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 - 28 mars 2024 - Saint Gontran
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Homélie

Férie de Carême

Une femme au centre d’un cercle essentiellement masculin. Elle a été surprise en flagrant délit d’adultère. Une femme, isolée, objet de débats et de mépris. Elle n’a pas de nom, le groupe n’échange aucune parole avec elle, elle est réduite à son péché : la femme adultère. Sa vie est suspendue à un souffle, elle risque la lapidation.

L’hypocrisie des accusateurs est magistralement révélée par saint Jean. Ils prétendent appliquer une loi à laquelle ils ne se soumettent pas eux-mêmes. Ils la considèrent comme un code formel qu’ils ne respectent pas et cherchent à piéger Jésus grâce à elle. Cette Loi est pourtant celle que Dieu a donnée pour conduire les hommes sur les chemins du bonheur ! Voici un triste exemple où l’Écriture, dissociée de la vie qu’elle protège, devient instrument de mort.

Jésus n’entre jamais dans les débats truqués. Mais plus que sa parole, un geste retient notre méditation de ce jour : Jésus écrit sur le sol. À ceux qui méprisent cette femme et l’Écriture, Jésus donne en signe un acte d’écriture. Il se baisse vers le sol et trace des caractères. Lesquels ? Forme-t-il un mot ? Une phrase ? Pourquoi saint Jean ne nous dit-il rien de ce qui est écrit ?

Car cela n’a pas d’importance. Le message n’est pas dans ces traits, il est ailleurs. La première efficacité de ces dessins par terre est de soulager la femme accusée. Grâce à eux, les regards des hommes qui la méprisent se détournent enfin d’elle et se posent sur ces lettres de poussière, sur Jésus. Lequel fait plus qu’attirer les regards : la menace de lapidation pèsera bientôt sur lui.

À ces hommes qui méprisent l’Écriture, Jésus montre aussi qu’elle désigne et révèle son auteur. Les traits tracés sur le sol sont indéchiffrables, mais ils orientent nos regards vers leur auteur. Jésus enseigne ainsi qu’au-delà de la Loi, il faut voir celui qui l’écrit. Penché sur le sol, Jésus montre Dieu écrivant, Dieu faisant le don de la Loi qui protège la vie.

Alors Jésus peut se relever. Il brise le cercle des accusateurs, il renvoie chacun à sa conscience. Alors, il ne reste plus que l’Homme et la femme, au milieu. La Femme est au milieu, en milieu divin, et l’Homme Nouveau y est avec elle, à ses côtés, comme autrefois au temps du Jardin de la Genèse.

Dans sa miséricorde, l’Homme Nouveau la refaçonne, il la refait à l’image et à la ressemblance de Dieu. Ceux qui l’avaient arrêtée au nom de la Loi ont disparu, Jésus la remet en marche au nom de la Loi de son pardon. « Va ». Femme, sors du cercle oppressant des accusations, sors de tes amours coupables qui t’ont maintenue captive, sors de la logique de mort qui fait chercher la vie où elle n’est pas. « Va », pour la première fois un amour t’ouvre les chemins de la liberté. « Va », la miséricorde de Dieu t’a libérée.

« Va et désormais ne pèche plus ». L’amour de Dieu ne libère pas seulement, il rend fort également. Il ne se limite pas à un dépassement de la faute commise, il possède la vertu de rendre saint. Jésus a de l’ambition pour nous. Il ne recommande pas à la femme « désormais ne trompe plus ton mari ». Il attend d’elle une perfection bien plus haute : « ne pèche plus ». Le Seigneur désire pour nous l’absolu. La miséricorde de Dieu, infiniment plus grande que toute faute, nous obtient cette perfection que Jésus attend. C’est le pardon de Dieu qui nous rend saint.

Jour après jour, l’Église nous prépare à entrer dans la semaine sainte. Nous découvrons par cet évangile qu’il lui importe particulièrement que nous percevions qu’au cœur de ces mystères, la tendresse et la miséricorde de Dieu s’offrent à nous. Aussi, gardons les yeux bien ouverts : au-delà du fil des événements, nous aurons à découvrir le Père qui écrit l’histoire de notre salut, l’Esprit qui grave en cœurs la Loi nouvelle de notre Sauveur.


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