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 - 16 avril 2024 - Saint Benoît-Joseph Labre
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Homélie

6e dimanche de Pâques

Le discours de Jésus à ses disciples a lieu « à l’heure où Jésus passait de ce monde à son Père ». Le détail n’est pas sans importance, il attire spontanément notre attention. Nous sommes à la veille de la Passion, nous imaginons sans peine les dispositions intérieures des disciples, nous devinons très bien quelles pouvaient être leurs inquiétudes à quelques heures de la mort du Seigneur.

De fait, les paroles de Jésus laissent entendre que Jésus s’exprime dans un climat de crainte. Il parle d’invoquer un défenseur, ce qui prouve bien que le climat est hostile, et il parle de ne pas laisser les disciples orphelins, évocation claire d’une des plus douloureuses séparations qui soient.

La question est : pourquoi évoquer ces heures sombres au cœur de temps pascal ? Pourquoi nous montrer la crainte des disciples à la veille de la Pentecôte, c’est-à-dire à la veille d’annoncer l’évangile aux Nations ? Peut-être parce que le Saint-Esprit est présenté dans ce texte, mais il y a bien d’autres textes que celui-ci pour évoquer le Saint-Esprit. La question demeure. Essayons donc de suivre le discours de Jésus pas à pas…

« Si vous m’aimez, vous resterez fidèles à mes commandements ». Le discours s’ouvre sur une difficulté. Cette phrase n’est pas très simple ; elle peut vouloir dire : il vous suffit de m’aimer et, immédiatement, mes commandements seront gardés. « Si vous m’aimez, vous resterez fidèles à mes commandements », c’est-à-dire : en aimant Jésus, on est fidèle à ses commandements ; les commandements que Jésus nous laisse, consistent à l’aimer. Mais il y a aussi une autre façon de comprendre ce verset : si vous m’aimez, cela prouvera que vous respectez mes commandements. Aimer Jésus ne va pas de soi, la preuve de l’existence de cet amour sera donnée si ses commandements sont respectés.

Quoiqu’il en soit, ce verset établit un lien entre les commandements de Jésus et l’amour qu’on lui porte. En outre, nous pouvons certainement le lire comme une parole destinée à dissiper la crainte des disciples. Les disciples n’ont pas à craindre de ne pas rester fidèle à l’enseignement de Jésus quand il leur sera enlevé, car ils continueront à lui être fidèles grâce à leur amour pour lui. A la fin de l’évangile, Jésus conclut en effet : « Celui qui a reçu mes commandements et y reste fidèle, c’est celui-là qui m’aime ».

Ensuite Jésus s’engage personnellement : « Moi, je prierai le Père ». Il prend ses responsabilités, il fait ce qu’il a faire. L’argument est massif et devrait rassurer ; si Jésus intercède pour nous, qu’avons-nous à craindre ?

« Je prierai le Père et il vous donnera un autre Défenseur ». Un défenseur. En faisant cette prière, Jésus montre qu’il se soucie de la défense des disciples, il montre qu’il est lui-même un défenseur. Voilà pourquoi il parle d’un « autre défenseur ». Mais sa demande implique aussi autre chose. Elle veut dire qu’à travers le procès tout proche de Jésus, un autre procès se dessine, celui où les disciples de Jésus seront eux-mêmes accusés, pour leur foi au Fils de Dieu crucifié et de nouveau vivant. Ce terme de Défenseur, d’Avocat, ou encore de Paraclet, mérite donc l’attention. En milieu judiciaire juif, l’avocat ne tenait pas de plaidoirie, mais il assistait son client et le conseillait au fur et à mesure tandis qu’il parlait lui-même pour tenter de se défendre. Cela laisse entrevoir quelque chose de la nature de l’Esprit-Saint. Il soutient les disciples pour des actes de parole comme le fait une personne et non comme interviendrait une force anonyme ni comme une volonté extérieure pourrait supplanter la liberté des disciples. L’Esprit-Saint parle pour aider, aux disciples de choisir d’écouter ses conseils.

