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 - 16 avril 2024 - Saint Benoît-Joseph Labre
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Homélie

Férie

« Seigneur, n’y aura-t-il que peu de gens à être sauvés ? » Du temps de Jésus, la question faisait l’objet d’un débat à l’intérieur même du groupe des pharisiens. Notre-Seigneur ne prend pas position mais nous invite plutôt par une parabole, à nous efforcer d’être parmi les élus.
Le Royaume de Dieu est comparé à une salle de banquet un peu originale : apparemment il n’y manque pas de place, seulement la porte d’accès est particulièrement étroite, si bien que la foule se bouscule au portillon. Ce n’est qu’au prix d’un réel effort que les convives accèderont au festin bien mérité.
Les catégories mises en œuvre sont spatiales - dedans/dehors - et temporelles - premiers/derniers, sous-entendu : arrivés sur les lieux. La salle n’est pas indéfiniment accessible : à un moment imprévisible, le Maître de maison se lèvera pour fermer la porte, et il donnera le signal du début des festivités. Il sera dès lors trop tard pour accéder dans l’espace intérieur et participer au banquet.
On pourrait croire que les habitants de la ville sont privilégiés : étant sur place, ils ont accès plus facilement à la salle du banquet que les étrangers qui ont une longue route à parcourir. Or il n’en est rien : ceux qui tambourinent la porte en réclamant qu’elle leur soit ouverte sont apparemment des proches du Maître, puisqu’ils prétendent avoir partagé le repas avec lui et bénéficié de ses enseignements. Par contre à l’intérieur on dénombre des hôtes venant « de l’orient et de l’occident, du nord et du midi » : arrivés en dernier, ils se retrouvent aux premières places, aux côtés des patriarches et des prophètes, qui étaient déjà dans la maison depuis un certain temps. Tout semble indiquer que les proches, en raison même de leur proximité, n’ont pas cru bon de « s’efforcer d’entrer par la porte étroite ». Comptant sur les privilèges liés au statut de concitoyens du Maître, ils ont cru leur préséance assurée et ont laissé passer les étrangers, se réservant d’entrer dignement après la cohue.
Or ce n’est pas cela que le maître leur avait enseigné lorsqu’ils mangeaient en sa présence. Jésus - car c’est bien de lui qu’il s’agit - n’a cessé d’avertir les chefs religieux d’Israël de l’urgence de la conversion, mais ils n’ont pas voulu entendre la portée de ses paroles. La porte étroite par laquelle nous devons nous efforcer de passer est celle qui donne accès à notre intériorité profonde. Le Seigneur nous invite à nous arracher à la dispersion dans l’extériorité pour nous recentrer sur le Maître intérieur qui nous attend dans la salle de banquet de notre cœur. Le passage qui sépare les deux espaces se nomme repentance : seul celui qui est assez humble pour se reconnaître pécheur et qui confesse son besoin de la miséricorde, peut passer par la porte étroite, que ne saurait franchir l’homme suffisant, convaincu d’être juste. Nous retrouvons le thème de la parabole que nous avons méditée ce dimanche : « Le publicain se frappait la poitrine en disant : “ Mon Dieu, prends pitié du pécheur que je suis ! ”. Quand ce dernier rentra chez lui, c’est lui qui était devenu juste, et non pas l’autre » (Lc 18,13-14). C’est en s’abaissant que le publicain a pu passer par le passage exigu, alors que le pharisien qui s’élevait devant Dieu, « convaincu d’être juste et méprisant tous les autres » (Lc 18,9) fut incapable d’accéder à l’intérieur.
Pourtant ce n’est pas faute d’avoir été invité : Dieu a choisi en premier la descendance d’Abraham, d’Isaac et de Jacob ; il a envoyé ses prophètes pour les inviter à se repentir ; et à la plénitude des temps, il a même envoyé son Fils proclamer la fin de l’attente, l’accomplissement de la promesse et l’urgence de la conversion. C’est d’abord aux fils d’Israël que la Parole de Dieu fut adressée, mais hélas « aucun prophète n’est bien accueilli dans son pays » (Lc 4,24). Aussi, « puisqu’ils l’ont rejetée, et qu’eux-mêmes ne se sont pas jugés dignes de la vie éternelle, les apôtres se sont tournés vers les païens, pour que le salut parvienne jusqu’aux extrémités de la terre » (Ac 13,46-47).
C’est à nous aussi bien sûr que s’adresse cet avertissement. Il ne suffit pas d’écouter la Parole, ni même de partager le repas eucharistique en présence du Seigneur. C’est par la conversion de notre vie, qui commence par l’humble aveu de notre péché, que nous devons nous « efforcer d’entrer par la porte étroite ». Puissions-nous prendre au sérieux ces paroles et discerner les temps où nous sommes. Le Maître de la maison s’est levé d’entre les morts et nous invite à le suivre : osons emprunter le passage étroit de sa Passion pour accéder au banquet des noces de l’Agneau, et participer à la gloire de sa Résurrection.


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