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 - 28 mars 2024 - Saint Gontran
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Homélie

Férie de Carême

Dans la synagogue de Nazareth, Jésus vient de lire le passage d’Isaïe qui le désigne comme le Messie. Il concluait en effet sa lecture par : « Aujourd’hui s’accomplit à vos oreilles ce passage de l’Écriture ».

Un tel commentaire de l’Écriture ne pouvait laisser indifférents ses auditeurs qui sont ses proches, ses amis, ceux auprès de qui il a grandi. Mais sans doute un meilleur accueil aurait davantage convenu que leur scepticisme. « Aucun prophète n’est bien accueilli dans son pays », conclut Jésus.

Jésus continue pourtant, en tentant de leur montrer le lieu de leur erreur. Il leur donne l’exemple de deux épisodes de l’Ancien Testament impliquant les prophètes Élie et Élysée, montrant la gratuité et l’universalité de l’amour de Dieu pour les hommes. Élie a été envoyé vers une veuve étrangère, de Sidon, et Élysée vers un lépreux syrien. Ce faisant, Jésus montre que la relation privilégiée qui lie Israël et le Seigneur n’a pas pour but de gratifier le peuple élu de dons que les autres ne pourraient obtenir, mais de faire d’Israël un témoin pour les Nations. Israël est le fils aîné, celui qui reçoit la vie en premier, avant qu’elle ne soit donnée aux autres, et devant montrer aux autres comment on l’accueille.

Telle est bien la vocation que Jésus accomplit, lui le Fils unique devenu frère aîné de la multitude des hommes. En lui, Dieu se révèle à tout homme.

Mais « tous devinrent furieux ». Jésus, ce Jésus qu’ils ont vu grandir et qu’ils connaissent si bien, ce Jésus qu’ils ont soutenu et qu’ils sont venus écouter, leur échappe. Au sortir de la synagogue, le murmure enfle. Au point de vouloir de le tuer.

Une telle attitude, tellement humaine, nous met mal à l’aise. Comment ne pas nous reconnaître ? Nous aussi, nous connaissons bien Jésus ; nous aussi, nous croyons trop souvent avoir des droits sur lui ; nous aussi, nous pensons que l’alliance dont nous sommes gratifiés devrait nous assurer le bonheur dès ici-bas. Nous aussi, nous avons souvent murmuré au sortir de nos oraisons, de nos assemblées liturgiques. Irions-nous jusqu’à vouloir le tuer ? Serions nous, nous aussi, capables de le tuer ? La question effraye.

« Mais lui, passant au milieu d’eux, allait son chemin ». Rien n’est inéluctable ; ce Jésus que nous souhaitons confusément maîtriser, connaît les chemins par lesquels il nous conduira à la Maison du Père. Une foule hostile ne pourrait l’arrêter. La mort elle-même ne pourrait l’arrêter. Il va son chemin. Il ne nous tourne pas le dos, mais il trace son chemin au milieu de nos refus. Il brise la cohésion de nos résistances à la grâce et ouvre le chemin de la liberté.

Cet évangile jette une lumière un peu crue sur nos obscurités. Quand Jésus vient, ce Jésus que nous disons aimer, quand la grâce passe, cette grâce que nous demandons à Dieu, une profonde colère peut se manifester, un désir irrépressible de rejeter le gêneur. Le vieil homme est un homme bien installé qui défend sa place. Mais rien ne peut détourner Jésus de sa volonté de nous sauver. Il déchire nos nuits, il nous guérit de nos enfermements en ouvrant le chemin de l’évangile.

Merci Seigneur de te rendre vainqueur de nos résistances et de nos hostilités. Merci pour l’alliance que tu scelles de ton sang. Donne-nous de nous désolidariser de la foule de nos murmures et de nous engouffrer dans le sillage de la grâce. Ouvre-nous les chemins du salut, fais de nous tes disciples bien-aimés.


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