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 - 16 avril 2024 - Saint Benoît-Joseph Labre
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Homélie

Férie

« Jésus alla dans “son” pays » : le possessif témoigne de l’enracinement humain de Notre-Seigneur. Certes, par sa résurrection il est « l’Homme Nouveau » (Ep 4,24), en qui « il n’y a plus ni Juif ni païen, il n’y a plus ni esclave ni homme libre, il n’y a plus l’homme et la femme » (Ga 3,28) ; mais pour nous élever au-dessus de nos particularismes et faire notre unité sans gommer nos diversités, le Verbe a voulu assumer les conditions de notre humanité : il est né au sein d’une race, d’un peuple, d’une famille bien concrète - « sa mère ne s’appelle-t-elle pas Marie, et ses frères (c’est-à-dire ses cousins) : Jacques, Joseph, Simon et Jude ? Et ses sœurs ne sont-elles pas toutes chez nous ? » Il a « planté sa tente parmi nous » (Jn 1,14) en un lieu précis, sur la terre de Galilée, dans le village de Nazareth, et à une date précise, qui servira de référence pour nos calendriers ultérieurs. On ne peut dire plus clairement que la Révélation divine, qui s’accomplit dans l’Incarnation rédemptrice, s’inscrit au cœur même de notre histoire.
Or c’est cela précisément qui, hier comme aujourd’hui, cause scandale : de quoi Dieu se mêle-t-il ? « Que nous veux-tu, Fils de Dieu ? Es-tu venu pour nous faire souffrir avant le moment fixé ? » (Mt 8,29). Je me souviens d’une émission de radio abordant le « problème » des miracles ; l’intervenant chrétien avait bien du mal à faire entendre sa voix au milieu des opposants. Le ton est passé insensiblement de l’ironie au mépris, et du mépris à l’hostilité ouverte, cinglante, à la limite de la colère. Les participants trouvaient choquant d’envisager une intervention de Dieu dans l’histoire, de quelque nature qu’elle soit : ce serait de la part de Dieu une ingérence intolérable et scandaleuse. Comment les chrétiens osent-ils suggérer une telle éventualité ? Heureusement tout le monde sait de nos jours que ce Dieu proposé par la foi n’est qu’une extériorisation - une projection - de ce que l’homme porte de meilleur en soi. Pas de danger qu’il intervienne dans l’histoire puisqu’il n’existe pas. Ce constat permit aux esprits de retrouver leur calme ; mais le débat se déplaça sur un autre terrain : peut-on vraiment tolérer qu’une telle doctrine soit encore diffusée à l’aube du troisième millénaire ? Le bien commun n’exige-t-il pas que soit dénoncée cette utopie aberrante ? Peut-on laisser dans l’ignorance, dans l’illusion, dans l’aliénation, tant d’hommes et de femmes encore enfermés dans une superstition aussi désuète ?… D’une interrogation sur les miracles, le débat s’était subtilement transformé en procès du christianisme.
Rien de nouveau sous le soleil ; saint Maxime connaissait bien le cœur de l’homme lorsqu’il définissait le péché comme la volonté de conduire sa vie « sans Dieu, malgré Dieu, voire contre Dieu ». Au scandale d’une ingérence divine dans l’histoire des hommes, qui aliène leur liberté et menace leur autonomie, s’ajoute celui des conditions de cette intervention inopinée : un Dieu qui se fait homme, et qui après une brève carrière de prédicateur itinérant, termine lamentablement sur une croix ! Non vraiment, le christianisme n’est pas crédible. Il est même urgent d’effacer de la mémoire collective de l’humanité cette proposition religieuse doloriste et culpabilisante qui n’a que trop assombri l’existence des générations précédentes. « Dieu est mort » (Nietzsche), place au règne de l’homme !
« “Un prophète n’est méprisé que dans sa patrie et dans sa propre maison”. Et il ne fit pas beaucoup de miracles à cet endroit-là à cause de leur manque de foi. » Aujourd’hui comme hier, « le langage de la croix est folie pour ceux qui vont vers leur perte, mais pour ceux qui vont vers leur salut, pour nous, il est puissance de Dieu. Car la folie de Dieu est plus sage que l’homme, et la faiblesse de Dieu est plus forte que l’homme » (1 Co 1, 18.25).

« Seigneur Jésus ne permets pas que les vains discours de notre monde nous ébranlent dans notre foi. Ouvre nos yeux, que nous puissions reconnaitre dans le mystère de ton incarnation rédemptrice, la révélation de ton infinie miséricorde pour notre pauvre humanité. Donne-nous l’audace de proclamer ta seigneurie et de confesser ta divinité, malgré les sarcasmes ; et accorde-nous d’“être toujours prêts à nous expliquer, avec douceur et respect, devant tous ceux qui nous demandent de rendre compte de l’espérance qui est en nous” (1 P 3,15-16). »


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