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 - 28 mars 2024 - Saint Gontran
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Homélie

Férie

Nous allons toujours vite pour interpréter d’après l’ « habitude » que nous avons des personnes. Saint Pierre, par exemple, n’hésite jamais à s’imposer dans les conversations du groupe, et à faire valoir son bon sens de pêcheur. Ici, par exemple, il rappelle ce à quoi il a droit : « Voilà que nous avons tout quitté pour te suivre ». Disons-le : Pierre râle. L’ouvrier mérite son salaire, Pierre revendique des garanties de la part de Jésus.

Si telle est notre première lecture, il convient d’opérer un premier réajustement. Dans notre lecture continue, dans l’évangile médité hier, Jésus expliquait la difficulté que peuvent rencontrer les riches à entrer dans le Royaume. Saint Pierre s’interroge sur l’avenir de ceux qui ont renoncé à toute richesse pour s’attache à Jésus. Eux ne sont pas comme le jeune homme riche, ils ont su faire le geste d’abandon. Il ne revendique donc rien, il confie simplement son incertitude, voire son inquiétude.

Là est sans doute une clé du texte. Au-delà d’une « logique de l’avancement », Pierre demande à Jésus de prouver sa fiabilité, de donner les arguments qui font qu’on peut compter sur lui ! Pierre est encore dans un comportement mondain qui estime la force. Il compte sur ses forces, il connaît ses limites et ses qualités, il veut savoir jusqu’où aller en comptant sur celles de son maître et allié.

Le décalage apparaît tristement. Il apparaît dans la remarque de Jésus en premier lieu, qui rappelle au premier de ses disciples que sur terre déjà la récompense est grande, puisque le rapport se compte au centuple. Il lui enseigne encore qu’il ne doit attendre du monde que la persécution, née d’un rapport de force nécessairement à son désavantage. Et bientôt la vie complètera la leçon : Pierre découvrira au soir de Gethsémani qu’on ne peut être sûr de rien, surtout pas de soi-même. Le Royaume des Cieux n’est donc pas un objet de conquête ni un objet de possession, le seul moyen de l’acquérir est de l’espérer et de le recevoir. Qui pense le posséder le perd, qui s’appuie sur le Seigneur le gagne.

A la veille de notre entrée en carême, l’invitation de la liturgie est d’entreprendre déjà le chemin de conversion qui nous fait renoncer à la sécurité que donnent les biens matériels et préférer la confiance en Jésus, toujours présent à nos côtés. Ce chemin éloigne des biens qui ne peuvent que vieillir, qui appartiennent au quantifiable et mènent à l’idolâtrie, et nous introduit dans le régime de la grâce, seule richesse des hommes. Le détachement demandé aux disciples les conduit à des biens réellement capables de les combler.

Pierre demandait à être rassuré. Il peut l’être. Il lui est donné de découvrir qu’à ceux qui savent se faire pauvres, le Christ est la seule richesse.

Reste une question posée par les deux énumérations de Jésus. Ces listes sont strictement parallèles, au centuple prêt. On quitte par exemple des frères et des sœurs, et on reçoit des frères et des sœurs au centuple. Or Jésus reconnaît que les disciples quittent « un père », mais il ne dit pas qu’ils recevront « des pères » au centuple. Peut-être pouvons-nous y voir une insistance sur la relation privilégiée qui nous unit à notre Père des Cieux, qui nous donne en partage la vie éternelle, qui nous fait vivre de sa propre vie. Alors « les derniers » aux yeux du monde apparaîtront pour ce qu’ils sont vraiment : des fils.


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