Homélie
Férie
« Les invités de la noce pourraient-ils donc jeûner, pendant que l’Époux est avec eux ? Tant qu’ils ont l’Époux avec eux, ils ne peuvent pas jeûner. » A plusieurs reprises, lAncien Testament présente Dieu comme lépoux dIsraël, généralement dans des promesses à venir. Dans Isaïe nous lisons ces paroles : « Ton créateur est ton époux, Yavhé Sabbaot est son nom, le Saint dIsraël est ton rédempteur, on lappelle le Dieu de toute la terre. » (Is 54 , 5)
Avec la venue dans notre chair du Verbe de Dieu, ces Noces tant attendues entre Dieu et son peuple se sont enfin réalisées, étendues même jusquà lhumanité tout entière. Pour mieux faire comprendre aux Pharisiens la grandeur de ces Noces, Jésus va développer deux métaphores. Tout dabord, celle du vieux vêtement, que lon ne peut rapiécer avec un bout de tissu neuf sous peine de le voir se déchirer davantage. Ensuite, celle du vin nouveau que lon ne peut mettre dans de vieilles outres sous peine de les voir éclater. Quest-ce à dire ? En fait, Jésus utilise ces images pour nous faire comprendre que la nouveauté que lui, lEpoux, est venu apporter ne peut être comparée à un bout de tissu neuf venant se greffer sur une humanité déchirée par le péché, ni à du vin nouveau introduit dans les vieilles outres dune humanité fragilisée par ses égarements loin de son Dieu. Cest bien plus que cela.
En Jésus-Christ, la grâce de Dieu nest pas venue recoller des morceaux cassés. Elle est venue tout changer. Sa puissance est telle quil ne pouvait en être autrement. Voilà le véritable sens du salut : être totalement transformé, renouvelé, recréé à limage et la ressemblance de Dieu. Voilà le fruit des Noces de lAgneau de Dieu avec lhumanité, avec tout homme. Désormais unis au Fils de Dieu, nous sommes devenus enfants du Père céleste et nous communions à la vie divine trinitaire.
Ce renouvellement de notre humanité est tel quil nous devient impossible de trouver un quelconque compromis avec cette radicale nouveauté. Laccueillir cest accepter que disparaisse en nous tout ce qui relève du vieil homme pour faire place à la nouveauté du salut apporté par Jésus Christ.
Il sagit dun véritable combat au cur duquel, pour demeurer forts, nous pouvons puiser à la grâce de notre baptême qui a précisément fait de nous des créatures nouvelles, totalement renouvelées dans la mort et la résurrection de notre Seigneur. Depuis ce jour-là quelque chose de radicalement nouveau sest opéré dans notre être. Un homme nouveau est venu à la vie avec des désirs qui le stimulent en vu de Celui qui est le Bien, la Vérité et la Vie.
« Seigneur, ce don de notre baptême, nous lactualisons à chaque Eucharistie. Aujourdhui encore, tu viens à la rencontre de nos jeûnes qui expriment notre désir de te voir revenir au milieu de nous. Par ton Corps et ton Sang, tu viens rassasier en nous la faim et la soif de ta présence et nous donner la force dattendre ta venue définitive. Béni es-tu ! »