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 - 24 avril 2024 - Sainte Marie-Euphrasie Pelletier
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Homélie

Férie du Temps Pascal

« Comment cet homme-là peut-il nous donner sa chair à manger ? » Etonnement et ironie se mêlent dans cette interrogation qui suscite une discussion entre les Juifs qui écoutaient Jésus. Comme seule réponse, Notre-Seigneur se fait plus insistant encore : il n’invite pas seulement à « manger sa chair » - ce que l’on peut entendre en termes de l’identification d’un disciple à son maître - mais il ajoute l’exigence de « boire son sang » comme condition pour « avoir la vie en nous ».
Les hommes auxquels il s’adresse possèdent la vie naturelle ; ce n’est donc pas de celle-là que leur parle Jésus. Il s’agit dès lors d’une autre vie, dont Jésus serait porteur, et que nous ne pourrions nous approprier qu’en consommant sa chair et son sang. La comparaison avec un aliment ordinaire que nous prenons régulièrement pour entretenir notre vie biologique ne tient pas, car nous ne pouvons nourrir ce que nous ne possédons pas encore : nous sommes invités à « manger la chair et boire le sang » du Fils de l’homme pour « avoir la vie en nous », c’est-à-dire pour l’accueillir comme un bien précieux que nous enfouissons au plus profond de nous-même.
Il est certain que la proposition, aussi étrange qu’elle puisse apparaître, nous intéresse au plus haut point, même si nous prenons des airs sceptiques, comme devaient le faire les interlocuteurs de Jésus. Pouvoir renflouer gratuitement notre capital de vie n’est pas une offre à dénigrer sans l’avoir sérieusement prise en compte ! Mais quelle est donc cette vie nouvelle, que nous pourrions « ajouter » à celle qui se dévide inexorablement jour après jour ?
Ce que le Seigneur nous propose, ne saurait être une participation à sa vie biologique : cette vie là demeure par définition incommunicable. Il s’agit donc d’une autre vie, cachée dans la première, et qui se libèrerait au profit de celui qui accepte de manger la chair et de boire le sang du Fils de l’Homme. La séparation de la « chair » et du « sang » suggère que ce don se ferait à travers la mort, et plus particulièrement une mort sacrificielle : le sang de la victime offerte en sacrifice était recueilli pour être offert en libation sur l’autel.
Ainsi donc Jésus suggère que de l’une ou l’autre manière, nous aurions à communier à un repas sacrificiel, dans lequel il serait la victime offerte, et que par ce biais, « nous demeurerions en lui, et lui demeurerait en nous ». Nous nous serions attendu à la formulation inverse, à savoir que Jésus demeurerait d’abord en nous, puisque c’est nous qui le consommons ; suite à quoi nous demeurerions également en lui. L’inversion souligne que l’initiative est totalement de son côté : nous serons incorporés en celui que nous mangeons. Dès lors, si la victime garde l’initiative, c’est donc qu’elle n’est pas morte, ou du moins que la mort biologique n’est qu’un aspect d’une réalité plus complexe dont les apparences sont trompeuses.
« De même que le Père qui est vivant, m’a envoyé, et que moi je vis par le Père, de même aussi celui qui me mangera vivra par moi ». Dans ce contexte où il est avant tout question de mort, ce verset résonne comme un cri de victoire ! Jésus est donc porteur d’une vie mystérieuse, cachée aux yeux de ses interlocuteurs, mais qui va se libérer par sa mort sacrificielle, et qu’il promet de communiquer à tous ceux qui communient à son corps et à son sang, sacramentellement offerts sous les espèces du pain et du vin eucharistiques.
Cette vie, il ne la tire pas de sa nature humaine, mais il la reçoit immédiatement de la Source de toute vie, du « Père qui est vivant », c’est-à-dire de Dieu lui-même. Jésus s’affirme non seulement comme Fils de Dieu - seul le Fils vit de la vie de son Père - mais encore comme celui qui a pouvoir de transmettre sa propre vie, de donner part à sa vie filiale à ceux qui acceptent de « manger sa chair et boire son sang ».
« L’efficacité salvifique du sacrifice de la Croix se réalise en plénitude dans la communion, nous enseignait Jean-Paul II, quand nous recevons le corps et le sang du Seigneur. Le Sacrifice eucharistique tend en soi à notre union intime, à nous fidèles, avec le Christ à travers la communion : nous le recevons lui-même, lui qui s’est offert pour nous, nous recevons son corps, qu’il a livré pour nous sur la Croix, son sang, qu’il a “répandu pour la multitude, en rémission des péchés” (Mt 26,28). »
« Tel est le pain qui descend du ciel : il n’est pas comme celui que vos pères ont mangé. Eux, ils sont morts ; celui qui mange ce pain vivra éternellement ». Le Verbe est « descendu du ciel » ; « en lui était la vie » (Jn 1,4) et la « lumière » de cette vie divine s’est immergée dans « les ténèbres » de notre chair, pour triompher de la mort qui nous tenait captifs et nous donner part à son immortalité. Ce « mystérieux échange » demeure présent, « efficace », dans le très Saint Sacrement de l’Eucharistie : « Si la coupe qui a été mélangée, et si le pain qui a été fait, reçoivent le Verbe de Dieu, et deviennent l’Eucharistie du Sang et du Corps du Christ, qui fortifie et affermit notre substance, comment peut-on dire, demande saint Irénée, que la chair est incapable de recevoir le don de Dieu qui est la vie éternelle, alors qu’elle est nourrie par le Sang et le Corps du Christ, et en est le membre, comme le dit le bienheureux Apôtre dans son épître aux Ephésiens : “Nous sommes les membres de son Corps, formés de sa chair et de ses os ” (Ep 5,30) ? »

« Sois béni, Père, de continuer à nous livrer ton Fils dans chaque Eucharistie. Sois béni Jésus pour ce mystère d’amour par lequel nous pouvons demeurer en toi et tu demeures en nous. Sois béni Esprit Saint qui te communique à nous lorsque nous mangeons le Pain et buvons le Vin sur lesquels tu as été invoqué. Nous ne pouvons rien vous offrir en retour que notre pauvre reconnaissance et l’obéissance de notre foi : aussi voulons-nous nous approcher avec confiance de la Table où tu nous nourris, Père, de la divine humanité de ton Fils unique, afin de nous rendre participants de sa vie dans l’Esprit. »


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