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 - 16 avril 2024 - Saint Benoît-Joseph Labre
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Homélie

Férie

Jésus connaît nos cœurs blessés ; il souffre de nous voir rivés aux biens de la terre (symbolisés par l’argent) par peur de manquer. S’il dénonce « l’Argent trompeur », c’est parce qu’il sait combien la course effrénée aux richesses est à la fois aliénante et décevante. L’avidité est insatiable ; et pourtant, si nous pouvions acquérir tout ce que nous convoitons, nous resterions encore sur notre faim, car rien en ce monde ne peut combler le désir profond de notre cœur : « Tu nous a fait pour toi, Seigneur, et notre cœur est sans repos tant qu’il ne repose en toi » (St AUGUSTIN, Confessions, I, 1).
L’argent est un moyen efficace d’échange, inventé par les hommes, pour faciliter la vie économique, c’est-à-dire le partage des biens au sein d’une même société. Mais si ce moyen - qui n’est ni bon ni mauvais en soi, mais simplement utilitaire – devient un absolu, s’il est érigé en idole, il nous aliène de notre véritable finalité.
La convivialité sociale est pour chacun de nous le lieu où nous sommes invités à incarner notre foi dans un style de vie qui exprime la finalité surnaturelle de l’existence humaine. Sur l’horizon de la vie éternelle, la gestion de l’argent sur cette terre n’est qu’une « toute petite affaire », dans laquelle nous avons à nous montrer « digne de la confiance » que Dieu nous fait. Cet argent en effet ne nous est que « confié » ; il n’est pas notre bien à nous – c’est-à-dire ce qui peut nous combler - mais un « bien étranger » auquel nous devons éviter de nous attacher, afin de ne pas être privés du « bien véritable » qui nous est destiné. L’argent, nous enseigne Jésus, est essentiellement un moyen de partage ; il devrait être un instrument au service de la charité fraternelle. En dehors de cet usage, il est toujours « trompeur » et devient aliénant ; car en nous attachant à lui, nous devenons esclaves du moyen qui nous était donné pour l’édification de la famille humaine dans la solidarité. C’est pourquoi « ce qui est prestigieux chez les hommes, est une chose abominable aux yeux de Dieu », car il perçoit, lui, derrière le miroir aux alouettes, le filet caché prêt à s’abattre sur ses enfants.
Ce qu’on attend d’un serviteur, c’est qu’il soit « fidèle », c’est-à-dire cohérent jusqu’au bout avec ses engagements. Par sa foi, le croyant s’est « attaché » au Seigneur Jésus et s’est engagé à marcher dans ses traces. Comme lui il a tout misé sur le Royaume de Dieu son Père ; aussi « détestera-t-il » tout ce qui pourrait le détourner de cette finalité, en particulier l’argent et ce qu’il symbolise à la fois d’attachement à cette terre, et de « mépris » pour les biens du Règne à venir.
Cet enseignement n’est pas facile à entendre ; il provoque sans aucun doute bien des résistances, des « oui, mais… » dans nos cœurs inquiets devant une telle exigence. Pourtant ce n’est qu’en nous engageant résolument dans la dimension du partage, que nous permettrons au Seigneur de nous libérer de notre peur de manquer. Seule la confiance en la Providence (qui est tout autre chose que du providentialisme !) peut nous ouvrir à notre responsabilité face à l’argent et nous faire découvrir qu’il peut être un instrument extraordinaire au service de la charité concrète.
« Dieu subviendra magnifiquement à tous nos besoins selon sa richesse dans le Christ Jésus » (1ère lect.). Prenons appui sur cette Parole ; unissons-nous à la confiance de l’Apôtre, et prenons autorité dans la force de l’Esprit sur toutes nos peurs. Soyons « dignes de confiance avec l’Argent trompeur » en ce monde, afin de nous voir confier dans l’autre « notre bien véritable ».

« “L’homme de bien a pitié, il partage. Son cœur est confiant, il ne craint pas : à pleines mains il donne au pauvre” (Ps 111). Seigneur donne-nous cette liberté intérieure de pouvoir disposer des biens de ce monde conformément aux exigences de ton Evangile de charité. Tu nous reconnaitras alors comme tes enfants, et c’est “en Esprit et vérité” que nous pourrons te prier : “Notre Père, que ton Règne vienne”. »


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