Catholic.net International English Espanol Deutsh Italiano Slovensko
 - 28 mars 2024 - Saint Gontran
Navigation: Homélie

 

Homélie

Férie de Carême

La délibération « des chefs des prêtres et des pharisiens » est un modèle de démagogie. Ces messieurs reconnaissent que Jésus « accomplit un grand nombre de signes », et des signes suffisamment parlants pour provoquer un vaste mouvement de conversion : « si nous continuons à le laisser agir, tout le monde va croire en lui ». Mais au lieu de se pencher sur l’interprétation des faits à la lumière des Ecritures - ce qui était le ministère spécifique du Grand Conseil - les responsables religieux se soucient avant tout - et même uniquement - des éventuelles retombées politiques de l’affaire. L’intervention de Caïphe exprime tout haut ce que le groupe pensait sans oser le formuler : la raison d’Etat doit l’emporter sur le sort d’un individu particulier. Pour juguler la violence qui risque de déferler sur la collectivité, le Grand Prêtre, Pasteur du peuple élu, préconise de la détourner sur un bouc émissaire.
Jésus avait raison : « le berger mercenaire n’est pas le pasteur, car les brebis ne lui appartiennent pas : s’il voit venir le loup, il abandonne les brebis et s’enfuit ; le loup s’en empare et les disperse. Ce berger n’est qu’un mercenaire, et les brebis ne comptent pas vraiment pour lui. Ceux qui sont intervenus avant moi sont tous des voleurs et des bandits ; le voleur ne vient que pour voler, égorger et détruire » (Jn 10,8-13).
Pourtant l’évangéliste ajoute qu’en raison de son ministère de Grand Prêtre, c’est-à-dire de porte-parole de Dieu auprès du peuple, « ce que disait Caïphe ne venait pas de lui-même ; mais il fut prophète en révélant que Jésus allait mourir pour la nation ». Notre-Seigneur est en effet « le bon pasteur. Le vrai berger donne sa vie pour ses brebis. Personne n’a pu me l’enlever : je la donne de moi-même. J’ai le pouvoir de la donner, et le pouvoir de la reprendre : voilà le commandement que j’ai reçu de mon Père » (Jn 10,11.18). C’est en se servant de la malice des hommes, que Dieu va réaliser son dessein d’amour et « rassembler ses enfants dispersés ». Etonnant chassé-croisé entre la mort et la vie : c’est parce qu’il ressuscite Lazare que Jésus est condamné à mourir. Mais derrière ces apparences, le mouvement de la grâce est en réalité inverse : c’est parce que le Fils de Dieu accepte de mourir pour les enfants des hommes que ceux-ci peuvent revenir à la vie.
Dans la première lecture, le prophète Ezéchiel nous rapportait la série impressionnante d’initiatives par lesquelles le Seigneur prévoyait de restaurer son peuple dans l’Alliance. Au cœur de la péricope, retentit l’annonce d’un « berger unique », un roi-prêtre qui règnerait sur le peuple à nouveau rassemblé, et qui offrirait dans le sanctuaire un sacrifice agréable à Dieu. Le rapprochement de cette prophétie avec l’Evangile nous fait pressentir que celui qui « nous sauve en nous retirant des lieux où nous avons péché ; celui qui nous purifie et nous rétablit », n’est autre que Jésus, le Grand Prêtre de l’Alliance nouvelle et éternelle ; le Roi de gloire qui règne pour toujours sur le trône de David ; l’unique Berger, qui rassemble et conduit les brebis de la bergerie d’Israël ainsi que « d’autre brebis qui ne sont pas de cette bergerie : celles-là aussi il faut qu’il les conduise. Elles écouteront sa voix : il y aura un seul troupeau et un seul pasteur » (Jn 10,16).
Pour le moment, Jésus échappe au complot monté contre lui, car son Heure n’est pas encore venue. Notre-Seigneur se retire à proximité du désert, à une journée de marche de Jérusalem. Aucune mention cette fois, de foules qui seraient accourues. Tandis qu’on ne parle que de lui dans la Ville Sainte qui se prépare à la fête de Pâques toute proche et que les prêtres donnent des ordres pour l’arrêter, Jésus est seul avec ses disciples, les préparant à la grande épreuve. Puissions-nous les accompagner dans leur retraite, afin de puiser dans cette intimité la force de suivre fidèlement Notre Seigneur jusqu’au bout de sa course victorieuse.

« Seigneur chaque année tu nous donnes de revivre le mystère de notre Rédemption : accorde-nous de consentir à nous rassembler autour de ta Croix ; à nous laisser “racheter par toi des mains d’un plus fort” (Ct Jr), afin de nous réjouir avec toi au matin de Pâques, toi qui “change notre deuil en joie et nous console après la peine” (Ibid.). »


Accueil | Version Mobile | Faire un don | Contact | Qui sommes nous ? | Plan du site | Information légales