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 - 16 avril 2024 - Saint Benoît-Joseph Labre
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Homélie

Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus, vierge

« L’Esprit lui-même affirme à notre esprit (dans la lumière de la foi), que nous sommes enfants de Dieu » (1ère lect.). Le but de la vie chrétienne est d’apprendre à vivre concrètement de cette réalité nouvelle instaurée par le Christ, et dont nous sommes devenus participants par le baptême.
L’Evangile de ce jour nous fait pressentir que la démarche n’est pas spontanée : « Amen, je vous le dis, insiste Jésus : si vous ne changez pas pour devenir comme les petits enfants, vous n’entrerez point dans le Royaume des cieux ». S’il nous faut « changer pour devenir », c’est que nous ne sommes pas encore des « enfants du Royaume ». Il ne s’agit donc pas de régresser vers un stade infantile que nous aurions déjà vécu, mais d’entrer dans le statut que nous avons acquis par notre appartenance au Christ. Certes entre la « naissance selon la chair » et la « naissance selon l’Esprit » il n’y a qu’une lointaine analogie, mais à travers elle, Jésus semble nous inviter à pousser plus loin la comparaison afin de découvrir le comportement à adopter.
Or l’enfant fait tout pour plaire à ses parents : il accepte de quitter le biberon, d’être propre, de marcher, de parler, etc. uniquement pour jouir de la joie de sa mère et renforcer le lien privilégié qu’il a noué avec elle. Au début de son cheminement, son obéissance est donc intéressée, puisqu’il cherche une gratification. Mais en grandissant il prend progressivement conscience que lui aussi peut donner gratuitement ; et il trouve en cette attitude une joie nouvelle qui l’incite à poursuivre sur cette voie, jusqu’à ce qu’il comprenne que l’amour est à lui-même sa propre récompense.
En nous proposant comme modèle un enfant, Jésus nous invite à accepter nous-aussi d’entrer dans l’obéissance de la foi n’ayant d’autre motif que de lui plaire, afin d’obtenir la gratification de son amour. Aimer notre prochain par amour pour lui est bien dans la ligne de ce que Notre-Seigneur enseigne : « Celui qui accueille en mon nom cet enfant, c’est moi qu’il accueille » (Lc 9,48). On nous objectera que dans ce cas nous n’aimons pas notre prochain pour lui-même, mais Jésus en lui ; certes, mais sommes-nous capables d’aimer en vérité, c’est-à-dire dans la gratuité ? N’est-il pas plus sage de nous mettre à l’école de l’Evangile, et de laisser l’Esprit nous conduire d’un amour de convoitise - le seul que nous connaissions dans notre nature blessée par le péché - à un amour de charité ? C’est en apprenant à aimer nos proches pour l’amour du Christ, que peu à peu nous découvrirons la gratuité du bel amour qu’il infusera en nos cœurs, et que progressivement nous aimerons notre prochain de l’amour même dont il les aime.
N’est ce pas ce chemin sur lequel la « petite » Thérèse a avancé à pas de géants ? En choisissant de tout faire pour plaire à Jésus, elle a peu à peu découvert que c’est en se donnant ainsi à son Seigneur qu’elle lui permettait d’aimer par elle, avec elle, en elle ; et que cette communion de charité était son bien le plus précieux, son héritage d’éternité que nul ne pourra lui ravir. « Puisque nous sommes enfants de Dieu, nous sommes aussi ses héritiers » (1ère lect.), et nous le sommes avec le Christ, qui est le Premier-né. C’est lui, le Fils aîné, qui a accepté d’être notre précepteur, avec la collaboration de l’Esprit Saint. Patiemment, jour après jour - si du moins nous nous laissons instruire - il nous enseigne par sa Parole afin que nous « grandissions en sagesse et en grâce, sous le regard de Dieu et des hommes » (Lc 3,52), et il nous donne sa force pour nous permettre de mettre en œuvre son commandement.
Jésus ne reproche pas aux disciples de vouloir être « grands » - voire « le plus grand dans le Royaume » ; mais il tente de leur expliquer qu’ils ne prennent pas le bon chemin pour y parvenir et qu’ils ne choisissent pas la grandeur qui leur est destinée. Dieu a pour nous des projets bien plus grands qu’une renommée éphémère sur cette terre ; c’est de sa propre gloire qu’il veut nous couronner, aux cieux, dans le Christ. Il est vrai que l’exigence du chemin nous fait peur : « nous sommes héritiers de Dieu avec le Christ, mais à condition de souffrir avec lui pour être avec lui dans la gloire » (1ère lect.). Notre confiance en Jésus va-t-elle jusqu’à accepter - sans tout comprendre - que la souffrance soit indispensable pour nous purifier du vieux levain de l’amour de convoitise qui pervertit toutes nos relations, et nous empêche d’accéder à la liberté filiale et à l’amour de charité ?

« Sainte Thérèse, toi qui a parfaitement su accueillir la grâce divine au cœur de l’ordinaire de ta vie, apprends-nous à nous ouvrir pleinement à Dieu, et à le laisser librement agir dans nos vies. Nous croyons que son dessein d’amour est infiniment plus “grand” que nos projets les plus ambitieux, puisqu’il veut nous rendre participants de sa propre sainteté ; donne-nous la force de l’obéissance de la foi, que nous ne mettions pas d’obstacle à l’action de l’Esprit et lui laissions réaliser tout ce qu’il voudra, pour la plus grande gloire de Dieu et le salut des âmes. »


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