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 - 24 avril 2024 - Sainte Marie-Euphrasie Pelletier
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Homélie

Férie

« Ne jugez pas et vous ne serez pas jugés ». Avouons que spontanément, nous sommes plus portés à juger les autres qu’à corriger nos propres défauts. L’image de la paille et de la poutre utilisée par Jésus explicite bien cela : « Qu’as-tu à regarder la paille dans l’œil de ton frère, alors que la poutre qui est dans ton œil, tu ne la remarques pas ? […] Esprit faux ! Enlève d’abord la poutre qui est dans ton œil, alors tu verras clair pour retirer la paille qui est dans l’œil de ton frère. »

Jésus ne dit pas qu’il faut fermer les yeux sur les défauts de l’autre. Non, il dit seulement qu’avant de porter un jugement, il s’agit de se convertir. Je dois d’abord enlever la poutre qui est dans mon œil. Autrement dit, quand je vois quelque chose qui ne va pas, qui ne me semble pas juste chez mon frère, avant de lui dire quoi que ce soit, je dois en premier lieu m’interroger sur ce qui chez moi pourrait aussi ne pas être droit et ajusté. Ce n’est que dans la mesure où j’aurai accepté de voir et d’enlever la poutre qui est dans mon œil que je pourrai discerner la paille qui est dans l’œil de mon frère.

Ajoutons que la poutre dans mon œil n’est pas considérée par le Seigneur comme une éventualité dans la parabole, c’est un fait affirmé. Nous risquerions fort bien de souffrir des mêmes maux que nos frères. Voilà pourquoi « le jugement que nous portons contre les autres » – concernant telle ou telle faute – « sera porté aussi contre nous » - puisque nous-mêmes la commettons.
Autrement dit, Jésus nous invite à nous inscrire nous-mêmes dans le champ d’application des condamnations que nous portons sur nos frères. C’est cela le début de la conversion.

« Ne pas juger » ne signifie donc pas se taire sur ce qui va mal chez son frère. Cela reviendrait à le laisser enfermé dans son péché. Non, « ne pas juger » signifie ne pas faire l’économie de sa propre conversion avant de porter un discernement sur ce qui est mal chez l’autre. C’est même la condition indispensable pour que mon jugement revête un caractère d’objectivité et surtout qu’il soit empreint de miséricorde. Saint Augustin nous dit : « Lors donc que nous serons obligés de faire une réprimande, faisons-nous d’abord cette question : N’ai-je jamais commis cette faute ? Et pensons alors qu’étant aussi des hommes fragiles, nous aurions pu la commettre. Si nous en avons été coupables, et que nous ayons cessé de l’être, rappelons-nous notre commune fragilité, afin que notre réprimande soit inspirée non par la haine, mais par la miséricorde. Mais si nous découvrons en nous ce même péché, abstenons-nous de tout reproche, confondons nos gémissements et excitons-nous mutuellement à de courageux efforts pour en sortir. Ce n’est du reste que rarement et lorsqu’il y a nécessité pressante qu’il faut employer les réprimandes sévères, et jamais dans des vues personnelles, mais dans l’intérêt de la gloire de Dieu. »

Jésus fait ressortir également la démesure de nos jugements : « La mesure dont vous vous servez pour les autres servira aussi pour vous ». Il est vrai que nous sommes très habiles à nous trouver des circonstances atténuantes pour justifier nos égarements, alors que nous demeurons d’une intransigeance froide pour les écarts de notre prochain. Saint Jean Chrysostome nous dit : « On connaît mieux ce qui est en soi, que ce qui se passe chez les autres ; on voit plus facilement ce qui est grand que ce qui est petit ; et on a pour soi plus d’affection que pour son prochain. C’est pour cela que Notre-Seigneur défend à celui qui s’est rendu esclave de fautes nombreuses, de juger avec amertume les péchés des autres, alors surtout qu’ils sont légers. Ce n’est pas qu’il nous interdise la correction ou la réprimande ; mais il ne veut pas qu’en fermant les yeux sur nos propres fautes, nous poursuivions avec sévérité les fautes des autres. Commencez par examiner avec soin votre propre conduite, avant de discuter la conduite du prochain. » Une question à nous poser ici pourrait être la suivante : « Serais-je prêt à recevoir la correction fraternelle du prochain que je reprends ? »

Jésus ne nous défend pas d’exercer la correction fraternelle mais il nous appelle à purifier notre intention. Quel est le souci qui m’habite lorsque je veux corriger tel ou tel ? Le désir de sa sanctification ? En tout cas, ma parole pour lui n’aura de poids et ne le portera à changer que dans la mesure où elle sera animée par l’humilité de me savoir aussi pécheur que lui et aussi nécessiteux que lui de la miséricorde divine. Saint Jean Chrysostome nous dit encore : « Reprenez, à la bonne heure, non pas comme un ennemi qui veut se venger, mais comme un médecin qui cherche à guérir. »

« Seigneur Jésus, donne-nous la grâce de reconnaître avec réalisme nos pauvretés et nos égarements. Alors la correction fraternelle que nous exercerons envers notre prochain n’aura pas le goût de l’orgueil mais celui de l’humble devoir de la charité fraternelle qui seule est capable de nous conduire au Royaume de Dieu. »


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