Mais comment le connaître, comment le recevoir ou simplement comment voir cette personne qu’est l’esprit de vérité ? Il y aurait bien de quoi s’inquiéter, puisque « le monde est incapable de le recevoir, parce qu’il ne le voit pas et ne le connaît pas ». « Mais vous, ajoute fort heureusement Jésus, vous le connaissez ». Nous pouvons être rassurés. Mais est-ce que cela nous aide à mieux cerner l’Esprit-Saint ? Pas vraiment. Les renseignements sont assez maigres. Nous savons qu’il s’agit d’un Défenseur et nous savons aussi qu’il n’est pas encore reçu, puisque Jésus priera le Père de l’envoyer : « il vous donnera un autre Défenseur qui sera pour toujours avec vous ». Jésus s’exprime clairement au futur. Pourtant, l’Esprit-Saint est déjà connu : « mais vous, vous le connaissez, parce qu’il demeure auprès de vous, et qu’il est en vous ». Non seulement celui qui doit nous être envoyé par le Père est déjà auprès de nous, mais il est aussi en nous. Evidemment Jésus ne se contredit pas et ne dit pas de choses impossibles. Il est même particulièrement intéressant de noter qu’en priant le Père pour qu’il donne son Esprit qui est déjà là, Jésus fait ce que qu’il invite d’autres à faire. Il demande l’Esprit et d’autres auront à en faire autant. Nous avons tous à en faire autant. Cela veut dire que même lorsqu’on a déjà reçu l’Esprit-Saint, il y a encore à demander et encore à recevoir l’Esprit-Saint. Autrement dit, la Pentecôte prochaine sera pour nous le jour où l’Esprit-Saint sera demandé au Père par et où nous le recevrons par le Fils, à nouveau et encore. Heureuse perspective.

Mais revenons à notre enquête. Jésus, dans son discours, se montre très rassurant. Mais quelle crainte cherche-t-il à effacer ? Nous avons un nouvel indice quand il dit : « je ne vous laisserai pas orphelin ». Les disciples éprouvent bien une crainte, celle d’être orphelin, c’est-à-dire une crainte qui concerne le Père. C’est pourquoi Jésus ajoute : « je viens avec vous ». Il ne vient pas vers vous comme le Père, puisqu’il est le Fils, mais justement comme Fils, selon la relation qu’il entretient avec son Père. Nous touchons là au but. La crainte fondamentale des disciples à la veille de la séparation d’avec le Christ est de ne plus savoir vivre comme des fils ; ils connaissent la fragilité de l’homme et redoutent que le mystère de la vie filiale leur échappe définitivement. Voilà pourquoi Jésus promet l’Esprit de vérité, l’Esprit qui permet de voir et de se tenir en vérité devant Dieu, l’Esprit qui fait de nous des fils. « En ce jour-là, continue Jésus, vous reconnaîtrez que je suis en mon Père, que vous êtes en moi, et moi en vous ». En ce jour-là, en ce jour où l’Esprit sera pour toujours auprès des disciples, avec eux et en eux, d’une présence invisible, ils connaîtront intérieurement le salut réalisé par Jésus-Christ : la vie filiale restaurée. Ils recevront le fruit du salut qu’est l’Esprit-Saint et ils goûteront la joie du salut qui est d’être des fils dans le Fils.

« Celui qui a reçu mes commandements et y reste fidèle, c’est celui-là qui m’aime ; et celui qui m’aime sera aimé de mon Père ; moi aussi je l’aimerai, et je me manifesterai à lui ». Dans cette conclusion, Jésus récapitule notre parcours et en donne la clé : s’il y a une seul crainte à avoir, c’est d’être séparé du Fils et de ne pas connaître l’amour du Père. Ainsi, en observant les commandements de Jésus, ses paroles, le disciple participe à son mouvement filial vers le Père. Et maintenant c’est le Père qui vient en l’homme en envoyant son Fils en lui par l’Esprit. Pour recevoir du Père le don de l’Esprit et le connaître, il faut garder les commandements de Jésus. Et le rôle de l’Esprit est d’assister les disciples pour en faire les témoins des paroles de Jésus.

Seigneur Jésus, nous t’en prions, demande pour nous l’Esprit au Père, que restions à jamais tes disciples, ceux qui vivent de ton Esprit et connaissent la joie que seul ton salut nous procure : nous tourner vers notre Dieu et l’appeler « Abba, Père ».


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