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 - 16 avril 2024 - Saint Benoît-Joseph Labre
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Homélie

Férie

Nous poursuivons notre méditation du discours sur la Montagne, qui constitue la charte des disciples de Jésus. Les foules qui écoutent Notre-Seigneur attendaient un événement qui viendrait changer le cours des choses : depuis trop longtemps déjà le joug romain pesait sur leurs épaules ; les chefs religieux ne leur étaient plus d’aucune utilité, trop préoccupés qu’ils étaient d’assurer leur pouvoir au prix de compromissions inacceptables avec l’occupant. Cela ne pouvait plus durer : pour sûr Dieu allait intervenir et mettre fin à ce monde, pour faire surgir de ses ruines un royaume de justice et de paix. Ce serait précisément l’œuvre du Messie annoncé par les prophètes…
Jésus épouse cette attente eschatologique ; il la confirme même en annonçant la proximité du Royaume de Dieu, voire sa présence actuelle en sa personne. Mais le paradoxe réside dans les circonstances de sa venue et dans la nouveauté qu’il instaure. Il ne viendra pas avec puissance, écrasant devant lui les oppresseurs militaires, mais il surgira dans l’aube de Pâques, après l’échec apparent du vendredi saint, comme le premier rayon de soleil d’un jour qui ne finira pas, mais qui pour le moment, ne fait que commencer sa course victorieuse.
La section que nous lisons ces jours-ci explicite le verset d’introduction : « Si votre justice ne surpasse pas celle des scribes et des pharisiens, vous n’entrerez pas dans le Royaume des cieux » (Mt 5,20). Jésus poursuit l’énumération de la liste des comportements à modifier radicalement, c’est-à-dire à la racine. Les trois propositions abordées dans notre péricope concernent la justice requise dans le rapport de l’homme à la femme - ce qui laisse supposer soit que la majorité de son auditoire est masculin ; soit que les femmes adoptent spontanément l’attitude que Jésus préconise.
Notre-Seigneur va plus loin, beaucoup plus loin que les prescriptions légales chargées de protéger la famille, et par là l’équilibre social. La condamnation de l’adultère est l’aspect négatif d’une exigence de fidélité absolue à l’amour qui est dû à l’épouse légitime, cette sœur en humanité avec qui l’époux a contracté une alliance, afin qu’ensemble ils reproduisent l’image du Créateur au sein du monde créé (cf. Gn 1, 27). Leur union n’est pas seulement formelle ou contractuelle : lorsque le livre de la Genèse précise : « L’homme quittera son père et sa mère, il s’attachera à sa femme, et tous deux ne feront plus qu’un » (Gn 2, 24), il ne s’agit pas seulement d’une union des corps mais de toute leur personne. Le consentement à la convoitise des yeux, qui entraîne l’homme à désirer dans son cœur une autre femme, est déjà une injustice envers son épouse, même si la Loi ne la sanctionne pas explicitement.
Le Royaume eschatologique que Jésus vient inaugurer, est celui des fils et des filles de Dieu qui sont appelés à dire « Notre Père » (Mt 6,9), et qui sont dès lors invités à adopter son comportement : « Vous donc, soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait » (Mt 5,48). La justice requise pour y entrer consiste à rendre à chacun ce qui lui est dû dans un renoncement total à soi : « Tout ce que vous voudriez que les autres fassent pour vous, faites-le pour eux, vous aussi » (Mt 7,12). Cette conversion au désir de l’autre et aux exigences de l’amour vrai, exige de nous une vigilance de chaque instant et un véritable combat contre nous-même, contre le « vieil homme » et ses convoitises. Les expressions quelque peu provocantes utilisées par Jésus expriment de manière « tranchante » la nécessité de jeter au loin ce qui nous pousse à des relations fusionnelles, captatives, et par le fait même inauthentiques, car ne respectant pas l’autre dans son altérité. Cette « mutilation » de notre concupiscence est une exigence de la justice, une condition de l’amour, et donc de l’accès au Royaume.

« Seigneur, donne-nous de “nous laisser conduire par l’Esprit” (Ga 5,18), de “vivre sous sa conduite, afin de ne plus obéir aux tendances égoïstes, qui s’opposent à l’esprit” (Ga 5,16-17). Donne-nous le courage de “crucifier en nous la chair avec ses passions” (Ga 5,24), afin de vivre de ton Esprit, dans la liberté, la paix et la charité des fils et des filles de Dieu.


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