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 - 28 mars 2024 - Saint Gontran
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Homélie

Vendredi de la 2ème semaine

L’évangile se passe quelques jours avant la Pâque. Nous le méditons quelques jours après la Pâque parce que c’est à la lumière de la résurrection qu’on peut comprendre les signes et les enseignements de Jésus. Notre lecture est alors nourrie non seulement du témoignage de ceux à qui le ressuscité est apparu, mais de l’Écriture tout entière qui a trouvé en lui son accomplissement.

Ainsi, avant et après la Pâque, l’Écriture et la Parole orientent nos regards vers le matin de la résurrection, vers la victoire de la vie sur la mort. Un repas annonce cette victoire. Un repas pris sur la montagne, un repas partagé avec Dieu dans la familiarité restaurée. Le repas de l’agneau pascal, le don de la manne au désert, la Cène où le pain fut béni et rompu, l’eucharistie qui seule nourrit à satiété : avant et après la Pâque, le repas que le Seigneur nous prépare est lié à elle. Ce repas est pris sur l’herbe abondante, comme l’est l’herbe fraîche sur laquelle Dieu fait reposer son troupeau, dans le psaume 22. Ce jour-là sur la montagne, Jésus fait la promesse d’un repas qui donne la vie éternelle.

Jésus est centre de tout, il nous apparaît comme le maître de la vie. Saint Jean se plaît même à souligner l’ironie de la situation : « lui-même savait bien ce qu’il allait faire ». Jésus est en effet en avance sur tout le monde et il conduit les événements. C’est lui qui voit le besoin de la foule, c’est lui encore qui résout le problème et comble son manque. Si Jésus à l’initiative, s’il organise tout, il choisit pourtant d’associer ses disciples à son œuvre. Il appelle Philippe et écoute la proposition d’André. Jésus apporte la vie à la foule avec le concours des hommes.

Les pains d’orge qu’on apporte à Jésus pour le repas de tous, évoquent l’offrande rendue au temple. Le Messie est là, nouveau temple non fait de mains d’hommes, grand prêtre présidant à l’offrande qui plaît à Dieu. Jésus enseigne ainsi que son offrande est une action de grâce au Père. Il va maintenant rompre le pain, inviter à son banquet le monde entier. Douze paniers sont remplis, un pour chaque tribu de l’Alliance, un pour chacune des colonnes de la Nouvelle Alliance, douze pour la plénitude de l’humanité. Jésus offre le salut à tous les hommes de tous les temps et offre douze paniers pleins, débordement de sa générosité et invitation faite à tous d’entrer dans l’alliance de vie en partageant le pain béni.

Seigneur Jésus, tu nous mènes sur les verts pâturages où nous trouverons le repos, tu nous donnes en boisson et nourriture la vie éternelle. Philippe et André n’ont pas bien perçu les chemins que tu ouvres pour nous, ils sont restés perplexes face à leurs limites, à l’image de l’humanité impuissante à retrouver par elle-même sa grandeur perdue. Donne-nous de mettre notre joie dans le secours que nous tu apportes, dans la grâce que tu nous fais, qui nourrit la foule de cinq pains d’orge et de deux poissons. Et, par-dessus tout, donne-nous faim et soif de ce repas que tu nous sers, que nous goûtions ta vie en plénitude, chaque jour.


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