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 - 27 mars 2024 - Saint Habib
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Homélie

Férie

« En ce temps-là » : le caractère très vague de cette référence temporelle veut signifier que la leçon à tirer de cette péricope est « de tous les temps ». L’événement a probablement été rapporté par les apôtres dans le contexte de leur catéchèse pour illustrer la liberté nouvelle à laquelle nous introduit Jésus, en particulier en matière de prescriptions religieuses.
Les pharisiens accusent les disciples de moissonner un jour de sabbat. Pour quelques épis arrachés, l’interprétation est pour le moins excessive ; elle trahit soit de la malveillance, soit une conception légaliste de la Torah.
Par deux exemples, Jésus tente de faire comprendre à ses interlocuteurs, que toute transgression de la lettre ne conduit pas automatiquement au péché. Si David a pu manger les pains de l’offrande réservés aux prêtres sans commettre de faute, c’est donc que la sauvegarde de la vie est une valeur supérieure à la stricte observance formelle des prescriptions légales. Peut-être même dans ce cas précis, David a-t-il été plus fidèle à la Loi en la transgressant qu’il ne l’eût été en l’observant scrupuleusement ? Les préceptes du Seigneur de la vie ne sauraient aller à l’encontre du maintien, de la promotion, de l’épanouissement de ce don primordial.
Profitant de la perplexité de ses interlocuteurs qui ne peuvent contredire le bien-fondé de son argumentation, Jésus leur montre comment leur lecture fondamentaliste les met également en opposition avec une pratique courante dans le temple de Jérusalem. Si personne ne s’offusque de voir les prêtres transgresser le repos du sabbat, n’est-ce pas parce que leur activité ce jour-là rejoint davantage la finalité du sabbat que le repos prescrit ? Dans les deux cas cités, la charité - envers le prochain comme envers Dieu - prime sur l’observance. Il y a donc des situations où une interprétation trop littérale des préceptes trahirait l’intention de Dieu formulée dans sa Parole ; auquel cas, l’obéissance à l’esprit de la Loi exige de transgresser la lettre.
Notre-Seigneur conclut par un argument « a fortiori ». Les deux exemples cités se déroulent l’un dans « la maison de Dieu », l’autre dans « le Temple », c’est-à-dire en présence du Très-Haut, dans sa proximité immédiate, sous son regard. En précisant « il y a ici plus grand que le Temple », Jésus fait allusion au mystère de l’incarnation : sa très sainte humanité est désormais le véritable Temple, le sanctuaire non fait de mains d’hommes qui abrite le Verbe de Dieu. Citant l’auteur juif Jacob Neusner (A Rabbi talks with Jesus), Benoît XVI écrit dans son récent ouvrage Jésus de Nazareth : « Jésus et ses disciples peuvent faire ce qu’ils font le jour du sabbat parce qu’ils ont pris la place des prêtres dans le Temple : le sanctuaire est déplacé. Il est désormais constitué par le cercle du Maître et de ses disciples » (p. 130).
« Si vous aviez compris ce que veut dire cette parole : “c’est la miséricorde que je désire et non les sacrifices”, vous n’auriez pas condamné ceux qui n’ont commis aucune faute ». Qui est le Juste condamné sans avoir commis la moindre faute sinon Jésus lui-même ? S’il a été offert en sacrifice, c’est parce que la connaissance du vrai Dieu, ami de la Vie, « tendre et miséricordieux, lent à la colère, plein d’amour et de fidélité » (Ex 34, 6), s’était perdue suite au péché. Coupés de la source divine de la charité, les hommes se sont servis des préceptes de la Loi pour condamner le Juste. Ils ont oublié que dans les Ecritures, l’« Accusateur » est toujours et exclusivement le démon. Hélas, combien de fois ne faisons-nous pas de même, invoquant les prescriptions divines pour accuser, voire condamner notre prochain, alors que Jésus lui-même déclarait : « Je ne suis pas venu pour juger le monde mais pour le sauver » (Jn 12,47) ?

« Viens Esprit Saint, ouvre les yeux de notre cœur, purifie-nous du levain de l’hypocrisie religieuse ; ne permets pas que nous soyons les ennemis de Jésus-Christ en accusant ses frères au nom de sa Parole ; mais que celle-ci soit pour eux comme pour nous “une lampe sur nos pas, une lumière sur notre route”. »


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