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 - 28 mars 2024 - Saint Gontran
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Homélie

Férie du Temps Pascal

« Quel signe vas-tu accomplir pour que nous puissions le voir et te croire ? » La quête des signes, la recherche du merveilleux, ne date décidément pas d’aujourd’hui ! La foule qui entoure Jésus est particulièrement exigeante : Notre-Seigneur vient de multiplier des pains, et cela ne lui suffit pas ? L’explication de cette intransigeance nous est donnée par certains midrashim apocalyptiques du judaïsme tardif, qui prophétisaient que le Messie nourrirait quotidiennement les hommes de la manne et les abreuverait d’eau vive.
Jésus essaye de faire passer ses interlocuteurs d’une lecture au premier degré, à une interprétation spirituelle du miracle, les invitant à un discernement de ce qui s’annonce sous le signe prophétique du pain offert en surabondance. Il commence par leur enjoindre de regarder au-delà de Moïse vers Dieu, qui seul peut donner de la manne au désert : « Ce n’est pas Moïse qui vous a donné le pain venu du ciel, mais c’est mon Père qui vous donne le vrai pain venu du ciel ».
Si Jésus détourne ainsi l’attention de cet illustre chef religieux, c’est parce qu’il ne se situe pas au même plan que lui. Notre-Seigneur est bien plus qu’un intermédiaire : il est le « vrai » pain, celui que préfigurait la manne ; il est le Verbe « qui descend du ciel et qui donne la vie au monde » ; il est la Parole de Dieu à laquelle obéissait Moïse et qu’il transmettait au peuple afin que celui-ci la mette en pratique. Origène soulignait déjà qu’il n’y avait pas une multiplicité de « logoï », mais un seul Logos : le Verbe, qui parlait par les prophètes, afin de préparer le mystère de son incarnation rédemptrice.
La manne tombait du ciel sur le camp d’Israël comme une rosée matinale, lui manifestant la bienveillance de son Dieu. Le « vrai pain » ne tombe pas du ciel : il en descend, librement, volontairement, pour nous dire l’amour du Père. Il ne vient pas pour rassasier une faim naturelle, mais pour « donner la vie au monde », sous-entendu : pour donner à ceux qui croiraient en son Nom, « de pouvoir devenir enfants de Dieu » (Jn 1,12).
Jésus utilise la même pédagogie que celle qu’il avait mis en œuvre avec la femme de Samarie : il réveille le désir de ses interlocuteurs : « Seigneur, donne-nous de ce pain-là, toujours » ; « Seigneur, donne-la-moi, cette eau : que je n’aie plus soif » (Jn 4,15). Et de même qu’il répondait solennellement à la Samaritaine qui l’interrogeait sur la venue du Messie : « Moi qui te parle, je le suis » (Jn 4,26), de même il révèle à la foule : « Moi, je suis le pain de vie. Celui qui vient à moi n’aura plus jamais faim ; celui qui croit en moi n’aura plus jamais soif ». La seconde partie de cette proclamation, qui fait réapparaître le thème de l’eau à travers celui de la soif, justifie le rapprochement que nous venons de faire avec l’épisode de la femme de Samarie.
La faim et la soif renvoient aux besoins essentiels de toute vie. Or Notre-Seigneur se présente comme étant le seul qui puisse nourrir et abreuver de manière définitive. C’est en « venant à lui » que nous serons rassasiés ; c’est en « croyant en lui » que notre soif sera étanchée. Toute autre nourriture spirituelle que sa Parole s’avèrera décevante ; toute autre boisson que l’Eau vive de l’Esprit, ne nous abreuvera pas durablement.
Si le Christ ne nous suffit plus - comme c’est hélas le cas de nos jours pour beaucoup de frères et sœurs dans la foi, qui éprouvent le besoin d’ « enrichir » leur christianisme de doctrines et de pratiques étrangères - n’est-ce pas parce que nous ne lui sommes plus suffisamment proches ? Parce que nous ne nous situons plus dans cette attitude du disciple, qui s’attache à son Maître dans la radicalité et l’exclusivité qui caractérise tout amour authentique ? Parce que nous ne nous nourrissons plus de ses dons ? Parce que nous ne nous laissons plus combler par son amour ?
« Passez jusqu’aux rivages de l’occident, et regardez ; envoyez faire des recherches en orient, et examinez si pareille chose s’est jamais vue ! Est-ce qu’une nation a jamais changé ses dieux ? Et ce ne sont même pas des dieux ! Mon peuple, lui, a changé celui qui est sa gloire contre des dieux sans pouvoir. Cieux, soyez-en consternés, horrifiés, épouvantés ! Mon peuple a commis un double péché, déclare le Seigneur : ils m’on abandonné, moi, la source d’eau vive, et ils se sont creusé des citernes : des citernes fissurées, qui ne retiennent pas l’eau ! » (Jér 3, 10-13).

« Père très saint, “sur ton serviteur, que s’illumine ta face” (Ps 30) ; “rempli moi de ton Esprit” (1ère lect.), que je puisse voir moi aussi dans la foi, “Jésus debout à ta droite dans ta gloire” (Ibid.). Avec Etienne je pourrai alors prendre ma place dans cette longue lignée de martyrs qui ont confessé ton nom et qui le confesseront encore, jusqu’au Jour béni où ton Fils viendra manifester pleinement ton Règne, dans lequel tu “essuieras toute larme de nos yeux” (Ap 21,4). »


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