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 - 16 avril 2024 - Saint Benoît-Joseph Labre
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Homélie

Férie

Jésus revient en Galilée, sa terre de prédilection où il a longuement enseigné les foules, guéri les malades, délivré les possédés. Mais cette fois, il traverse le pays dans la discrétion, quasiment en secret : « il ne voulait pas qu’on le sache ». Car la Galilée n’est pas le but de ce voyage ; l’arrêt à Capharnaüm n’est qu’une étape sur la route qui le conduit à Jérusalem. Afin de prévenir le scandale de sa Passion désormais toute proche, Notre-Seigneur avertit ses disciples : « Le Fils de l’Homme est livré aux mains des hommes ; ils le tueront et, trois jours après sa mort, il ressuscitera ». Mais ses compagnons « ne comprenaient pas ces paroles et avaient peur de l’interroger ». Pour eux comme pour nous, la souffrance est spontanément associée à l’échec, et la mort à la déchéance ultime qui met fin à toutes les ambitions. Comment le Maître peut-il tenir de tels propos au moment où il s’apprête à entrer solennellement dans la ville sainte pour y être intronisé Roi d’Israël ? Refusant d’entendre, les disciples préfèrent se réfugier dans leurs rêves.
« De quoi discutiez-vous en chemin ? » : c’est bien sûr à nous aussi que s’adresse cette demande : nous « discutons », nous échafaudons nos stratégies, nous faisons des plans sur la comète, sans même demander au Seigneur ce qu’il en pense. Et n’est-ce pas en grande partie parce que nous appréhendons son avis ? Jésus n’a pas besoin de réponse à sa question ; il connaît le cœur de ses disciples, et leur silence gêné ne fait que confirmer l’objet de leur conversation animée : « ils avaient discuté entre eux pour savoir qui était le plus grand ». Reconnaissons que nous nous sentons tout penaud devant cet aveu qui nous concerne. Il est bon de laisser descendre dans le silence de notre conscience, les paroles de Saint Jacques proclamées en première lecture : « Frères, d’où viennent les guerres, d’où viennent les conflits entre vous ? N’est-ce pas de tous ces instincts qui mènent leur combat en vous-mêmes. Vous êtes pleins de convoitises et vous n’obtenez rien, alors vous tuez ; vous êtes jaloux et vous n’arrivez pas à vos fins, alors vous entrez en conflit et vous faites la guerre. Vous n’obtenez rien parce que vous ne priez pas ; vous priez, mais vous ne recevez rien parce que votre prière est mauvaise : vous demandez des richesses pour satisfaire vos instincts. Créatures adultères ! Vous savez bien que l’amour pour les choses du monde est hostilité contre Dieu ». Ces paroles peuvent nous sembler dures : que l’Esprit Saint nous donne de les entendre comme des cris du Bon Berger qui cherche à arracher ses brebis au loup qui les menace.
« Si quelqu’un veut être le premier, qu’il soit le dernier de tous » : voilà qui chamboule la hiérarchie des valeurs de notre monde ! Pour être le premier dans le Royaume, il faut accepter - bien plus : choisir - la dernière place, et se faire « serviteur de tous ». Le soir du jeudi saint, revenant une dernière fois sur cet enseignement, Notre-Seigneur l’illustrera par le geste déconcertant du lavement des pieds. Aujourd’hui, il fait appel à un enfant, c’est-à-dire au sans-droit par excellence dans la société juive de l’époque. Jésus le place « au milieu d’eux », lui donnant ainsi la préséance quant à la proximité de sa Personne, ainsi qu’au sein du groupe. « Celui qui accueille en mon nom un enfant comme celui-ci, c’est moi qui l’accueille » : Notre-Seigneur s’identifie à cet enfant, et à travers lui à tous les laissés pour compte de la terre, qui deviennent paradoxalement le « sacrement » (signe efficace) de sa présence parmi nous.
« Abaissez-vous devant le Seigneur, et il vous élèvera », nous dit encore saint Jacques ; comment nous abaisserons-nous devant Dieu, si ce n’est en nous abaissant devant ses fils et ses filles, qu’il a créés à son image ? N’est-ce pas lorsque l’Eglise s’est souvenue de cet enseignement, qu’elle a écrit les plus belles pages de son histoire ? A chaque époque Dieu nous a donné des saints et des saintes qui nous ont rappelé, par l’engagement de toute leur vie au service des plus démunis, cette exigence de l’amour de prédilection pour les pauvres. Comme eux, demandons la force de nous arracher à notre individualisme, afin de découvrir le visage du Christ dans ceux que le monde méprise ; nous pourrons alors les aimer plus que nous-mêmes par amour pour lui.

« Seigneur tu nous as enseigné par toute ta vie et ta mort, que nous ne monterons l’échelle de la sainteté, qu’en descendant celle de l’humilité ; d’une humilité concrète, qui se penche avec respect sur les plus démunis parmi nos frères pour les servir avec amour, reconnaissant en eux le sacrement de ta présence au milieu de nous. Eclaire-nous sur nos compromissions avec l’esprit du monde : que nous renoncions à toutes formes de vaine gloire, pour ne chercher d’autre honneur et d’autre richesse que de te servir dans les plus pauvres de nos frères. »


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