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 - 28 mars 2024 - Saint Gontran
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Homélie

Férie du Temps Pascal

Le Seigneur Jésus a un grand désir : il veut que nous soyons amis. Voilà une belle occasion de remettre de l’ordre dans notre relation avec lui ! Il est si facile de s’encombrer de révérences qui l’isolent dans son Ciel et de familiarités qui prétendent le mettre à notre service. La principale qualité de notre relation à Dieu doit au contraire être la simplicité, celle dont le Seigneur lui-même fait preuve envers nous, une simplicité qui garde la distance nécessaire entre deux amis et qui permet d’êtres proches de façon intense.

Ainsi Jésus ne veut-il pas que nous restions dans l’ignorance concernant ses projets, sa personne, sa mission : « tout ce que j’ai appris de mon Père, je vous l’ai fait connaître ». Pour Jésus, partager ces choses-là fonde l’amitié.

La beauté et la grandeur de cette amitié sont également liées à sa gratuité. En effet, le Seigneur dit « je ne vous appelle plus serviteurs » (en grec « esclaves ») ; c’est-à-dire que tel est notre état. Selon notre échelle de valeurs, il est le maître et nous ne sommes rien devant lui. Mais le Seigneur n’est évidemment pas le maître que nous serions. Il est le maître de la vie. Aussi quand il nous appelle, ce n’est pas à exécuter servilement sa volonté, mais à partager sa vie et son bonheur, pour la gloire de notre Père : « Ce n’est pas vous qui m’avez choisi, c’est moi qui vous ai choisis et établis afin que vous partiez, que vous donniez du fruit, et que votre fruit demeure ».

Donc, quand le Seigneur nous laisse des commandements, nous pouvons les accueillir avec reconnaissance. Ils ne peuvent être un asservissement ou une aliénation à la volonté d’un puissant ; ils sont les garants de notre croissance, le moyen de porter de beaux fruits qui demeurent.

Et effectivement, Jésus nous donne un commandement : « mon commandement, le voici : aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés ». Son commandement, c’est l’amour. Il est important de se le redire. Non seulement parce qu’il est facile d’écouter le mauvais esprit qui travestit les paroles du Seigneur, mais parce que le dire nous aide à réaliser que ce que Jésus nous demande est ce que nous désirons le plus profondément, plus que tout et par-dessus tout. Or grâce à Jésus, nous allons vivre ce désir profond, mais plus encore, nous le vivrons dans une dimension a priori inconcevable. Non seulement nous allons aimer, mais nous allons aimer comme il nous aime. Nous, simples humains, serviteurs du Très-Haut, nous allons aimer comme Dieu lui-même aime.

Aussi Jésus nous explique-t-il comment il aime : « Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis ». Cette radicalité est toujours déroutante et impressionnante. Assurément, on ne peut demander une telle chose à des serviteurs. Jésus le confirme : « Vous êtes mes amis si vous faites ce que je vous commande ». Ainsi, nous ne sommes pas des serviteurs dont le maître se serait pris d’amitié. Nous sommes des indignes serviteurs élevés au rang d’ami, de frère, de partenaire, de notre Seigneur. Jésus veut nous sauver, mais pas sans nous. Jésus veut nous aimer, mais pas sans nous rendre capable du même amour dont il nous aime. Jésus désire nous voir unis dans son amour, et il donne sa vie pour nous ouvrir le chemin et nous inviter à le suivre.

Merci Seigneur de cette amitié si belle et si pure. Nous en sommes bien indignes. Accueille la pauvre expression de notre reconnaissance et garde-nous toujours fidèle à ton commandement d’amour. Donne-nous de nous aimer les uns les autres et de porter un fruit qui rende gloire à Dieu notre Père.


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