Homélie
Rogations
« Aucun de vous ne me demande : où vas-tu ? ». Cette question de Jésus étonne car quelques versets plus haut Pierre lavait déjà posée : « Seigneur où vas-tu ? » (Jn 13,36) et Thomas avait même renchéri : « Seigneur nous ne savons même pas où tu vas, comment en connaîtrions-nous le chemin ? (Jn 14,5) ». Certains exégètes y voient une trace de la complexité du discours dadieu de Jésus mais nous pouvons aussi accueillir cette redondance comme une invitation adressée aux disciples à réveiller leur désir. Jésus veut leur faire comprendre que son départ nest pas une perte, bien au contraire. Il est mieux pour eux quil sen aille car ils auront alors non seulement un défenseur mais aussi un interprète pour mieux le comprendre. En effet, ce nest que dans lEsprit que les disciples pourront avoir une véritable intelligence du mystère de la personne du Seigneur. Mais pour que vienne lEsprit, Jésus doit sen aller, remonter auprès du Père.
Certes, Jésus a donné à ses disciples lessentiel de la révélation ; mais cest lEsprit qui les introduira à la plénitude de sens de ses paroles et de ses gestes. Seulement, pour accueillir cette vérité, il faut être aussi en vérité avec soi-même. Voilà pourquoi avant de conduire les disciples « jusquà la vérité toute entière », lEsprit fera la vérité en eux.
Tout dabord, il mettra en lumière le péché du monde et les complicités des hommes avec lui : « Il dénoncera lerreur du monde sur le péché, sur le bon droit, et sur la condamnation ». Il dévoilera le péché suprême, qui pour saint Jean est le refus de croire en lEnvoyé du Père et qui se manifeste dans la mise à mort du Fils.
Ensuite, il fera justice à Jésus en montrant que sa mort est exaltation à la droite du Père. Apparaîtra alors la malice de sa « condamnation » car en effet comment le Père pourrait-il accueillir auprès de lui un blasphémateur ! Cette découverte de la correspondance entre la mort de Jésus et son exaltation à la droite du Père est bien mise en lumière dans le quatrième évangile, tout particulièrement lorsque le disciple que Jésus aimait se trouve devant le tombeau vide : « Il vit et il crut » (Jn 20,8) nous dit saint Jean. Il voit l’absence et croit en l’exaltation du Fils de l’Homme, conformément à ce qu’avaient annoncé les Ecritures et quil ne comprenait pas encore (Jn 20,9).
Enfin, lEsprit prononcera la sentence de jugement qui est la condamnation de celui qui paradoxalement croyait avoir triomphé : « Il montrera où est la condamnation, car le prince de ce monde est déjà condamné. »
Ce triple témoignage de lEsprit nous pousse aujourdhui encore à dénoncer devant le monde le péché dincrédulité et à témoigner à notre tour que ce Jésus qui a été crucifié, a été glorifié dans sa résurrection et son ascension manifestant par là quil est bien notre Seigneur et notre Sauveur.
Mais lévangile nous rappelle aussi que nous ne serons crédibles que dans la mesure où nous montrerons par notre conversion que le « prince de ce monde » a été rejeté hors de nos vies.
« Que lEsprit Saint nous libère de toutes nos complicités avec lesprit du monde pour que nous puissions entrer chaque jour davantage dans la liberté des fils de Dieu et devenions ainsi des témoins dignes de confiance de la Bonne Nouvelle que nous annonçons. »