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 - 14 avril 2024 - Sainte Lidwine
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Homélie

mercredi des Cendres

L’Évangile de ce jour nous plonge d’emblée au cœur de l’exigence de ce temps de carême, en précisant non seulement les actions concrètes qu balisent le chemin de conversion, mais aussi l’attitude intérieure qui convient pour que Dieu puisse agréer nos efforts.
« Si vous voulez vivre comme des justes » : Jésus ne remet pas en cause les « exercices » juifs traditionnels de la pénitence – l’aumône, la prière et le jeûne ; tout au contraire, il les confirme comme des conditions nécessaires quoique non suffisantes de la justice. En effet, Jésus ne dit pas « pour vivre dans la justice » - car lui seul peut nous justifier – mais pour vivre « comme des justes », il faut au moins s’en acquitter.
Le « juste » doit être entendu ici comme celui qui pratique la vertu de « justice » ; celle-ci consiste à donner à chacun ce qui lui revient. Dans la prière je rends à Dieu l’adoration qui est due à lui seul ; par l’aumône je remets à mon prochain plus pauvre sa part du bien commun ; le jeûne me permet de me décentrer de moi-même, de relativiser mes exigences personnelles, en les situant à leur juste place sur l’horizon de mes devoirs envers Dieu et les autres. Ainsi, « donner à chacun ce qui lui est dû », revient à en rajouter à Dieu et au prochain, et à retrancher sur la part que je m’approprie habituellement.
Voilà pour le fond ; quant à la forme, Jésus demande que nous nous acquittions de ces devoirs dans la plus stricte discrétion, car privées de cette qualité qui leur est essentielle, ces œuvres ne seraient plus des instruments de justice. Ce que Jésus met en cause, c’est au fond la non-gratuité de l’action ostentatoire. Si j’accomplis les œuvres de pénitence avec le désir d’être remarqué – en multipliant les manifestations extérieures qui m’assurent de ne pas passer inaperçu - je n’offre rien ni à Dieu, ni à mon prochain, mais je prend prétexte du service de l’autre pour servir ma propre gloire : « Amen je vous le déclare : ceux-là ont touché leur récompense ».
« Quand tu fais l’aumône, ne fais pas sonner de la trompette devant toi » : Jésus nous met en garde contre un subtil dédoublement de notre action : ce que nous surajoutons – « faire sonner de la trompette » - aux œuvres de justice – « faire l’aumône » - discrédite celles-ci en les détournant subtilement de leur finalité. Une telle action ne peut trouver sa récompense que là où elle la cherche : dans l’admiration du public devant lequel elle se donne en exhibition. Dieu ne saurait être complice de ce genre d’hypocrisie.
C’est donc à un parcours de véridiction que nous exhorte l’évangile de ce premier jour de carême. Avant d’en rajouter à nos pratiques, nous sommes d’abord invités à vérifier les motivations (secrètes !) de celles que nous accomplissons déjà. Seule la charité donne du « poids » à nos actes ; or la charité est nécessairement désintéressée, gratuite. En pratiquant l’aumône, la prière et le jeûne, nous n’avons à faire valoir aucun droit à une récompense divine, puisque nous n’accomplissons que ce qui est « juste ». L’obéissance dans l’amour à la voix de notre conscience est à la fois notre motivation et notre récompense, car elle est don de Dieu dans l’Esprit, qui seul peut réaliser en nous cette attitude. Alors - et alors seulement - nous pourrons discerner notre « Père qui est présent dans le secret » et voit nos actions. « Il te le revaudra » : pouvons-nous concevoir un objet d’espérance plus désirable que celui d’être confirmés dans notre filiation divine ? Tel est le trésor, l’unique trésor, auquel Jésus voudrait que nous ayons accès en purifiant l’intention de nos actions même les meilleures.
Mais si la conversion commence par un examen de conscience, elle a besoin d’être authentifiée dans l’action. Aussi nous ne pouvons rester inactifs : le temps de carême nous est donné précisément pour redoubler d’efforts afin de « vivre comme des justes », et nous disposer ainsi à recevoir la grâce de la justification. Or nous savons bien que le meilleur moyen de ne pas rester en dessous de l’équité, c’est de veiller à dépasser tant soit peu son exigence, en faisant davantage que ce qu’exige la stricte justice. C’est précisément ce « davantage » de l’amour qui est le trésor caché au cœur de ce temps de carême : puissions-nous le trouver au fil des jours, afin que mort avec le Christ à notre égoïsme, nous puissions ressusciter avec lui à la vie filiale, pour entrer dans la joie de notre « Père, qui est présent dans le secret ».


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