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 - 28 mars 2024 - Saint Gontran
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Homélie

Saint Martin

Après l’exhortation à la foi faite aux apôtres en tant que responsables de la communauté, Jésus leur raconte maintenant une parabole très courte mais non moins riche d’enseignement (v. 7-9), et leur en montre l’application (v. 10).

Dans un premier temps, il les invite à se mettre à la place d’un employeur, chef d’exploitation, salariant un serviteur laboureur et berger. Ce dernier, après avoir labouré et fait paître le troupeau de son maître, doit servir à table avant de manger à son tour. Il y a une sorte d’accumulation dans le temps du délai qui contraste avec la rapidité avec laquelle le serviteur doit répondre à la demande du maître de lui servir son dîner : « Prépare-moi à dîner, mets-toi en tenue pour me servir, le temps que je mange et que je boive. Ensuite tu pourras manger et boire à ton tour ».

Cette accumulation se veut en fait au service de la réception de l’application de la parabole. Car la surprise survient lorsque Jésus invite les apôtres à se reconnaître non plus dans l’employeur mais dans le serviteur. L’argument à fortiori de la parabole en ressort alors avec d’autant plus de force. Si vous, vous trouvez normal de ne pas être plus reconnaissants que cela envers vos serviteurs combien plus en sera-t-il de même pour le Seigneur envers vous.

La première leçon à tirer est que le seul et véritable maître, c’est Dieu le Père. La seconde, qui en découle, est que les serviteurs, ce sont les apôtres. Mais pas n’importe quels serviteurs. La Bible de la liturgie traduit « des serviteurs quelconques ». La Bible de Jérusalem traduit « des serviteurs inutiles ». En fait, derrière le terme grec qui littéralement signifie bien « inutile » se cache une locution araméenne qui signifie « rien de plus ». Autrement dit, il ne s’agit pas d’interpréter les paroles de Jésus comme une dépréciation du travail du serviteur par le maître. Le Père ne déprécie en rien le travail des apôtres. Mais ces-derniers sont simplement invités à demeurer à leur place comme de « simples serviteurs » et « rien de plus ». L’apôtre doit garder présent à l’esprit qu’en tout la grâce le précède, l’accompagne et accomplit la peine qu’il se donne dans la construction de la communauté.

Avant de manger et de boire à la table du Seigneur dans le Royaume, il y a, pour l’apôtre mais aussi pour chacun des disciples, appelé selon sa grâce propre à participer à l’édification du Royaume, un long service à réaliser, un labeur d’envergure à entreprendre. Cela ne se réalise pas sans travailler la terre, et faire paître le troupeau, c’est-à-dire dans un emploi où l’homme dépend des autres, n’étant maître ni de son travail, ni de sa personne. Oui, c’est bien ainsi que nous sommes appelés à nous reconnaître, « serviteurs inutiles », totalement dépassés par la grâce qui est faite, sans aucun droit sur Dieu ni sur les autres. Ni notre labeur comme tel, ni notre observance de la Loi ne peuvent prétendre être « utiles » à Dieu. Nous savons seulement qu’un jour nous aurons à remettre ceux au service desquels nous avons travaillé « à Dieu et à la Parole de sa grâce qui a la puissance de bâtir l’édifice » (Ac 20,32).

« Seigneur, apprends-nous le détachement dans les missions que tu nous confies. Que la joie de te servir, de servir nos frères, de te donner notre confiance et non de rechercher un gain quelconque soit la seule motivation de notre engagement apostolique. Que nous gardions toujours présent à la conscience que ce que tu nous appelles à donner gratuitement nous l’avons d’abord reçu de toi tout aussi gratuitement. »


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