mardi, 28ème semaine du temps Ordinaire.

Jésus se trouve invité par un pharisien à partager son déjeuner. Ce dernier manifeste son étonnement lorsqu’il voit Jésus se mettre directement à table sans procéder au rituel des ablutions auquel tout juif pieux n’aurait pas manquer de se livrer. Jésus s’adresse alors à lui en commençant par ces mots : « Bien sûr, vous les pharisiens, vous purifiez l’extérieur de la coupe et du plat, mais à l’intérieur vous êtes remplis de cupidité et de méchanceté. Insensés ! Celui qui a fait l’extérieur n’a-t-il pas fait aussi l’intérieur ? »

Le reproche de Jésus joue sur l’opposition intérieur / extérieur et fait opérer à son hôte – et à nous aussi - un passage de la pratique rituelle à l’intention qui la motive. Jésus ne lui reproche pas de faire ses ablutions avant le repas. Non, il veut lui faire prendre conscience que cela n’a de sens et de valeur que dans la mesure où cela exprime un désir intérieur de conversion pour paraître toujours plus pur devant Celui qui est la pureté même, au repas qu’il nous invite à partager avec lui.

Les ablutions avant le repas sont une façon de le sacraliser. Elles signifient la volonté de prendre sa nourriture dans l’action de grâce en présence de celui de qui on la reçoit. Le repas devient alors une manière de commémorer l’Alliance de Dieu avec l’homme, toujours scellée autour d’un banquet.
Le rituel de l’ablution avant le repas est donc là pour rappeler que l’homme a sans cesse à préparer l’offrande qu’il est en réponse au don premier de la vie que Dieu lui fait chaque jour, représenté par les aliments qui seront pris au cours du repas. Entrer dans l’Alliance de Dieu c’est répondre au don de la vie qu’il fait par l’offrande de toute sa personne.

Mais la perspective de participer dans la définitivité de la vie éternelle au banquet céleste implique que nous ouvrions dès ici-bas notre table à tous nos frères humains. Dieu n’invite-t-il pas tout homme à sa table, le riche comme le pauvre ? Dieu ne veut-il pas que tout homme soit sauvé ?
De plus, c’est l’alliance qui donne accès au banquet. Mais une alliance suppose toujours que l’on fasse place à l’autre. Autrement dit, nous ne pourrons prétendre à prendre part au repas auquel Dieu nous invite que dans la mesure où notre cœur se sera déjà habitué à s’ouvrir à l’autre. Nous comprenons alors mieux la dernière phrase de Jésus : « Donnez plutôt en aumônes ce que vous avez, et alors tout sera pur pour vous ».

« Seigneur arrache-nous à notre « cupidité « et à notre « méchanceté » que nous savons si souvent cacher derrière une pratique religieuse respectable. Elles ne sont que le reflet d’une intériorité encore vide de ton amour. Seigneur, la seule ablution qui puisse nous purifier réellement est celle d’une foi vivante par la charité. Elle seule est capable de transformer nos vies pour qu’elles puissent devenir une offrande véritable en réponse au don premier de ton Amour. Alors nous serons en communion avec toi, établis avec toi dans une Alliance de vie éternelle. »