l’interprétation juste du signe des pains. La cascade des sept demandes adressées par Jésus à ses proches, a précisément pour but de les arracher aux discussions stériles, qui étouffent l’âme, pour les amener à faire mémoire de la multiplication des pains qu’il a accomplie sous leurs yeux : « Pourquoi discutez-vous ? Vous ne voyez pas ? Vous ne comprenez pas ? Vous avez le cœur aveuglé ? Vous ne vous rappelez pas ? »
Il n’est sans doute pas indifférent que l’épisode se passe « dans la barque » qui préfigure l’Eglise. C’est à la communauté des chrétiens de Rome, et à travers elle à l’Eglise de tous les temps, que saint Pierre s’adresse à travers Marc, son porte-parole. Le sens de la venue du Christ parmi nous ne se découvre pas dans les longues discussions, le plus souvent stériles, et qui ne font qu’aveugler et endurcir le cœur ; mais dans l’accueil plein de reconnaissance du « don le meilleur du présent merveilleux qui vient d’en haut, qui descend d’auprès du Père de toutes les lumières ; lui qui a voulu nous donner la vie par sa Parole de vérité, pour faire de nous les premiers appelés de toutes ses créatures » (1ère lect.). Cette Parole dans laquelle s’accomplissent toutes les Ecritures, ne nous suffirait-elle pas ? Ce Pain qui descend du ciel à chaque Eucharistie, ne rassasierait-il pas notre faim ? « Vous ne comprenez pas encore » qu’en son Fils, le Père nous a tout donné ?
L’Eglise ne serait plus l’Eglise si elle corrompait l’unique Pain qui lui est confié, par le levain d’autres discours, aussi « religieux » ou « spirituels » soient-ils. L’Eglise ne serait plus « la lumière du monde » si elle obscurcissait la Parole de vérité par des « discussions » qui trahiraient son incompréhension du message de grâce qui lui est confié. L’Eglise ne serait plus l’Epouse du Christ si elle acceptait dans sa barque d’autres maîtres que son Seigneur.
Ce qui est vrai de l’Eglise tout entière, s’applique à chacun de nous. Puisse cet évangile être l’occasion de vérifier notre attitude par rapport à la Révélation : nous inquiétons-nous de « n’avoir qu’un seul pain dans notre barque » et cherchons-nous à « compléter » la Parole du Christ par des emprunts aux autres propositions religieuses qui nous sont offertes ?
Si le Pain de la Parole de Vie ne suffit plus à nous rassasier et à refaire nos forces pour vivre dans la charité, il est urgent de nous arrêter, et de prendre le temps de faire mémoire de l’œuvre que Jésus a accomplie en notre faveur. Pleins de reconnaissance, prenons alors la ferme résolution de nous engager résolument dans le beau combat de la fidélité, en arrachant de nos cœurs le levain du scepticisme et de la contestation.
« Heureux l’homme qui supporte l’épreuve avec persévérance, car, une fois vérifiée sa qualité, il recevra la couronne de la vie comme la récompense promise à ceux qui aiment Dieu » (1ère lect.).


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